Vies des douze Césars
provenant de leur part de butin. (4) Il releva les temples qui étaient tombés de vétusté ou consumés par des incendies, et les orna, ainsi que les autres, des plus riches présents. Il fit porter, en une seule fois, dans le sanctuaire de Jupiter Capitolin, seize mille livres pesant d’or, et pour cinquante millions de sesterces en perles et en pierres précieuses.
XXXI. Ses institutions religieuses. Il réforme le calendrier et donne son nom à un mois de l’année. Son respect pour la mémoire des grands hommes
(1) Après la mort de Lépide, Auguste s’empara du souverain pontificat qu’il n’avait jamais osé lui enlever de son vivant. Il fit réunir et brûler plus de deux mille volumes de prédictions grecques et latines, répandues dans le public, sans nom d’auteur ou d’une authenticité suspecte ; ne conserva que les livres sibyllins, dont il fit un choix, et les renferma dans deux cassettes dorées au bas de la statue d’Apollon Palatin. (2) Il régla de nouveau le calendrier arrangé par Jules César, où la négligence des pontifes avait introduit une extrême confusion. Dans ce remaniement, il donna son nom au mois « sextilis » plutôt qu’à celui de septembre dans lequel il était né, parce que c’était dans ce mois qu’il avait obtenu son premier consulat, et qu’il avait remporté ses plus grandes victoires. (3) Il augmenta le nombre des prêtres, rehaussa leur dignité, et leur accorda de plus grands avantages, surtout aux vestales. (4) L’une d’elles étant morte, il s’agissait de la remplacer. Beaucoup de pères demandaient à être dispensés de présenter leurs filles au sort. Auguste protesta que, si l’une de ses petites-filles avait atteint l’âge convenable, il ne manquerait pas de l’offrir. (5) Il rétablit quelques anciennes cérémonies tombées peu à peu en désuétude, comme l’augure du salut, les fonctions du flamendial [flamine de Jupiter], les fêtes lupercales, les jeux séculaires et les processions dans les carrefours. (6) Il défendit aux adultes de courir dans les fêtes lupercales, et interdit aux jeunes gens des deux sexes tout spectacle nocturne des jeux séculaires, à moins qu’ils n’y fussent accompagnés d’un parent avancé en âge. Il ordonna que, deux fois l’an, on couvrît des fleurs du printemps et de l’été les lares des carrefours. (7) Il décerna les plus brillants honneurs, après ceux des dieux immortels, à la mémoire des généraux qui avaient porté l’empire romain, si faible d’abord, au plus haut degré de puissance. (8) Il restaura tous les monuments qu’ils avaient élevés, en y laissant les anciennes inscriptions, et rangea leurs statues triomphales sous les deux portiques du Forum qu’il avait construits. Il déclara dans un édit qu’il voulait que, de son vivant, lui et ses successeurs fussent jugés par leurs concitoyens d’après l’exemple de ces grands hommes. (9) Il fit transporter la statue de Pompée, de la salle du sénat où César avait été tué, à la basilique attenante au théâtre de ce même Pompée, et la plaça au-dessus d’une arcade de marbre.
XXXII. Il corrige un grand nombre d’abus
(1) Il corrigea plusieurs abus déplorables qu’entretenaient, pour la perte de l’État, les habitudes et la licence des guerres civiles, et que la paix même n’avait pu détruire. (2) Un grand nombre de brigands portaient publiquement des armes, sous prétexte de pourvoir à leur propre sûreté. Ils enlevaient les voyageurs dans les campagnes, sans distinction d’hommes libres ou d’esclaves, et les enfermaient dans les ateliers des possesseurs de terres. Sous le titre d’association nouvelle, il se formait des troupes de malfaiteurs qui ne reculaient devant aucun crime. (4) Auguste contint les brigands en disposant des postes dans des lieux favorables. Il passa en revue les ateliers d’esclaves, et cassa toute association, excepté celles qui étaient anciennes et légitimes. (5) Il brûla les registres où étaient inscrits les anciens débiteurs du fisc, comme la plus ample matière à chicane. Il adjugea aux particuliers les lieux publics de Rome sur lesquels on était en contestation avec eux. Quant aux accusés dont l’affaire était ancienne, et dont le deuil ne pouvait servir qu’à réjouir leurs ennemis, il effaça leurs noms, imposant à quiconque voudrait les poursuivre la chance d’une peine égale à celle qui menaçait le coupable. (5) Afin qu’à
Weitere Kostenlose Bücher