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Vies des douze Césars

Vies des douze Césars

Titel: Vies des douze Césars Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Suetone
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nature, que chaque jour on habillait comme lui. (5) Les plus riches briguaient avidement ce sacerdoce, et ils enchérissaient à l’envi les uns sur les autres. (7) Les victimes étaient des flamants, des paons, des tétras, des poules d’Afrique, des pintades et des faisans, qu’on sacrifiait chaque jour, selon le rang établi entre les espèces. (8) La nuit, Caligula invitait la lune, lorsqu’elle brillait dans son plein, à venir l’embrasser et à partager sa couche. Le jour, il s’entretenait secrètement avec Jupiter Capitolin, tantôt lui parlant à l’oreille et feignant d’écouter ses réponses, tantôt élevant la voix et se brouillant avec lui ; (9) car on l’entendit un jour le braver en ces termes : « Ou tu m’enlèveras, ou je t’enlèverai » ; enfin selon son expression, il se laissa fléchir ; et, invité par Jupiter à venir loger chez lui, il établit un pont par-dessus le temple d’Auguste, du mont Palatin jusqu’au Capitole. (10) Bientôt, pour être encore plus voisin, il fit jeter les fondements d’un nouveau palais sur la place même du Capitole.
     
XXIII. Ses attentats contre sa famille
    (1) Il ne voulait pas qu’on crût ni qu’on dît qu’il était petit-fils d’Agrippa, à cause de la bassesse de son origine, et il se fâchait lorsque, en prose ou en vers, on le rangeait parmi les aïeux des Césars. (2) Il disait hautement que sa mère était née d’un inceste d’Auguste avec sa fille Julie, et non content de calomnier ainsi la mémoire d’Auguste, il défendit que l’on célébrât par des fêtes solennelles les victoires d’Actium et de Sicile, qu’il nommait des journées déplorables et funestes au peuple romain. (3) Il appelait quelquefois Augusta Livia, sa bisaïeule, un Ulysse en jupon. Dans une lettre au sénat, il osa lui reprocher la bassesse de sa naissance, sous prétexte que son aïeul maternel n’était qu’un décurion de Fondi. Cependant les actes publics font foi qu’Aufidius Lurco avait exercé des magistratures à Rome. (4) Il refusa un entretien particulier à son aïeule Antonia, à moins que Macron, chef de sa garde, ne fût présent. Les dégoûts et les indignités dont il l’accabla furent cause de sa mort, si toutefois il ne l’empoisonna pas, comme quelques-uns le pensent. Il ne lui rendit aucun honneur funèbre, et de sa salle à manger il regarda les flammes de son bûcher. (5) Il envoya un tribun des soldats tuer à l’improviste son frère Tibère, et obligea son beau-père Silanus à se couper la gorge avec un rasoir, alléguant pour prétexte de ces deux meurtres, que son frère, dans l’espoir de s’emparer de Rome, s’il périssait dans une tempête, avait refusé de le suivre sur mer par un temps d’orage, et que Silanus avait respiré un antidote pour se garantir du poison qu’il pouvait lui donner. Cependant Silanus n’avait voulu qu’éviter le mal de mer et l’incommodité de la navigation, et Tibère n’avait recouru aux médicaments que pour combattre une toux opiniâtre dont il était tourmenté. (6) Quant à Claude, son oncle, il ne l’épargna que pour en faire son jouet.
     
XXIV. Son commerce criminel avec ses sœurs
    (1) Il entretint un commerce criminel avec toutes ses sœurs. À table, il les faisait placer tour à tour au-dessous de lui, tandis que sa femme était au-dessus. (2) On croit qu’il abusa de Drusilla, lorsqu’il portait encore la robe prétexte. On prétend même qu’il fut surpris avec elle par son aïeule Antonia chez laquelle on les élevait tous deux. Bientôt il l’enleva à Lucius Cassius Longinus, personnage consulaire, à qui elle était mariée, et la traita publiquement comme son épouse légitime. Dans une maladie, il l’institua héritière de ses biens et de l’empire ; (3) et, lorsqu’elle mourut, il ordonna une suspension générale de toutes les affaires. Pendant ce temps, ce fut un crime capital que d’avoir ri, d’avoir été au bain, ou d’avoir mangé avec ses parents, sa femme ou ses enfants. (4) Ne pouvant résister à sa douleur, il s’échappa la nuit de Rome, traversa la Campanie, se rendit à Syracuse, et en revint brusquement, laissant croître sa barbe et ses cheveux. Dans la suite, il ne jura jamais que par le nom de Drusilla, même dans les affaires les plus importantes, et en parlant au peuple ou aux soldats. (5) Il n’eut pour ses autres sœurs ni un amour aussi vif ni de pareils égards : il les prostitua souvent à ses compagnons

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