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Vies des douze Césars

Vies des douze Césars

Titel: Vies des douze Césars Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Suetone
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du cirque.
     
XIX. Il jette un pont sur le Golfe de Baïes
    (1) Le genre de spectacle qu’il imagina quelque temps après est incroyable et inouï. Il jeta un pont de Baïes aux digues de Pouzzoles, sur une longueur de trois mille six cents pas. À cet effet, il réunit de toutes parts des bâtiments de transport, les mit à l’ancre sur une double rangée, les couvrit de terre, et leur donna la forme de la voie Appienne. (2) Pendant deux jours, il ne fit qu’aller et venir sur ce pont. Le premier jour, il montait un cheval magnifiquement harnaché, et portait une couronne de chêne sur la tête, armé d’une hache, d’un bouclier, d’une épée, et couvert d’une chlamyde dorée. Le second jour, il conduisit en habit de cocher un char attelé de deux chevaux célèbres. Il était précédé du jeune Darius, l’un des otages des Parthes, et suivi de ses gardes prétoriennes et de ses amis montés sur des chariots. (3) Je sais que la plupart ont cru que Caligula n’avait imaginé ce pont que pour imiter Xerxès qu’on avait admiré, lorsqu’il traversa de la même manière le détroit de l’Hellespont, moins large que celui de Baïes. D’autres ont pensé qu’il voulait effrayer par une entreprise gigantesque la Germanie et la Bretagne qu’il menaçait de la guerre. (4) Mais, dans mon enfance, j’ai ouï dire à mon aïeul que la cause de cette construction, s’il en faut croire les serviteurs les plus intimes du palais, était une prédiction du devin Thrasylle, qui, voyant Tibère inquiet sur son successeur, et montrant plus de penchant pour son petit-fils selon la nature, lui avait assuré que Caius ne serait pas plus empereur qu’il ne traverserait à cheval le détroit de Baïes.
     
XX. Ses spectacles dans les provinces, où il fonde aussi des concours
     Il donna aussi des spectacles hors de l’Italie. Les jeux urbains, en Sicile, à Syracuse, et des jeux variés à Lyon, dans les Gaules. En outre, il établit des luttes d’éloquence grecque et d’éloquence latine où les vaincus, dit-on, étaient obligés de couronner eux-mêmes les vainqueurs et de chanter leurs louanges. Ceux dont les compositions étaient trop mauvaises devaient les effacer avec une éponge ou avec leur langue, sous peine de recevoir des férules ou d’être jetés dans la rivière voisine.
     
XXI. Ses constructions. Ses projets
    (1) Il acheva les ouvrages que Tibère avait laissés imparfaits, le temple d’Auguste et le théâtre de Pompée. (2) Il commença un aqueduc près de Tibur et un amphithéâtre attenant au Champ de Mars. Son successeur, Claude, finit le premier de ces édifices, et abandonna l’autre. (3) Il rétablit les murs de Syracuse et les temples des dieux, tombés en ruine. (4) Il voulait aussi reconstruire le palais de Polycrate à Samos, achever à Milet le temple d’Apollon Didyméen, et bâtir une ville au sommet des Alpes ; mais, avant tout, percer l’isthme de Corinthe, et déjà il avait envoyé un centurion primipilaire pour prendre les dimensions nécessaires.
     
XXII. Son orgueil. Il se fait dieu
    (1) J’ai parlé jusqu’ici d’un prince ; je vais parler d’un monstre. (2) Chargé d’une foule de surnoms, tels que le pieux, l’enfant des armées, le père des soldats, le très bon, le très grand, après un souper qu’il avait donné à des rois venus à Rome pour lui rendre leurs devoirs, il les entendit se disputer entre eux sur la noblesse de leur origine, et s’écria : « N’ayons qu’un roi, qu’un chef auquel tout soit soumis ». Et il s’en fallut de peu qu’il ne prît aussitôt le diadème et ne convertit l’appareil du souverain pouvoir en insignes de la royauté. (3) Mais, comme on l’avertit qu’il avait surpassé la grandeur des princes et des rois, il commença à s’attribuer la majesté divine. Il fit venir de Grèce les statues des dieux les plus célèbres par leur perfection ou par le respect des peuples, entre autres celle de Jupiter Olympien. Il leur ôta la tête et mit à la place celle de ses statues. Il prolongea jusqu’au Forum une aile de son palais, et transforma en vestibule le temple de Castor et Pollux. Souvent il venait se placer entre ces deux frères et s’offrait aux adorations de ceux qui entraient. Quelques-uns le saluèrent du nom de Jupiter Latial. (4) Il institua pour sa divinité un temple spécial, des prêtres et les victimes les plus recherchées. (5) Il y avait dans ce temple une statue d’or faite d’après

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