Vies des douze Césars
très intéressé lui-même à ce que l’histoire fût fidèlement écrite. (3) Il publia la situation de l’empire, suivant la coutume d’Auguste, interrompue par Tibère. (4) Il concéda aux magistrats une juridiction indépendante et sans appel à son autorité. (5) Il fit la revue des chevaliers romains avec un soin sévère, et cependant tempéré par la modération. Il enleva publiquement leur cheval à ceux qui étaient entachés de bassesse ou d’ignominie, et se contenta d’omettre à l’appel les noms de ceux qui avaient commis de moindres fautes. (6) Afin de soulager les juges dans leurs fonctions, il ajouta une cinquième décurie aux quatre premières. (7) Il essaya aussi de rétablir l’usage des comices et de rendre au peuple le droit de suffrage. (8) Il paya sans fraude et sans chicane tous les legs portés sur le testament de Tibère, quoiqu’il eût été annulé, et ceux du testament de Julia Augusta, quoique Tibère l’eût supprimé. (9) Il remit à toute l’Italie le deux centième des ventes à l’encan. Il indemnisa un grand nombre d’incendiés. En rétablissant les rois, il leur restitua les revenus et les impôts qui avaient été perçus en leur absence. C’est ainsi qu’il rendit à Antiochos, roi de Commagène, une confiscation de dix millions de sesterces. (10) Jaloux d’encourager la vertu, il donna quatre-vingt mille sesterces à une affranchie, qui, malgré les plus affreuses tortures, avait gardé le silence sur le crime de son maître. (11) C’est pour de tels actes qu’on décerna à Caius, outre beaucoup d’autres honneurs, un bouclier d’or que, tous les ans, à un jour déterminé, les collèges des pontifes devaient porter au Capitole, suivis du sénat et de la jeune noblesse des deux sexes qui chantait des hymnes à sa louange. On statua que le jour de son avènement à l’empire serait appelé « Parilia », comme si c’eût été une nouvelle fondation de Rome.
XVII. Ses consulats. Ses largesses au peuple
(1) Il fut quatre fois consul : la première, depuis les calendes de juillet, pendant deux mois ; la seconde, depuis les calendes de janvier, pendant trente jours ; la troisième, jusqu’aux ides de janvier ; et la quatrième, jusqu’au sept de ce mois seulement. (2) Ses deux derniers consulats furent consécutifs. (3) Il prit possession du troisième à Lyon, sans collègue, non par orgueil ou par indifférence, comme quelques-uns le croient, mais parce qu’étant absent, il ne put savoir que son futur collègue était mort vers le jour des calendes. (4) Il donna deux fois au peuple trois cents sesterces par tête, et servit deux repas somptueux au sénat et aux chevaliers, et même à leurs femmes et à leurs enfants. Dans le second de ces repas, il distribua des costumes de ville aux hommes, et des bandelettes de pourpre aux enfants et aux femmes ; (5) puis, afin d’augmenter à perpétuité les réjouissances publiques, il ajouta un jour aux Saturnales, qu’il appela « jour de la jeunesse ».
XVIII. Ses spectacles
(1) Il donna des combats de gladiateurs, tantôt dans l’amphithéâtre de Taurus, tantôt dans le champ de Mars. Il y mêla des troupes de lutteurs africains et campaniens, choisis parmi les plus habiles au pugilat. (2) Quand il ne présidait pas lui-même au spectacle, il chargeait de ce soin des magistrats ou ses amis. (3) Il donna souvent aussi des jeux scéniques de diverses espèces en beaucoup d’endroits, quelquefois même la nuit, et alors il faisait illuminer toute la ville. (4) Il distribua au peuple toutes sortes de présents, et des corbeilles renfermant des rations de pain et de viande. S’étant aperçu qu’un chevalier romain, qui était vis-à-vis de lui, mangeait sa part avec beaucoup de gaieté et d’avidité, il lui envoya la sienne. Un sénateur, pour la même raison, reçut de lui un billet qui le nommait préteur extraordinaire. (5) Il donna beaucoup de spectacles au cirque qui duraient depuis le matin jusqu’au soir. Ils avaient pour intermède, tantôt une chasse d’Afrique, tantôt une parade troyenne. Dans quelques-uns de ces jeux, plus remarquables que les autres, l’arène était parsemée de vermillon et de poudre d’or ; alors les sénateurs avaient seuls le droit de conduire les chars. (6) Un jour il donna des jeux à l’improviste, sur la demande que lui firent quelques personnes du haut des maisons voisines, pendant que, de sa maison de Gelos, il examinait l’appareil
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