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Voyage en Germanie

Voyage en Germanie

Titel: Voyage en Germanie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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de l’Empire romain, exempté de taxes en contrepartie des hommes qu’il fournissait à l’armée – bien que nous sachions tous que les légionnaires de réserve bataves ne serviraient plus jamais en Germanie. Ils nous laissèrent circuler parmi eux sans nous insulter. Et quand nous partîmes, ils s’abstinrent de manifester ouvertement leur soulagement.
    Les calendes de novembre me trouvèrent dégoûté de recherches, dégoûté de franchir des rivières sur des pontons branlants, dégoûté des vieilles voies à demi inondées aux caillebotis surnageant. Je décrétai que nous quittions les lieux pour aller nous mettre les pieds au sec sur une terre plus ferme. Nous nous mîmes donc en route à travers le territoire des Frisons.

Cinquième partie
    Marécages et forêts
     
     
    Germania libera, novembre, 71 ap. J.-C.
     
     
    « Le commandant de légion Munius Lupercus fut expédié entre autres cadeaux à Veleda, une femme célibataire qui jouissait d’une grande influence sur la tribu des Bructères. »
     
    Tacite, Histoires

43
    Il était difficile de croire que Rome avait un jour étendu sa domination quasiment jusqu’au fleuve Elbe. Drusus, son frère Tiberius et son fils Germanicus avaient laborieusement poussé leurs pas des années durant, tâchant d’encercler une énorme portion de la Germanie libre. Ils avaient eu recours à une stratégie de prise en étau, envahissant à partir de Moguntiacum au sud, et au travers des plaines du delta au nord. Varus et ses inepties avaient mis fin à cela. Il restait encore quelques traces de l’époque où Rome s’était figuré qu’elle contrôlait ces terres sauvages et gorgées d’eau. Au lieu de regagner Batavodurum, nous prîmes le canal Drusus à l’embouchure du Rhenus en direction du lac Flevo, en partie parce que ce vieux canal était une merveille que nous n’aurions peut-être pas l’occasion de revoir.
    Nous débarquâmes à nouveau. Au sud du lac, on ne voyait guère de vestiges de l’occupation romaine qui avait pris fin soixante ans auparavant. Lentullus, qui ne faisait jamais preuve de la moindre patience, demanda quand nous arriverions à la ville la plus proche. Je lui expliquai, un peu rudement peut-être, qu’il n’y avait pas de villes. Il se mit à pleuvoir. Un cheval trébucha et s’abîma le jarret. Nous dûmes le débarrasser de son chargement et l’abandonner, toujours en vue du lac.
    — Alors, que savons-nous des Frisons, Marcus Didius, railla Justinus tandis que nous installions furtivement notre premier campement.
    — Il n’y a qu’à se dire que ce sont des gens placides qui s’adonnent à l’élevage et à la culture des céréales, et raffolent de la mer… en espérant que leur bétail est moins dangereux qu’ils ne le sont, eux. Les Frisons furent conquis… Non, je vais reformuler ça avec plus de délicatesse : connurent la paix selon les conditions romaines qu’imposa l’estimé Domitius Corbulo. C’est de l’histoire toute récente.
    Corbulo était un authentique général aimé des soldats, un homme à côté de qui Petilius Cerialis avait l’air d’un rebut de la brigade des pompiers de Rome.
    — De quel côté se situaient-ils pendant la révolte ?
    — Oh ! c’étaient d’ardents partisans de Civilis, naturellement !
    Nous n’avions pas encore atteint la forêt et nous trouvions encore dans les plates régions côtières. À nos yeux, le paysage se composait d’une étendue basse, morne, lugubre, aussi dépourvue de caractéristiques que de chaleur. Mais pour qui était né dans quelque grange de la région, les territoires bataves et frisons suscitaient sans doute la convoitise, avec leur incessante lutte contre les crues des fleuves, des lacs et des mers, et leurs larges horizons de cieux gris infinis.
    Les alentours semblaient en grande partie déserts. On n’y voyait guère de ces villages qui pullulaient en Gaule. La Bretagne elle-même était un endroit populeux et chaleureux, en dehors de ses régions les plus sauvages. La Germanie, en revanche, tenait à sa différence. Nous n’apercevions que de rares maisons isolées, ou au mieux quelques groupes de huttes et granges.
    Ici, les gens étaient à la hauteur de leur réputation et menaient une existence solitaire. Pour peu qu’un homme d’une tribu donnée distingue la fumée du logis de son voisin, il devenait anxieux. Il avait envie d’aller voir sur place à cheval, non pas pour partager un repas et une partie de

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