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Voyage en Germanie

Voyage en Germanie

Titel: Voyage en Germanie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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qu’on emmène camper dans un pays rude pour leur tremper le caractère. Nous avions eu droit à la gamme complète des gémissements, vols de possessions personnelles, ratages du repas du soir, pertes de l’équipement, pipis au lit et coquards. Quel que soit le bénéfice qu’ils tiraient de cette rude existence collective, nous trois, qui commandions, étions épuisés, ravagés, mais soudés en une équipe défensive forte.
    Un soir, après une journée particulièrement désagréable et une bagarre au cours de laquelle nous avions trouvé nos gars le glaive à la main, Helvetius fonça dans le tas avec une telle fureur qu’il cassa son bâton. Camillus Justinus fit ensuite aligner nos recrues pour leur administrer une bonne dose de sermon rhétorique.
    — Écoutez bien, tas de salopards !
    — Bon début ! marmonna Helvetius d’un ton caustique.
    — Je suis fatigué. Je suis crasseux. J’en ai marre des biscuits de campagne et marre de pisser au pied des chênes sous la pluie ! (Ce ton inusité laissa l’auditoire coi.) Je déteste autant que vous ce pays. Et quand vous vous comportez de cette façon, je vous déteste aussi. J’aimerais pouvoir dire que le premier qui nous fera à nouveau des ennuis sera renvoyé directement chez lui. Malheureusement pour nous tous, nous ne disposons d’aucun chariot bien confortable qui retourne au quartier général, sans quoi je serais le premier à grimper dedans. Regardez les choses bien en face : il va falloir tirer notre épingle du jeu sans quoi aucun de nous ne rentrera chez lui. (Il leur laissa le temps de s’enfoncer cette idée dans le crâne.) Décidez-vous. Il va falloir qu’on se serre tous les coudes…
    — Même Lentullus ? s’écria Probus.
    Le tribun grimaça un sourire crispé.
    — Sauf Lentullus. Le reste du groupe va devoir se serrer les coudes… et on veillera tous sur lui.
    Ils s’esclaffèrent. Nous allions maintenant passer une soirée tranquille, et au matin, tout le monde serait impeccable.
    — Il fera son chemin, affirma Helvetius.
    — Une patience inépuisable à leur égard, commentai-je.
    — J’ai déjà vu ça : ils commencent par prendre leur chef pour un snob fini, et au bout du compte, ils se font hacher pour lui.
    — Camillus ne les en remercierait pas, ripostai-je. S’il devait porter un seul homme disparu en rentrant, ça serait le martyre pour lui.
    — Même Lentullus ?
    Je lâchai un gémissement :
    — Surtout cet abruti de Lentullus ! Cela dit, notre tribun n’est pas mal du tout, n’est-ce pas ?
    — C’est sans doute lui qui nous évitera les ennuis.
    — Merci bien ! Et moi alors ?
    — Par Mithras, ne me fais pas rire, Falco ! Toi, tu serais plutôt du genre à nous les attirer !
    Le lendemain matin, tout le monde fut impeccable pendant une demi-heure. Puis, avec son amabilité coutumière, Lentullus lança d’une voix flûtée : — Dis, Falco, il est passé où, Dubnus ?

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    Je pris une bonne inspiration.
    — De quoi parles-tu, Lentullus ?
    — Il est pas là. Et son cheval a disparu.
    Justinus se leva d’un bond, en alerte.
    — Quelqu’un saurait quand il est parti ?
    Personne ne le savait. Je bondis sur mes pieds à mon tour.
    — Première tente, suivez-moi ! Helvetius, garde la deuxième tente, remballe le matériel, et rejoins-nous…
    Helvetius fonçait sur mes talons pendant que je courais chercher un cheval.
    — Quelle est l’urgence ? Je connais la région. Je peux expliquer où on se trouve en gros…
    — Réfléchis donc ! Comment va-t-on parlementer avec Veleda ? Notre interprète, c’est Dubnus !
    — On s’en sortira.
    — Il n’y a pas que ça, bafouillai-je, grimpant en selle en catastrophe. Jusque-là, on ne s’est pas fait remarquer. Aucune bande belliqueuse ne nous a repérés. Mais Dubnus avait l’air pensif. Il mijotait quelque chose, j’en suis sûr. Je ne tiens pas à ce qu’il vienne nous lâcher aux trousses je ne sais quel détachement de guerriers !
    — Il a peut-être simplement envie de reprendre son commerce, Falco.
    — Je lui ai dit qu’il pouvait…
    Mais à présent, je craignais que le colporteur espère faire sa pelote en pratiquant un nouveau commerce : la vente d’otages.
    — On ne peut pas prendre le risque de découvrir que l’objet de son commerce, c’est peut-être nous !
    Nous suivîmes sa piste vers le nord sur une longue distance. Pour nous, c’était la mauvaise direction : peut-être exploitait-il cette certitude dans l’espoir que

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