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Voyage en Germanie

Voyage en Germanie

Titel: Voyage en Germanie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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que mon regret était sincère.) J’aurais donné beaucoup pour entendre ce récit de la bouche même du chef rebelle. On m’attend à Moguntiacum pour le défilé d’anniversaire de l’empereur. Je n’ai pas le temps de t’entendre déblatérer à propos des vingt années que tu as passées dans les camps romains, pour ensuite te voir récompensé par les soupçons impériaux assortis d’une menace d’exécution… Pas de tergiversations, Civilis. Tu as touché la solde. Tu as apprécié cette existence. Tu as joui de l’exemption d’impôts et bénéficié des avantages d’un salaire régulier, comme d’une carrière bien tracée. Si les choses s’étaient passées autrement, tu aurais empoché ton diplôme de vétéran et pris ta retraite en tant que citoyen romain. Jusqu’au moment où Vespasien est devenu empereur, tu aurais pu tirer parti de son amitié et exercer un vaste pouvoir dans ta région. Tu as rejeté tout cela au nom d’un rêve qui s’est révélé creux. Et maintenant, te voilà sans nation, et sans espoir non plus.
    — Ça, c’est de l’eau de boudin tout craché ! Tu as terminé ?
    Son œil unique m’observait avec plus de discernement que je ne souhaitais en lire.
    — Non, mais toi oui. Les événements t’ont dépassé, Civilis. L’homme à qui je m’adresse est épuisé. Tu as une grande famille sur les bras ; moi de même. À présent que ton offensive contre le destin est en ruine, je me doute bien que tu dois te faire harceler. Tu souffres d’une oreille, mais aussi du dos, et du cœur. Tu en as ras le bol des problèmes, et marre du combat…
    — Je recommencerais…
    — Oh ! je n’en doute pas. À ta place, j’en penserais autant. Tu as entrevu une occasion, dont tu as tiré le meilleur parti. Mais la chance a tourné. Même Veleda accepte ça.
    — Veleda ?
    Il eut l’air soupçonneux. Je répondis suavement :
    — Les envoyés impériaux se sont entretenus il y a peu avec la dame, dans sa tour de guet. Soit dit en passant, je considère pour ma part que nous devrions lui décompter un loyer pour ça… Elle est d’accord pour la paix, Civilis.
    Nous savions l’un comme l’autre que le mouvement d’indépendance batave n’était rien sans le soutien de la Germanie libre et de la Gaule. Cette dernière était depuis longtemps une cause perdue à l’égard des rébellions : les habitants aimaient trop leur confort, et de loin. Et voilà que la Germanie jetait l’éponge à son tour.
    — Au temps pour la liberté ! murmura l’homme aux cheveux rouges.
    — La liberté de faire n’importe quoi, tu veux dire ? Excuse-moi, je parle comme tous les pères qui tâchent un jour ou l’autre de dissuader leur gamin de traîner en ville tard le soir et en mauvaise compagnie.
    — On n’y peut rien, rétorqua-t-il sèchement. Rome est une société paternaliste.
    Cela me faisait un drôle d’effet d’entendre ce latin raffiné, légèrement teinté de sarcasme, dans la bouche d’un homme qui semblait avoir passé un mois tapi dans un buisson de genêts au beau milieu d’une lande déserte.
    — Pas toujours, objectai-je. Mon père s’est enfui de la maison en laissant les femmes se débrouiller.
    — Tu aurais dû naître Celte.
    — Dans ce cas, je me battrais à tes côtés.
    — Merci, enchaîna-t-il. Merci, Falco. Alors c’est à nouveau la liberté conditionnelle ?
    Il faisait allusion aux précédents pardons d’autres empereurs. J’espérais qu’il se rendait compte que celui-ci allait durer.
    — Qu’est-ce qu’on attend de moi ?
    — Que ta famille et toi habitiez à Augusta Treverorum, à une adresse fixe. On organisera votre protection dans un premier temps, mais je pense que vous ne tarderez pas à vous intégrer à la collectivité. (Je lui adressai un grand sourire.) Je n’ai pas l’impression que Vespasien compte te reproposer un commandement de légion ! (Civilis était trop âgé pour s’en soucier.) Mis à part ça, voilà quelqu’un à qui j’ai demandé de bien vouloir nous rejoindre expressément…
    Une silhouette connue approchait, bizarrement déplacée au milieu des taudis délabrés où Civilis s’était retranché. Coupe de cheveux criante d’élégance, impardonnables chaussures rose saumon. Nullement gêné de sa propre tenue spectaculaire, le nouvel arrivant toisa Civilis avec une évidente pitié.
    — Falco ! L’abondante tignasse criarde de ton ami lui gâche complètement la base !
    Je soupirai.
    — Le

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