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Voyage en Germanie

Voyage en Germanie

Titel: Voyage en Germanie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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prémédité. Tes trois hommes ont lanterné devant chez moi pendant une demi-heure… mon témoin les a remarqués. Et ça dépassait largement la plaisanterie, Aulus ! La soirée aurait pu très mal se terminer…
    — Elle s’est très mal terminée, il me semble !
    — L’autre éventualité, c’était que mon invité soit transpercé d’un coup de glaive.
    Face à cette affirmation, l’homme de la Quatorzième se ressaisit.
    — Si tu dis vrai, on trouvera les coupables, et ils seront châtiés. Mais je proteste contre le secret qui a entouré toute cette histoire. Je n’apprécie pas cette manière de me faire venir ici seul. J’ai besoin de mes propres observateurs sur place, j’ai besoin d’un de mes centurions pour prendre des notes sur le lieu du crime…
    Voyant qu’il entonnait une litanie de doléances, je coupai : — Il n’est pas question d’étouffer l’histoire. Mais personne ne tient à voir se renouveler les émeutes que ta légion a provoquées à Augusta Taurinorum !
    Macrinus fit mine de ne pas m’entendre.
    — Qui a tué cet homme ?
    — Le barbier.
    Cette réponse le déconcerta. Visiblement, il se rappelait que Xanthus avait été présenté comme le tueur à la solde de l’empereur. Tous les regards se braquèrent sur mon compagnon de voyage. Comme tueur, il faisait plutôt pâlichon.
    — Certains d’entre nous vont se sentir mal à l’aise la prochaine fois qu’ils devront se faire raser, lançai-je.
    Une belle giclée du sang du mort avait taché la tunique en lin blanc empesé du barbier. Comme toujours, il était vêtu avec une telle élégance que, loin de la cour impériale, sa flamboyante compagnie devenait gênante. Ces taches étaient d’autant plus incongrues : on aurait dit qu’il s’était montré maladroit au cours d’un rasage ordinaire.
    — Dans ma profession, enchaîna ce dernier à mi-voix, on devient très facilement une cible pour les insultes. J’ai dû apprendre à me défendre par mes propres moyens.
    — Ce n’est pas une raison pour assassiner un soldat ! aboya Macrinus.
    Cet homme n’avait aucun doigté.
    — Le soldat en question, suggérai-je pragmatiquement, n’avait aucune raison d’essayer de m’assassiner, moi !
    Sur cette réplique percutante, le tribun consentit à se taire. Il était visible que Justinus avait l’intention de se charger de toutes les investigations nécessaires, lesquelles lui incombaient puisque le crime s’était produit dans la juridiction de la Première. Macrinus se rabattit de mauvaise grâce sur un dernier trait : — Tu as parlé d’un témoin. J’espère que c’est quelqu’un de confiance !
    — Entièrement, assura Justinus avec une légère crispation de la mâchoire.
    — Je crois que je vais devoir exiger son identité.
    Macrinus avait flairé une entourloupe, mais il était trop rustre pour laisser passer.
    — Il s’agit de ma sœur, annonça placidement Justinus.
    Je tressaillis. Il ne s’était pas trompé lorsqu’il m’avait lancé une pique, quelques minutes plus tôt. Les choses étaient infiniment pires que je le craignais : Helena Justina était là.
    Nous levâmes les yeux vers la fenêtre de l’étage, au-dessus de nos têtes. Elle était là, figée, comme elle devait l’avoir été pendant une bonne partie de ma mésaventure. Son visage était dans l’obscurité. Sa silhouette caractéristique, les contours de ses cheveux lissés en haut chignon, jusqu’à la ligne élégante de ses pendants d’oreilles, tout concourait à dessiner une ombre parfaite qui s’étirait en longueur jusqu’au cadavre, couvrant la hideuse plaie d’un voile pudique.
    Le tribun Macrinus se redressa, passa la main en arrière dans ses boucles serrées, et salua avec l’emphase qui convenait à un tribun soucieux de se montrer sous son meilleur jour au moment d’accueillir l’unique fille de sénateur non mariée qui se trouve de ce côté des Alpes.
    Les chaussures que je portais ne se prêtaient pas au claquement de talons. Je m’en tins donc à un signe de la main, adressai un grand sourire à son frère, et m’engouffrai à grands pas dans la maison.

29
    — Encore en train de te battre, Falco ?
    Baume suave que me dispensait là Helena.
    Elle était vêtue de laine à manches longues, avec des boucles d’oreilles de jais très foncé. Ses cheveux sombres et soyeux étaient relevés à l’aide de peignes de part et d’autre du visage, avec peut-être plus de soin que

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