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Voyage en Germanie

Voyage en Germanie

Titel: Voyage en Germanie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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d’ordinaire, et je sentis son parfum à deux pas. Pourtant, à cause de son voyage, ou peut-être après m’avoir vu me faire agresser, elle semblait épuisée et tendue.
    Je n’étais pas d’humeur à plaisanter :
    — J’imagine que ça t’a amusée de me regarder souffrir ?
    — J’ai envoyé des gens à ton secours.
    — Tu m’as envoyé un barbier !
    — Il a l’air compétent.
    — Tu n’étais pas censée le savoir… je crois qu’il ne le savait pas lui-même.
    — Ne fais pas la fine bouche. C’est le premier que j’ai trouvé… Tu nous as fait attendre pour le dîner ! grogna-t-elle, comme si cette récrimination mettait un terme au débat.
    Rejetant la tête en arrière, je lançai à l’intention des dieux : — Bon, eh bien ! tout a l’air revenu à la normale.
    Nous nous asticotions toujours ainsi au terme d’une séparation. Surtout quand nos retrouvailles se déroulaient en présence d’autres personnes. Pour moi, cela reculait le moment où je devrais avouer qu’elle m’avait manqué. Pour Helena, qui sait ? En tout cas, maintenant qu’elle m’avait adressé la parole, une lueur dansait dans ses yeux que je n’étais pas mécontent d’y voir.
    Ayant ramené Xanthus à l’intérieur, le frère d’Helena nous guidait tous à présent vers une salle de réception. Il s’était abstenu de proposer à son collègue tribun de se joindre à nous pour être présenté à la noble visiteuse, aussi le spectacle de Macrinus en train de poser pour la galerie nous fut-il épargné. Xanthus resta parmi nous pour se faire applaudir et dorloter après son épreuve.
    Nous nous retrouvâmes dans la salle à manger. Un repas attendait, tout servi, depuis un certain temps visiblement. À ce moment-là, je me sentis prêt à me plier aux convenances. Je me serais volontiers avancé vers Helena pour l’embrasser sur la joue, mais elle se laissa résolument tomber sur la couche de convive de son frère. À moins d’offenser Justinus en m’ingérant dans son périmètre dînatoire d’hôte, Helena resterait hors de ma portée. Cela m’ennuya. Ne pas la saluer donnait l’impression que son arrivée ne me faisait ni chaud ni froid.
    Je m’excusai quelques instants pour aller me débarbouiller – du sang, mais surtout de la terre. Quand je regagnai la salle à manger, j’avais raté les hors-d’œuvre – mon mets préféré –, et Helena était en train de régaler l’assemblée d’anecdotes outrancières à propos de son voyage. Je mangeai en silence, tâchant de ne pas écouter. Quand elle en arriva à la partie où la roue de son char lâchait et que le chef des bandits de montagne l’enlevait pour demander une rançon, je bâillai et me retirai dans ma chambre.
    Environ une heure plus tard, je ressortis. La maison était silencieuse. J’en sondai les entrailles jusqu’à ce que je trouve Xanthus, allongé sur son lit, en train d’écrire son journal intime. À force de voyager avec lui, je savais qu’il rédigeait un feuilleton-fleuve éminemment barbant à propos de son voyage.
    — Au moins le jour où j’ai tué le soldat devrait passionner tes petits-enfants ! Et voilà un nouvel épisode haletant : ce soir est celui où tu vas me raser pour de bon.
    — Tu sors ?
    — Non. Je reste ici.
    Xanthus roula à bas de sa couche et entreprit de déballer son matériel, moyennement impressionné par l’aubaine que je lui proposais. Le vin du dîner l’avait si bien calmé qu’il en était quasi gaga.
    — Frôler la mort, ça t’a donné envie d’offrir tes poils aux dieux dans une pyxide, Falco ? Je ne suis pas sûr qu’il en existe d’une taille suffisante !
    Je le laissai m’installer et m’envelopper d’une belle pièce de toile fine, mais je m’abstins de relever l’ironie.
    — Monsieur a-t-il une préférence ? Onguent dépilatoire ? Je me sers d’une belle pâte à la vigne blanche. Je ne recommande jamais à mes clients les choses bizarres du genre sang de chauve-souris…
    Il s’amusait plus que je croyais pouvoir le supporter.
    — Un rasoir fera l’affaire.
    Par superstition, je me pris à espérer qu’il ne se servirait pas de la même lame que celle dont il avait usé peu auparavant.
    — Tu es sûr ? Je peux te préparer de la poudre de pierre ponce ou faire ça à la pince à épiler, ça ne pose pas plus de difficultés. Ma parole, tu t’es négligé ces derniers temps. Il vaudrait sans doute mieux tâcher de brûler ça au bitume !
    Je pense que

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