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Voyage en Germanie

Voyage en Germanie

Titel: Voyage en Germanie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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contre moi. Desserrer mon étreinte serait fatal, la maintenir si risqué que je faillis opter pour un aller simple au-delà des eaux du Styx.
    D’une saccade, il se libéra. Je dus sentir ce qu’il avait en tête, car je saisis l’occasion de reculer tant bien que mal. Il y avait une façade de maison toute proche dans mon dos, qui m’offrirait un semblant de protection. Mon instinct me souffla de m’y adosser, bien que je risque gros s’ils venaient à me fondre dessus tous les trois en même temps. Je réussis à crier… mais pas assez fort. Ensuite j’eus trop à faire. Il y avait des individus en quantité alentour, mais l’incident était soigneusement chorégraphié pour avoir l’air de rien. Qui s’attend à voir un passage à tabac se dérouler devant les quartiers d’un officier ? D’ailleurs, qui s’attend à subir un passage à tabac ?
    Moi. Telle était la réponse. N’importe où, et où que ce soit, j’étais prêt à affronter le pire. Grâce aux dieux, les malfrats en question s’étaient figuré que je rentrais chez moi sur un petit nuage en sifflotant. Ils avaient prévu de me prendre complètement au dépourvu, et se retrouvèrent Gros-Jean.
    Vite fait, je tâchai de me repérer. L’obscurité n’était pas complète : une large bande de lumière filtrait d’une fenêtre aux volets encore ouverts, au premier étage de la maison du tribun. Au tout début de l’échauffourée, une ombre s’était glissée devant cette lueur, comme si quelqu’un se déplaçait dans la pièce. Je levai les yeux, espérant attirer l’attention d’un témoin, mais il n’y avait pas signe de vie.
    Je tenais mon propre poignard fermement en main. Ç’avait été une erreur de me laisser m’en emparer. J’avais beau haleter à la suite du premier assaut, j’étais debout sur mes jambes, et bien mobile. Les perspectives n’en étaient pas moins sombres. À chaque feinte de dague, je tâchais de me rapprocher du perron du tribun. Je n’avais pas grande chance de l’atteindre. Chaque fois que l’un d’eux tentait une feinte, j’encourais le risque d’être assailli par les deux autres pendant que je parais. Au moins s’en tenaient-ils à leurs dagues… Les glaives auraient trop attiré l’attention. Tandis que nous zigzaguions dans tous les sens, eux continuaient de rire et d’échanger des bourrades de manière à faire passer la chose pour un chahut entre copains. Je n’eus pas le temps d’appeler à l’aide.
    Je m’étais rapproché d’une enjambée vers la porte, ce qui me coinçait un peu plus étroitement entre le mur et deux de mes agresseurs, le troisième barrant la voie de l’autre côté. Il était temps de lancer quelques mots vite fait, mais j’avais la bouche trop sèche pour parler.
    Quasiment sans réfléchir, je me fendis en direction de l’homme seul, puis changeai de direction et me rabattis sur les deux autres à bras raccourcis. Les lames s’entrechoquèrent avec un crissement qui me fit mal aux canines ; des étincelles jaillirent. Je bataillais si âprement que ce fut à peine si je remarquai que, dans les lointaines profondeurs de la maison du tribun, une voix de femme se mettait à crier. Je dressai un bras en l’air et entendis riper le métal sur la maçonnerie derrière moi. La lumière forcit, à l’étage. J’entrevis plus nettement des visages. Une nouvelle ombre se profila puis s’éloigna, mais j’étais trop occupé pour crier.
    Ma dague fit mouche, mais de travers. D’un coup d’épaule, je la retirai pendant qu’un des deux hommes qui me faisaient face jurait et sursautait. Les choses devenaient trop manifestes : le deuxième agresseur ne pensait plus qu’à déguerpir. Le troisième larron, lui, avait plus de cran… ou moins de cervelle. Il se jeta sur moi ; je poussai un rugissement de colère. Alors, à l’instant même où je perdais pied en affrontant les trois à la fois, la porte du tribun s’ouvrit en grand. Quelqu’un s’avança, se découpant en ombre chinoise sur le rectangle de lumière. Pas la stature de Justinus ; trop mince pour un de ses gardes. Indéterminée, l’ombre nette et sinistre se coula hors de la maison.
    Comme je me défendais contre mes attaquants qui livraient un dernier et furieux assaut, je ne vis pas vraiment ce qui se déroula. L’ombre passa droit devant moi, empoigna l’un des légionnaires et lui tira la tête en arrière d’un geste inquiétant. Le soldat s’affala sans bruit,

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