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Will

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Titel: Will Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Stephen R. Lawhead
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de plus en plus rebelles à mes règles et de moins en
moins respectueux de ma personne ! »
    Le roi se tourna face à son premier conseiller en agitant un
parchemin comme s’il s’était agi d’un drapeau. « Et maintenant ceci !
    — De mauvaises nouvelles, mon
roi [1] * ?
    — Par la sainte face de Lucques ! s’écria William.
N’y a-t-il aucune limite aux exigences de cet homme ?
    — Quel homme, sire ? » Ranulf avança de
quelques pas dans la pièce.
    « Ce pape arrogant ! rugit le roi. Cet
Urbain ; il dit que Canterbury est resté vacant trop longtemps et insiste
pour que nous désignions un archevêque immédiatement.
    — Ignorez-le, sire, suggéra Ranulf.
    — Oh, mais son impudence ne s’arrête pas là, poursuivit
le souverain sans même reprendre son souffle. Loin de là ! Il ne me
réclame pas seulement mon sceau sur une lettre de ratification, il veut aussi
que je me fende d’une démonstration publique de mon soutien.
    — Soutien que, nous en avons souvent parlé, vous
répugnez à juste titre à accorder. » Le cardinal étouffa un bâillement.
    « La barbe ! Je répugne à lui accorder davantage
que le contenu de mes intestins. » William, les joues rougies sous l’effet
de la colère, pointa un doigt sur le visage de son conseiller. « Que Dieu
me vienne en aide si je laisse ne serait-ce qu’un seul de ses légats baveux
mettre un pied dans mon royaume. Je le ferai bouillir dans son propre sang, et
si Urbain s’obstine dans ses exigences, je porterai mon dévolu sur
Clément – je jure que je le ferai.
    — Dites-le-lui, suggéra simplement Ranulf. C’est ce que
le Conquérant aurait fait – et c’est d’ailleurs ce qu’il a fait, assez
souvent.
    — Exactement ! C’est exactement ça, par
Judas ! Mon père ne se faisait aucune illusion quant aux personnes qui
devaient régir l’Église dans son royaume. Il n’aurait jamais permis qu’un
prêtre mette son nez dans les affaires royales. »
    C’était la vérité. Le père de William, le Conquérant, avait
dirigé l’Église comme il dirigeait tout le reste sur son île d’adoption. Guère
enclin à laisser une institution aussi riche et puissante s’occuper de ses
propres affaires, il ne cessait de s’ingérer dans son quotidien, depuis la
nomination des ecclésiastiques jusqu’à la collecte de la dîme – et ce,
toujours à son propre avantage. Ranulf connaissait le motif de l’irritation du
fils, William le Rouge : il avait beau essayer, il ne parvenait pas à
gagner le respect et l’obédience de l’Église que son père avait obtenus comme
un dû.
    « Écoutez-moi bien, Bagneux. Peu importe le nombre de
légats et d’émissaires qu’Urbain enverra pour me harceler, je ne lui
subordonnerai jamais mon trône.
    — Dites à Son Éminence que ses constantes tentatives
pour s’arroger une partie de votre autorité tournent en dérision cette
manifestation ô combien sacrée de loyauté. » Le cardinal Ranulf de Bayeux
se rapprocha de la table et de son roi agité. « Dites à ce moralisateur de
se fourrer l’Anneau du pêcheur dans le…
    — Ha ! s’écria William. Si je lui disais ça, il
m’excommunierait sans hésiter dans la seconde.
    — Quelle importance ? répliqua Ranulf d’un ton
doucereux. Votre Majesté affiche déjà le plus grand mépris pour Rome, de bien
des manières.
    — Vous dépassez les bornes ! Ma foi, ou mon
absence de foi, ne concerne que moi. Je ne me laisserai pas réprimander par
ceux de votre engeance, Bayeux. »
    Ranulf inclina la tête comme s’il acceptait la réprimande,
puis répondit : « Sire, vous m’avez mal compris, ce me semble. Ce que
je veux dire, c’est que le roi d’Angleterre n’a pas à se préoccuper des
sensibleries du pape Urbain. Ainsi que vous le suggérez, il ne serait pas
difficile d’offrir votre soutien à son rival, Clément. »
    William se laissa adoucir par les assertions aimables et
judicieuses de son Premier Juge. « Exactement », railla William. Le
roi d’Angleterre examinait les restes de son repas comme si la table avait été
un champ de bataille et qu’il cherchait des survivants. « Je préfère de
loin Clément, de toute façon.
    — Vous voyez ? » Ranulf sourit, satisfait de
la manière avec laquelle il avait rallié le roi à son propre point de vue.
« La grâce de Dieu continue à accompagner votre règne, sire. Dans Sa
grande sagesse, Il a prévu une alternative bien opportune.

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