Will
est-il besoin de faire mention de ceux relayés par CNN ou Al Jazeera.
Pourtant, il convient de rappeler que dans le monde médiéval, quand la maladie
et la mort étaient une menace quotidienne et la tombe un pronostic par trop
probable au moindre mal de dents, l’Église, avec ses promesses de salut éternel,
représentait l’unique espoir et le dernier sanctuaire aux yeux de ceux qui
vivaient sous ses ailes protectrices : pratiquement chaque homme, femme et
enfant vivant sur ces terres.
Ainsi des changements même relativement mineurs – tel
que remplacer un ecclésiastique saxon convivial parlant anglais par un
homologue normand impérieux – pouvaient causer des ravages tant spirituels
que temporels parmi les habitants du pays, alors imaginez les conséquences des
grands bouleversements de l’époque, tels que deux papes en concurrence pour le
trône de Pierre ! Cette fâcheuse situation s’est bel et bien produite sous
le règne de William II, et les vagues résultant de cette agitation se sont
propagées partout en Europe. Le pape Clément à Rome et le pape Urbain en France
luttèrent pour la suprématie sur la Sainte Église catholique et apostolique, et
chacun d’eux excommunia les membres du parti adverse. Rois et princes, ducs et
barons, cardinaux et archevêques, tous choisirent leur camp et s’alignèrent
sous la bannière de leur candidat préféré. Le résultat de décisions prises par
le haut et puissant dans l’air raréfié des affaires de cour s’avérait
désastreux pour ceux qui se trouvaient à ras du sol : des maisons étaient
pillées, des magasins incendiés, des émeutes éclataient dans les rues entre les
camps rivaux et des vies étaient perdues.
Mais tout n’était pas noir et orageux : ici et là, de
petits rayons de lumière égarés parvenaient à percer les nuages. Car si
l’Église était dominée par les riches et les puissants, des aristocrates dont
le respect des doctrines et des pratiques chrétiennes n’était pas toujours
évident, il s’y trouvait aussi des éléments atypiques, des gens tel frère Tuck,
humbles serviteurs de la foi qui fuyaient la richesse et vivaient du don des autres.
Ils ont ouvert la voie au plus tardif mouvement franciscain, furieusement
populaire et ô combien important.
Will Écarlate est, de fait, un homme de son temps. Privé de
son mode de vie traditionnel, avec peu ou rien à perdre, il a lié son sort à
celui de Bran et de sa bande de hors-la-loi, qui ont pris fait et cause pour
ceux qui n’étaient pas assez puissants pour se protéger des abus d’envahisseurs
à l’avidité sans limite. Dans le dernier tome de la trilogie du Roi Corbeau, frère Tuck – le modeste moine mendiant – occupera le devant de la
scène, tandis que le conflit de plus en plus brûlant entre les intérêts gallois
et normands y trouvera une conclusion chauffée à blanc.
Stephen Lawhead
Oxford
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[1] * Tous les mots et expressions
en italique suivis d’un astérisque sont en français dans le texte. (N.d.T.)
[2] Littéralement « Chausses courtes ».
[3] Pierre, pièce de bois ou de métal en saillie sur l’aplomb d’un parement,
destinée à supporter un linteau, une corniche... Le double sens n’est pas
présent dans la version originale. (N.d.T.)
[4] Littéralement « premier magistrat du comté ». (N.d.T.)
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