1914 - Une guerre par accident
plusieurs essais philosophiques dont, en 1921, Le règne de la
relativité . Lord Haldane fut élu chancelier de l’université
Saint-Andrews peu avant sa mort, en 1928.
David Lloyd George fut celui qui, sur le plan politique, sut
le mieux tirer parti de la guerre. Homme fort du cabinet Asquith, il fut promu
secrétaire d’État à la Guerre en 1916 avant d’être nommé Premier ministre en
décembre de cette même année. À la fin de la guerre, son prestige et sa
popularité étaient à leur zénith. Toutefois, sa coalition au pouvoir demeurait
fragile et il fut renversé en octobre 1922. Lloyd George resta cependant
une figure dominante du parti libéral et de la vie politique anglaise. Dans les
années trente, il s’éloigna progressivement tout en s’engageant contre la
politique d’apaisement avec l’Allemagne nazie. Il refuserait par la suite un
poste dans le cabinet Churchill. Son pessimisme sur la conduite de la guerre et
ses tentations récurrentes d’une paix séparée avec l’Allemagne le
marginalisèrent. Élevé à la pairie comme comte Lloyd George de Dwyfor, il
mourut d’un cancer en mars 1945 à l’âge de quatre-vingt-deux ans.
Winston Churchill demeura Premier Lord de l’Amirauté jusqu’à
la désastreuse bataille des Dardanelles qui le conduisit à démissionner en
novembre 1915. En qualité de colonel, il servit sur le front occidental à
la tête du 6 e bataillon du Royal Scots Fusiliers. Revenu
au gouvernement en juillet 1917, comme ministre des Munitions puis
secrétaire d’État à la Guerre, il devint par la suite secrétaire d’État aux
Colonies en 1921, signant le traité anglo-irlandais instituant l’État libre
d’Irlande. Retour au parti conservateur, il fut nommé chancelier de l’Échiquier
et présida à ce titre au retour à l’étalon-or et à la parité d’avant-guerre.
Ses mesures économiques conduisirent à la grève générale de 1926. Dans les
années trente, Churchill connut sa traversée du désert et se consacra à la
littérature et au journalisme. Il fut un des premiers à s’alarmer du réarmement
de l’Allemagne et à s’opposer au régime nazi. Bien qu’ayant contesté
l’abdication du roi Édouard VIII, Churchill revint en grâce au fil de
l’aggravation de la situation internationale. Hostile aux accords de Munich,
son intransigeance vis-à-vis du nazisme lui valut de redevenir Premier Lord de
l’Amirauté en septembre 1939, au moment de la déclaration de guerre de
l’Angleterre à l’Allemagne. Il succéda en mai 1940 à Neville Chamberlain
comme Premier ministre et incarna à lui seul l’effort de guerre et l’esprit de
résistance britanniques. Populaire et respecté à la fin de la guerre, il perdit
contre toute attente les élections générales de juillet 1945. Revenu dans
l’opposition, il s’inquiéta fortement de la montée du communisme en Europe,
prononçant à Fulton, en 1946, son fameux discours sur le « rideau de
fer ». De nouveau au pouvoir en 1951, il en démissionna en 1955 à l’âge de
quatre-vingts ans au profit d’Anthony Eden. Churchill passa les dix dernières
années de sa vie à lutter contre la dépression et à se consacrer à la
littérature – le prix Nobel de littérature lui fut décerné en 1953 –
et à la peinture. À sa mort, en janvier 1965, il eut droit aux premières
obsèques nationales pour un non-membre de la famille royale.
*
Au début de la guerre, le Kaiser avait déjà perdu de son
autorité de commandant en chef au profit de l’état-major militaire. Les échecs
militaires et l’armistice eurent raison de son pouvoir. Le 9 novembre 1918
il dut abdiquer en tant qu’empereur d’Allemagne et roi de Prusse. Il s’exila à
Doorn aux Pays-Bas où, protégé par la reine Wilhelmine, il résida jusqu’à la
fin de sa vie en juin 1941. Entre-temps, il avait exprimé son opposition
au nazisme et au déclenchement d’une nouvelle guerre mondiale.
Épuisé par la crise de juillet 1914, le chancelier
Bethmann-Hollweg ne joua plus qu’un rôle mineur au cours de la guerre. Ce rôle
finit par devenir inexistant, à l’été 1916, après l’avènement de Hindenburg
et de Ludendorff à la tête des armées. Ses appels à la médiation du président
Wilson demeurèrent lettre morte. Il dut abandonner la chancellerie en
juillet 1917, remplacé par Georg Michaelis. Après l’armistice, les Alliés
ignorèrent sa requête d’être traduit devant un tribunal,
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