1914 - Une guerre par accident
en lieu et place du
Kaiser. Il conspira brièvement au sein des milieux monarchistes pour la
restauration des dynasties des Hohenzollern et des Habsbourg. Bethmann-Hollweg
succomba à une pneumonie en janvier 1921.
Son prédécesseur Bernhard von Bülow fut nommé dès le
début de la guerre ambassadeur en Italie. Il échoua dans sa mission d’empêcher
l’entrée en guerre de Rome aux côtés des Alliés. En 1917, ses espoirs de
succéder à Bethmann-Hollweg furent déçus. Le prince von Bülow mourut en
octobre 1929, la veille du fameux « mardi noir ».
Gottlieb von Jagow demeura à la tête de la diplomatie
allemande jusqu’en 1916. Dans le but d’affaiblir le camp allié et d’empêcher
l’entrée en guerre des États-Unis en Europe, il tenta sans succès de susciter
une guerre entre ce pays et le Mexique. Par la suite, il ne jouerait plus de
rôle politique jusqu’à sa mort, en janvier 1935. Le baron von Schoen
prit sa retraite de diplomate dès son retour de Paris. Il mourut en 1933. Son
collègue en poste à Londres, le prince Karl Max von Lichnowsky publia, peu
après le début de la guerre, des Mémoires dans lesquels il développait
la thèse de la responsabilité de l’Allemagne dans le déclenchement du conflit.
Cela lui valut d’être expulsé de la Chambre des Seigneurs de Prusse en 1917. Il
décéda en 1928.
Helmuth von Moltke n’était plus que l’ombre de lui-même
au moment où se déclencha l’offensive allemande, en août 1914. Il ne sut
pas tirer parti de la violation de la neutralité belge, illustrant le mot
fameux d’une des amies de Bernhard von Bülow : « Quand on fait
des crasses, il faut au moins qu’elles réussissent. » Déjoués, ses plans
de guerre aboutirent à l’échec de la bataille de la Marne. Au soir de cette
bataille décisive, Moltke aurait avoué au Kaiser : « Votre Majesté,
nous avons perdu la guerre ! » Dès septembre 1914, il fut
remplacé au commandement par Erich von Falkenhayn. Helmuth von Moltke
ne s’en remit pas et mourut deux ans plus tard, en juin 1916.
Grand ordonnateur de la Kriegsmarine, le Grand Amiral Alfred
von Tirpitz se heurta, une fois les opérations militaires engagées, à un
rapport de forces en mer nettement en sa défaveur. Son célèbre plan destiné à
contrer la Royal Navy fit bien vite faillite. Ses rapports avec le Kaiser en
pâtirent et l’amiral dut présenter sa démission de secrétaire d’État à la
Marine en mars 1916. L’année suivante, Tirpitz entra en politique dans le
parti nationaliste fondé par Wolfgang Kapp. Député en 1924, il soutint la
candidature de Hindenburg à la présidence de la République avant de disparaître
en mars 1930.
*
Père de l’Union sacrée, Raymond Poincaré jouissait, en 1914,
d’une popularité immense qui ne devait pas se démentir par la suite. Fin 1917,
les difficultés politiques le conduisirent cependant à appeler à la tête du
gouvernement son vieil adversaire, Georges Clemenceau. Poincaré s’effaça peu à
peu devant ce dernier tout en tâchant de cohabiter d’une manière satisfaisante.
Élu sénateur de la Meuse en 1920, avant même la fin de son mandat présidentiel,
il revint à la présidence du Conseil en 1922, menant une politique sévère
envers l’Allemagne. Sur le plan intérieur, ses mesures de rigueur budgétaire le
rendirent impopulaire et le conduisirent à la démission dès 1924. Deux ans plus
tard, après l’échec du Cartel des gauches, Poincaré fut rappelé aux affaires.
Il mit alors en œuvre une politique d’austérité financière illustrée par la
dévaluation du franc. Poincaré se retira de la vie publique en
juillet 1929 et mourut cinq ans plus tard.
Au début de la guerre, Georges Clemenceau eut maille à
partir avec le gouvernement. Censuré, son journal transforma son titre, fin
1914, en L’Homme enchaîné . Toujours critique, il imposa néanmoins son
autorité en tant que président de la commission de l’Armée au Sénat. Nommé
président du Conseil en novembre 1917, à l’âge de soixante-seize ans, il
détint également le portefeuille de la Guerre. Clemenceau s’employa à orienter
tous les efforts de la nation vers la guerre, pourchassant pacifistes et
défaitistes. Il fit ainsi arrêter Malvy, accusé de trahison, ainsi que
Caillaux, soupçonné de vouloir une paix négociée. Il contribua ainsi à
restaurer le moral de la nation à une époque où le doute guettait les
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