1914 - Une guerre par accident
détention.
Par la suite, les Bolcheviks au pouvoir le firent de nouveau arrêter et
condamner aux travaux forcés. Soukhomlinov fut gracié en raison de son âge. Il
mourut à Berlin en février 1926, non sans avoir eu le temps de publier des Mémoires pro domo. Philippe Berthelot aurait à son sujet un mot
féroce : « Il n’a trahi que son pays, c’est sans importance ;
c’est là un résultat de sa mauvaise humeur ; d’ailleurs il est
matériellement impossible de vendre son pays. »
Au début de la guerre Serguei Sazonov travailla à détacher
la Roumanie des puissances centrales. Apprécié à Londres, il était détesté par
la tsarine et son entourage. Antibolchevik, il conseilla Anton Denikine avant
de devenir le « ministre des Affaires étrangères » du gouvernement
contre-révolutionnaire en exil dirigé par l’amiral Koltchak. Il représenta
cette faction en 1919 à la Conférence de la Paix de Paris. Il se retira par la
suite en France et mourut à Nice en décembre 1927.
Grand partisan de la guerre, Alexandre Iswolsky aurait
confié, dès septembre 1914, au marquis de Villa Urrutia :
« Quatre ans de poste à Paris m’ont suffi pour arriver à mes fins. »
Après la révolution d’Octobre, il démissionna de son poste d’ambassadeur mais
demeura à Paris, se faisant l’avocat d’une intervention alliée dans la guerre
civile en Russie. Il rédigeait ses Mémoires lorsqu’il décéda brusquement
en août 1919, à l’âge de soixante-trois ans.
Ouvertement opposé à la guerre, le comte Serge de Witte
avait perdu de son influence lorsqu’il mourut brutalement d’une crise cardiaque
en mars 1915, à Petrograd.
*
L’Angleterre entra en guerre en pays uni avec, pour symbole,
le roi George V. La famille royale devint populaire en raison de son
engagement et de sa décision, en 1917, d’abandonner son nom de Saxe-Cobourg et
Gotha pour celui de Windsor. Le rayonnement personnel du souverain fut quelque
peu terni par son refus persistant d’accueillir en exil le tsar de Russie –
son cousin – ainsi que toute sa famille, malgré l’insistance du Premier
ministre de l’époque, Lloyd George, et du ministre des Affaires étrangères
Arthur Balfour. Le roi George V mourut en janvier 1936 au château de
Sandringham.
Chef du gouvernement, Herbert Asquith subit de sérieuses
déconvenues dès 1915, au regard de l’échec de son offensive à Gallipoli.
Affaibli par la démission de Churchill et la perte d’influence de Kitchener, il
fut de plus en plus critiqué par les conservateurs et par Lloyd George. Asquith
démissionna en décembre 1916, refusant de jouer un rôle dans le nouveau
cabinet de guerre. Toujours à la tête du parti libéral, quoique devenu
impopulaire dans le pays, il déclina encore en 1918 le poste de Lord
chancelier. Battu aux élections législatives à la suite de la scission au sein
du parti libéral, il revint à la Chambre des Communes deux ans plus tard lors
d’une élection partielle. Il pousserait à la nomination du travailliste Ramsay
MacDonald comme Premier ministre. Défait de nouveau en 1924, son parti
marginalisé, il fut élevé à la dignité de comte d’Oxford et Asquith et disparut
en 1928.
Edward Grey conserva son portefeuille au Foreign Office
jusqu’en décembre 1916. Cinq mois plus tôt, il avait quitté la Chambre des
Communes pour celle des Lords à la suite de son élévation comme vicomte Grey de
Fallodon. Devenu presque aveugle, il continua à servir son parti comme leader à
la Chambre des Lords jusqu’en 1924. Il mourut en 1933.
Au terme d’une longue et brillante carrière, sir Arthur
Nicolson, l’adjoint de Grey au Foreign Office, se retira de la carrière en
1916. Il fut fait baron Carnock et ses fils poursuivirent la lignée dont Harold
Nicolson, auteur d’un ouvrage remarqué, intitulé Diplomatie . Il disparut
en 1928 à près de quatre-vingts ans. Retour de son ambassade de Berlin, sir Edward
Goschen se retira également en 1916 mais pour accéder au Conseil privé et être
fait baronet de Beacon Lodge. Il décéda en 1924.
Durant la guerre, Richard Haldane glissa inexorablement des
rangs libéraux vers ceux du parti travailliste. Il sauta le pas en 1924 en
acceptant de redevenir Lord chancelier, dans le cabinet de Ramsay MacDonald
cette fois. Il fut également le leader labour à la Chambre des Lords.
Pilier du nouveau gouvernement, il ne négligea pas son activité intellectuelle,
publiant
Weitere Kostenlose Bücher