1914 - Une guerre par accident

sa disparition, en 1923.
    Chef d’état-major des armées, le général Joffre débuta la
guerre auréolé de la victoire de la Marne. Populaire, il ne parvint pourtant
pas à maintenir l’illusion d’une stratégie vouée à l’échec. À partir de la fin
1915, ses offensives hasardeuses et coûteuses en vies humaines commencèrent à
être critiquées. La bataille de Verdun acheva de le discréditer lorsqu’il
remplaça le général Pétain, qu’il jugeait trop défensif, par le général
Nivelle. En conflit avec le pouvoir politique, en désaccord avec les alliés
britanniques, en butte à l’opinion, Joffre fut remplacé à la tête des armées et
fut fait, en compensation, maréchal de France. Il effectua par la suite
plusieurs missions pour le compte du gouvernement et usa de son influence pour
que Ferdinand Foch soit nommé généralissime. Élu à l’Académie française en
février 1918, il mourut en 1931 après avoir achevé ses Mémoires .
    Au début de la guerre, le général Foch commanda un corps
d’armée en Lorraine puis la IX e  armée. Le succès de la Marne
lui valut d’être nommé commandant en chef adjoint de la zone nord. Mais ses
déconvenues dans l’Artois, en 1915, puis surtout dans la Somme, l’année
suivante, entraînèrent son déclin. Ministre de la Guerre, le général Lyautey le
remit en selle. Envoyé un temps sur le front italien, Foch fut nommé commandant
en chef du front ouest, chargé de coordonner l’action des armées alliées, avec
le titre de généralissime. Ayant enrayé victorieusement les derniers assauts
allemands, il fut fait maréchal de France en août 1918. Foch fit partie
des signataires alliés de l’armistice de Rethondes, le 11 novembre. Élu à
l’Académie française, il fut élevé à la dignité de field marshal par le Royaume-Uni.
Il mourut en mars 1929 non sans avoir publié auparavant son Mémorial .
    Chef d’état-major de Joffre en 1914, le général Édouard de
Castelnau prit le commandement de la II e  Armée et joua un rôle
déterminant dans la bataille des frontières, remportant plusieurs succès. Par
la suite, revenu auprès de Joffre, il organisa la défense de Verdun avant de
suggérer qu’on y nomme le général Pétain. Seules ses idées réactionnaires
empêchèrent le général de Castelnau de briguer le bâton de maréchal. En 1924, il
se fit élire député de l’Aveyron et fut un des chefs de la Fédération nationale
catholique, opposée à la gauche comme à la laïcité. Il mourut en 1944, à l’âge
de quatre-vingt-douze ans.
    Nommé ambassadeur à Berlin en 1922, Pierre de Margerie dut
gérer plusieurs moments critiques comme l’occupation de la Ruhr par l’armée
française. Il se retira de la carrière en 1931 avant de mourir onze ans plus
tard. Son successeur aux affaires politiques du Quai d’Orsay, Philippe
Berthelot, dirigea seul la politique étrangère de la France pendant toute la
guerre. Il tint soigneusement à l’écart R. Poincaré, ce que ce dernier ne
lui pardonna jamais. Refusant toute nomination à l’étranger, Berthelot se
marginalisa peu à peu, s’adonnant à ses amitiés littéraires et artistiques. Il
mourut en 1934.
    Homme clé de la crise de juillet 1914, vivement
controversé à ce titre, Maurice Paléologue traversa sans encombre la guerre
grâce à son amitié avec Poincaré. La révolution russe de 1917 le ramena à Paris
où il occupa les fonctions de secrétaire général du Quai d’Orsay. Il se retira
par la suite et se consacra à une œuvre littéraire et artistique qui devint
considérable. Après plusieurs échecs à l’Académie française, il y fut élu en
1928. Maurice Paléologue mourut en novembre 1944. Retour de Berlin en
août 1914, Jules Cambon devint le premier secrétaire général du Quai
d’Orsay. Retiré de la diplomatie, il fut élu à l’Académie française en 1918 et
mourut en septembre 1935 à l’âge de quatre-vingt-dix ans. Son frère Paul
resta vingt-deux années durant à l’ambassade de France à Londres. Il mourut en
1924.
    Assassin de Jean Jaurès, Raoul Villain passa la guerre en
prison et fut acquitté par la cour d’assises de la Seine, la veuve de Jaurès
étant même contrainte de payer les frais du procès. Villain entama, dès lors,
une vie de vagabondage et d’errance qui le mena à Ibiza. En
septembre 1936, il fut exécuté par les républicains espagnols qui
l’accusaient d’espionnage au profit de l’armée