1914 - Une guerre par accident
son
impéritie et par le coût humain exorbitant des opérations militaires qu’il
initia. Sa défaite la plus cuisante, causée en 1916 par une offensive russe
dirigée par le général Broussilov, l’accula à la démission de ses fonctions de
chef d’état-major des armées. Conrad von Hötzendorf fut nommé commandant
du front italien avant d’en être évincé à la suite de la défaite de la Piave.
Pour adoucir son sort, l’empereur le fit comte. Il mourut en août 1925.
*
L’Italie entra en guerre en mai 1915 après avoir
dénoncé son alliance avec les puissances centrales. Le marquis de San Giuliano,
chef de la diplomatie italienne, n’était plus là. Il avait succombé en
octobre 1914 sans imaginer que son successeur, Sidney Sonnino, reprendrait
sa politique extérieure de prudence et d’atermoiement.
« Faiseur de rois » de la politique italienne de
cette époque, Giovanni Giolitti avait renoué avec ses vieilles lunes
neutralistes avant de soutenir l’engagement de Rome aux côtés des Alliés. En
juin 1920, il redevint président du Conseil. Toutefois les temps avaient
changé. Il ne sut faire face aux mouvements sociaux croissants qui agitaient le
pays. Son impuissance l’incita à se rapprocher de Benito Mussolini, l’ancien
socialiste et chef des fascistes italiens, dont il favorisa la montée au
pouvoir. Regrettant peu après son erreur, Giolitti refusa de siéger à
Montecitorio au sein du groupe parlementaire fasciste. En 1928, il passa dans
l’opposition au régime et mourut dans le Piémont à l’âge de quatre-vingt-cinq
ans.
*
Le régime tsariste ne survécut pas à la guerre. Dès
août 1914, les premières défaites de Tannenberg et des lacs Mazure
scellèrent son sort malgré quelques victoires notables sur les armées
autrichiennes. Le tsar Nicolas congédia brutalement le commandant suprême des
armées impériales, le grand-duc Nicolas. Lui-même n’était pourtant pas un chef
militaire. Il s’isola de plus en plus, cédant progressivement le pouvoir à la
Douma et se résignant à accepter des premiers ministres fantomatiques comme
Gueorgui Lvov, Alexandre Trepov ou Nikolaï Golitzine. Le tsar Nicolas abdiqua
en mars 1917 en faveur de son frère, le grand-duc Michel qui renonça
lui-même peu après.
Le gouvernement Kerenski fit arrêter le tsar tout en lui
réservant un sort modéré et envisageant même de lui trouver un refuge en Crimée
ou en Angleterre. L’avènement des Bolcheviks bouleversa ces plans. Exilés à
Tobolsk, en Sibérie occidentale, le tsar et sa famille subirent des conditions
de détention de plus en plus dures. Transférés à Iekaterinbourg, ils furent
assassinés dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918 sur ordre du pouvoir
bolchevik. Leurs corps ne furent retrouvés et identifiés qu’en 1990 avant
d’être inhumés dans la cathédrale Pierre-et-Paul à Saint-Pétersbourg, la ville
de Pierre le Grand qui avait retrouvé son nom.
Époux de la princesse Anastasia de Monténégro, le grand-duc
Nicolas Nicolaïevitch dirigea un temps les armées impériales. Ayant menacé
Raspoutine de le faire pendre, il serait pressenti pour succéder au tsar
Nicolas après l’abdication de ce dernier. Nikolacha ne put cependant s’y
résoudre. Accueilli après la révolution par le roi d’Italie, il s’établit par
la suite en France avec son épouse, protégés en permanence par un détachement
de cosaques. Considéré comme une des grandes figures de la résistance
monarchiste, le grand-duc Nicolas se retira plus tard à Antibes avec son frère
cadet Piotr Nicolaïevitch et sa femme, la princesse Militza de Monténégro.
Nicolas Nicolaïevitch y décéda en novembre 1924, son épouse Anastasia,
surnommée « Stana », en 1929. Militza survécut jusqu’en 1951 et
mourut à Alexandrie, en Égypte.
Grigori Efimovitch Raspoutine retrouva son influence sur la
famille tsariste après le début de cette guerre qu’il avait tenté désespérément
de conjurer. Honni par certains clans proches de la cour comme par l’extrême
droite nationaliste, il fut assassiné en décembre 1916. Le prince Félix
Youssoupov et l’homme politique Vladimir Pourichkhevitch furent reconnus comme
les principaux responsables de cet assassinat.
Ministre de la Guerre en août 1914, le général Vladimir
Soukhomlinov fut relevé de ses fonctions pour incompétence l’année suivante
puis inculpé d’abus de pouvoir et de trahison. Il passa six mois en
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