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1940-De l'abîme a l'espérance

1940-De l'abîme a l'espérance

Titel: 1940-De l'abîme a l'espérance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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la dame en question les répétera par toute la ville ! »
    Le premier secrétaire de l’ambassade des États-Unis, Freeman Matthews, est encore plus sévère.
    « Hélène de Portes encourage les éléments défaitistes, dit-il. Elle est influencée par Paul Baudouin, lui-même homme lige de Pétain. Elle est dans un état de panique tel qu’elle ne veut rien négliger pour amener Reynaud à jeter l’éponge. »
     
    Le samedi 8 et le dimanche 9 juin, le camp des défaitistes se renforce de tous ceux qui, au sommet de l’État, jugent – comme Chautemps, l’ancien président du Conseil, figure majeure du monde politique – qu’il faut mettre fin à la lutte.
    « Elle est inutile, dit-il, et nous devons empêcher que les destructions s’étendent à l’ensemble du pays. C’est le maréchal Pétain qui comprend le mieux la situation. »
    Et Pétain, qui jusqu’alors a été le plus souvent silencieux lors des réunions gouvernementales – Conseil des ministres, Comité de guerre – s’exprime sur un ton glacial, qui n’admet pas de réplique.
    « L’armistice est une nécessité, dit-il, il faut examiner les conditions de la cessation des combats. Le salut et l’avenir du pays exigent que l’on procède ainsi avec courage. »
    À Reynaud, qui rétorque qu’« il n’y a aucun armistice honorable avec Hitler » et que ce serait une immense imprudence que de nous séparer de nos alliés britanniques, Pétain répond :
    « Les intérêts de la France doivent passer avant ceux de l’Angleterre. L’Angleterre nous a mis dans cette situation. Ne nous bornons pas à la subir, essayons d’en sortir. »
     
    Et pendant ce temps, heure après heure, les Allemands progressent.
    Rommel est à Fécamp !
    « La vue de la mer bordée de falaises de chaque côté nous enthousiasme et aussi d’avoir atteint le littoral français. Nous mettons pied à terre et descendons la plage de galets vers le bord de l’eau jusqu’à ce que les vagues viennent se briser sur nos bottes…
    « Plus tard, quand nous roulons vers Tourville, nous recevons un accueil triomphal de gens qui habitent une cité ouvrière et qui doivent nous prendre pour des Anglais. »
     
    Ce dimanche 9 juin dans la matinée, le gouvernement décide de quitter la capitale le lendemain 10 juin pour s’installer à Tours et sur les bords de Loire, dans ces nombreux châteaux qui rappellent les heures fastes du royaume de France.
    Ce même jour, de Gaulle est à Londres, afin de rencontrer Churchill.
    La lettre de mission que lui a remise Paul Reynaud est sans équivoque.
    « Vous verrez M. Churchill et vous lui direz que le remaniement de mon cabinet et votre présence auprès de moi sont les marques de notre résolution. »
    Tâche accomplie.
    De Gaulle approuve Churchill de ne pas déplacer des escadrilles de la RAF de Grande-Bretagne en France.
    « C’est ici, dit Churchill, à Londres, et si Paul Reynaud s’y décide, dans l’Empire français que se maintiendra la résistance. »
    La résolution de Churchill « ce lutteur, ce grand champion d’une grande entreprise, ce grand artiste d’une grande histoire » renforce la détermination de De Gaulle.
    Il rencontre les ministres anglais, mesure à quel point ils sont surpris de l’effondrement français et soucieux de voir la flotte française, l’une des plus modernes du monde, tomber entre les mains des Allemands.
    Les Français de Londres – Jean Monnet, les diplomates – ne lui paraissent pas habités par la même ferveur et la même volonté que les Anglais.
    De Gaulle serait-il donc le seul à partager ces sentiments ?
    Cette pensée ne le quitte plus dans l’avion qui, dans la soirée du dimanche 9 juin, survole plusieurs fois les pistes du Bourget avant de pouvoir se poser sur le terrain qui vient d’être bombardé par la Luftwaffe. Des bombes n’ont pas explosé et rendent l’atterrissage difficile.
     
    De Gaulle se rend aussitôt chez Paul Reynaud. La situation a empiré. Rouen serait tombé. Des reconnaissances allemandes sont signalées à L’Isle-Adam. L’Oise est franchie. Les Panzerdivisionen s’apprêtent à lancer une offensive décisive en Champagne.
    Reynaud semble toujours décidé à se battre « au besoin dans nos possessions d’Amérique », dit-il. Mais de Gaulle le sent troublé. Ses plus proches collaborateurs, Paul Baudouin mais aussi Yves Bouthillier, nommé ministre des Finances, se déclarent ouvertement

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