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1940-De l'abîme a l'espérance

1940-De l'abîme a l'espérance

Titel: 1940-De l'abîme a l'espérance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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45 morts. Attaque limitée, mais chacun a en mémoire les bombardements terroristes sur Varsovie et Rotterdam. Le général Hering, gouverneur militaire de Paris, a averti Paul Reynaud :
    « La défense de Paris ne peut être que symbolique. Entre l’ennemi et la capitale, il n’y a pas un seul obstacle militaire important. Je suis absolument démuni ; je manque de troupes et d’explosifs. Je manque même tout bonnement d’un PC et j’ai demandé au président Herriot de bien vouloir m’autoriser à réquisitionner celui du Palais-Bourbon… »
    Il faut envisager en ces premiers jours de juin le départ du gouvernement de Paris et sans doute la déclaration de la capitale « ville ouverte » qui ne serait donc pas défendue, mais « livrée » à l’ennemi.
     
    Ce lundi 3 juin, de Gaulle écrit à Paul Reynaud avec l’autorité que lui confèrent ses succès à Montcornet, à Abbeville, sa citation à l’ordre de l’armée, et sa lucidité sur la guerre nouvelle, dont Paul Reynaud sait qu’elle remonte aux années trente.
    « Monsieur le Président,
    « Nous sommes au bord de l’abîme et vous portez la France sur votre dos, écrit de Gaulle. Je vous demande de considérer ceci… »
    De Gaulle ne mâche pas ses mots et s’exprime avec la force de conviction que lui dictent les circonstances.
    Il condamne les « hommes d’autrefois » auxquels Reynaud a fait appel !
    « Le pays sent qu’il faut nous renouveler d’urgence. Il saluerait avec espoir l’avènement d’un homme nouveau, de l’homme de la guerre nouvelle. »
    « Sortez du conformisme, des situations acquises, des influences d’académie. Soyez Carnot ou nous périrons. Carnot fit Hoche, Marceau, Moreau… »
    De Gaulle veut être l’un de ceux-là.
    Et il ne se contentera pas d’un poste subalterne, sans responsabilités.
    « J’entends agir avec vous mais par moi-même. Ou alors c’est inutile et je préfère commander.
    « Si vous renoncez à me prendre comme sous-secrétaire d’État, faites tout au moins de moi un chef – non point seulement d’une de vos quatre divisions cuirassées – mais bien du corps cuirassé groupant tous ces éléments. Laissez-moi dire sans modestie, mais après expérience faite sous le feu depuis vingt jours que je suis seul capable de commander ce corps qui sera notre suprême ressource. L’ayant inventé, je prétends le conduire. »
    En ces premiers jours de juin 1940, certains parlent vrai, abattent vigoureusement leurs cartes, mais d’autres dissimulent leurs objectifs.
    Ceux-ci souhaitent la capitulation, l’armistice, et en fait l’accord avec Hitler, la collaboration entre l’Allemagne et une France nouvelle, qui naîtrait d’une révolution nationale.
    Ceux-ci – Pétain, Weygand, Laval, Baudouin – comptent sur le désarroi, le désespoir de ce peuple qui fuit sur les routes de l’exode, humilié, stupéfait, affolé, mitraillé, et les avions laissent une traînée de corps et de sang après chacun de leurs passages.
    Ceux qui parlent vrai, de Gaulle, Churchill ne dissimulent rien.
    Ils font appel à l’énergie et au courage.
    Pas de complaisance ni de lamentations. Ils affrontent vent debout les événements, la tempête qui semble devoir tout emporter.
     
    De Gaulle vient d’écrire à Paul Reynaud, sans inutile « modestie ».
    Churchill, le mardi 4 juin, évoque à la Chambre des communes l’évacuation réussie, au-delà de toute attente, des troupes encerclées à Dunkerque.
    Le Premier Ministre serre le pupitre à pleines mains. Il est comme une figure de proue, qui pénètre la vague.
    « Nous devons bien nous garder de considérer cette délivrance à Dunkerque comme une victoire ; les guerres ne se gagnent pas par des évacuations… »
    Il se redresse, son corps comme une masse indestructible :
    « Nous nous battrons en France, reprend-il, nous nous battrons sur les mers et sur les océans, nous nous battrons dans les airs avec une confiance et des moyens sans cesse croissants. Nous défendrons notre île à n’importe quel prix. Nous nous battrons sur les terrains d’atterrissage, nous nous battrons dans les champs et dans les rues ; nous nous battrons dans les collines. Jamais nous ne nous rendrons ! Et même si notre île ou une grande partie de celle-ci devait se trouver conquise et affamée – ce que je ne crois pas un seul instant – alors notre empire d’outre-mer, armé et protégé par la flotte, poursuivrait

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