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1940-De l'abîme a l'espérance

1940-De l'abîme a l'espérance

Titel: 1940-De l'abîme a l'espérance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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solidaires de Pétain et de Weygand. Pourquoi pas tout de suite l’armistice ? Quelle autre issue alors que l’Italie de Mussolini s’apprête à déclarer demain, lundi 10 juin, la guerre à la France ?
    De Gaulle évoque le réduit breton, le transfert du gouvernement en Afrique du Nord.
    Reynaud approuve sans décider.
    À propos de Paris, Reynaud prépare une allocution pour demain, dans laquelle il dira : « Nous nous battrons devant Paris, nous nous battrons derrière Paris. »
    De Gaulle se souvient de Clemenceau déclarant en 1918 : « Je me battrai devant Paris, je me battrai dans Paris, je me battrai derrière Paris… Mais faire la paix, jamais ! »
    Reynaud a oublié «  dans Paris ».
    C’est donc que la capitale sera déclarée ville ouverte et donc bientôt ville occupée.
    Ce lundi 10 juin qui commence sera, de Gaulle le pressent, « une journée d’agonie ».
     
    À Paris, la rumeur du départ du gouvernement de la capitale s’est propagée et on rapporte les propos que le gouverneur militaire de Paris, le général Hering, aurait tenus à la radio : « L’armée se replie en bon ordre sur Paris dont les pâtés de maisons de six étages sont autant de citadelles pour retarder l’ennemi. »
    Or la décision a été prise par Weygand de faire de Paris une « ville ouverte », et Reynaud a évité d’évoquer des combats dans Paris.
    Mais, comme le répète de Gaulle, cette journée d’agonie révèle « qu’au milieu d’une nation prostrée et stupéfaite, derrière une armée sans foi et sans espoir, la machine du pouvoir tourne dans une irrémédiable confusion ».
    Mais une grande peur « a saisi les Parisiens et, aux portes sud de la ville – porte d’Italie, porte d’Orléans –, la cohue est telle, les embouteillages si compacts que, sur 5 kilomètres en amont de ces portes, on n’avance que mètre par mètre, chaussées et trottoirs envahis ».
    Des incidents jettent les uns contre les autres ces Français désemparés. Et dans certains quartiers, des magasins sont pillés, des passants dépouillés par une pègre qui constate que l’autorité, les forces de l’ordre, la discipline collective, ont presque totalement disparu.
    Devant les ministères, les voitures attendent les hauts fonctionnaires et les ministres qui vont connaître, eux aussi, les aléas de l’exode car les routes qui mènent à Orléans, à Tours, sont envahies par la cohue désespérée.
     
    Au fil des heures, la journée d’agonie s’assombrit encore.
    Ce lundi 10 juin 1940 à 16 heures, Mussolini proclame qu’il entrera dans la guerre à minuit. Paul Reynaud s’indigne : « Quel peuple noble et admirable que ces Italiens qui nous poignardent dans le dos à un moment pareil ! »
    La frontière des Alpes n’est plus défendue que par cinq divisions contre les trente-deux italiennes. En outre, les Français sont menacés par l’avance allemande qui s’approche de la vallée du Rhône ! Mais l’offensive italienne ne connaîtra aucun succès.
    Les « huit millions de baïonnettes », dont se vante le Duce, ne perceront pas le front français, ne s’avançant que de quelques dizaines de mètres dans la ville de Menton.
    Au début de la soirée de ce lundi 10 juin, Reynaud adresse un dernier appel au secours à Roosevelt :
    « Aujourd’hui, l’ennemi est presque aux portes de Paris. Nous nous battrons devant Paris, nous nous battrons derrière Paris, nous nous enfermerons dans l’une de nos provinces pour nous battre et si nous en sommes chassés, nous nous installerons en Afrique du Nord pour continuer la lutte et, en cas de nécessité, dans nos possessions américaines.
    « Une partie du gouvernement a déjà quitté Paris. Je me prépare à partir pour le front… Il est de mon devoir de vous demander une nouvelle aide plus grande encore… »
     
    À 23 heures, la radio diffuse un bref communiqué :
    « Le gouvernement est obligé de quitter la capitale pour des raisons militaires impérieuses. Le président du Conseil se rend aux armées. »
     
    Ceux des Parisiens qui avaient hésité à partir entassent dans leurs véhicules – voitures, camionnettes, charretons, landaus… – quelques objets et se précipitent dans les rues, en pleine nuit, fuyant les combats à venir dans la capitale.
     
    Vers minuit, Reynaud monte avec de Gaulle dans une voiture qui doit les conduire à Orléans.
    Il faut une nuit entière pour rejoindre la ville de

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