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1940-De l'abîme a l'espérance

1940-De l'abîme a l'espérance

Titel: 1940-De l'abîme a l'espérance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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la lutte, jusqu’à ce que Dieu fasse que le Nouveau Monde, avec toutes les ressources de sa puissance, avance pour secourir et libérer l’Ancien. »
    Il se rassoit au milieu des applaudissements et des vivats. Des députés travaillistes pleurent.
    Churchill se penche et murmure à son voisin :
    « Et nous nous battrons avec des tessons de bouteille, parce que c’est fichtrement tout ce que nous avons ! »
     
    Paul Reynaud a reçu le texte du discours de Churchill. Il est convaincu que l’Angleterre ne cédera jamais, l’énergie du Premier Ministre britannique est contagieuse.
    Le mercredi 5 juin, Reynaud décide de remanier son gouvernement, d’en évincer Daladier. Il prend en charge le ministère des Affaires étrangères, mais il nomme sous-secrétaire d’État au Quai d’Orsay ce Paul Baudouin favorable à l’armistice et proche de Pétain.
     
    Reynaud, une fois encore, ne va pas jusqu’au bout, conservant Pétain et, au haut commandement, Weygand.
    Mais, sensible aux arguments de De Gaulle dont il a lu et relu la lettre du lundi 3 juin, il accède à ses demandes : le général de Gaulle sera sous-secrétaire d’État à la Défense nationale et à la Guerre, chargé des relations avec la Grande-Bretagne, pour préparer la continuation de la guerre en Afrique du Nord.
    Reynaud a dû passer outre à l’hostilité de Weygand.
    « Quel grief avez-vous contre lui ? a-t-il demandé à Weygand.
    — C’est un enfant », répond le généralissime.
    De Gaulle a bientôt cinquante ans.
     
    Il vient d’apprendre par la radio la nouvelle de sa nomination. C’est l’instant du destin.
    Il rassemble les officiers de sa division qui l’attendent au garde-à-vous. Il serre la main de chacun d’eux.
    « Je tiens à vous remercier, dit-il. Je suis fier de vous. Vous saurez faire votre devoir. »
    Puis, après un « vous pouvez disposer », de Gaulle gagne la voiture qui doit le conduire à Paris.

 
13 .
    Il est 3 h 30 du matin, ce mercredi 5 juin 1940. La nuit commence à bleuir dans les vallées de la Somme et de l’Aisne. Et peu à peu surgissent dans les lueurs de l’aube les centaines de Panzers, les automitrailleuses, les camions dans lesquels s’entassent les soldats de l’infanterie motorisée. Les motocyclistes sont assis dans l’herbe et somnolent, le casque posé près d’eux.
    Les cent divisions allemandes, dont dix de Panzers, attendent le signal de l’attaque.
    Il faudra se saisir des ponts, franchir le canal de la Somme, percer, rouler vite, vers Rouen et Le Havre, c’est-à-dire atteindre la Seine, avec Paris comme objectif.
     
    Le général Rommel date la lettre qu’il écrit à sa « Très chère Lu » du 5 juin, 3 h 30 du matin.
    « La seconde phase de l’offensive commence aujourd’hui, précise-t-il. Nous traversons le canal dans une heure. Nous avons eu tout le temps et l’affaire a donc été bien préparée, autant qu’on puisse le prévoir. Je vais observer l’attaque d’assez loin, à l’arrière. Dans une quinzaine j’espère, la guerre sera terminée sur le continent. Des masses de courrier nous arrivent tous les jours. Tout le monde envoie ses félicitations. Je n’ai pas ouvert la moitié de ces lettres. Pas eu le temps. »
     
    L’attaque se déclenche à 4 h 30 sur un front de 300 kilomètres entre la mer et Longuyon, là où s’amorce la ligne Maginot.
    Les Panzers et l’infanterie motorisée rencontrent ici et là des résistances héroïques.
    Les unités de Rommel se heurtent ainsi au 12 e  régiment de tirailleurs sénégalais. Les combats sont acharnés, les pertes allemandes importantes et il faudra plusieurs heures aux soldats de Rommel pour s’emparer du village de Condé-Folie.
     
    La voiture dans laquelle se trouve le général est mitraillée. Rommel échappe de peu à la mort.
    « Des troupes coloniales françaises se défendent avec une grande bravoure, écrit-il, mais nos chars ont le dernier mot. »
    Les Sénégalais prisonniers sont séparés de leurs camarades blancs. Un officier indigène, le capitaine N’Tchoréré, est abattu d’une balle dans la tête pour avoir protesté contre cette décision.
    Peu après, des dizaines de Sénégalais et de soldats blancs sont abattus à la mitraillette et à la grenade.
     
    Rommel ne rapporte pas ces faits à sa « Très chère Lu ». Il évoque les nombreux soldats qui se rendent, « dont beaucoup paraissent ivres ».
    Le journaliste anglais

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