Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
1940-De l'abîme a l'espérance

1940-De l'abîme a l'espérance

Titel: 1940-De l'abîme a l'espérance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
Vom Netzwerk:
Alexandre Werth signale « une masse de soldats fatigués, démoralisés, dont beaucoup paraissent ivres, sans fusil, qui refluent dans Paris ». Car en dépit de ces poches de résistance, sur la Somme, sur l’Aisne où se distingue la 14 e  division d’infanterie commandée par le général Jean de Lattre de Tassigny, la ligne de défense française est percée.
     
    Les Panzers de Rommel foncent vers Rouen – le 7 juin, ils seront à 35 kilomètres de cette ville.
    Ils ignorent les soldats désarmés errant sur le bord des routes, les réfugiés, les civils apeurés qui s’enfuient, et certains imaginent que ces unités qui roulent à grande allure sont britanniques…
    Qui pourrait imaginer les Allemands sur la Seine, remontant vers Cherbourg ?
     
    Les Français ont écouté le général Weygand qui, le lundi 3 juin, à 10 heures, a adressé à ses troupes un ordre du jour martial !
    « La bataille de la France a commencé. L’ordre consiste à défendre nos positions sans penser à battre en retraite… Puisse la pensée de notre pays blessé vous inspirer irrévocablement et vous déterminer à tenir partout où vous êtes… Le destin de notre pays, la sauvegarde de nos libertés, l’avenir de nos enfants dépendent de votre ténacité. »
    Le dimanche 9 juin, alors que les Allemands ne sont plus qu’à 60 kilomètres de Paris, Weygand adresse aux troupes un nouvel ordre du jour, dans lequel il ose dire : « L’ennemi est au bout de son effort, nous sommes au dernier quart d’heure. »
     
    Qui peut croire Weygand ?
    Qui peut croire Paul Reynaud quand il adresse aux Français, le jeudi 6 juin, ce message empli de confiance :
    « Le rêve allemand d’hégémonie va buter contre la résistance française, car la France dressée aujourd’hui devant Hitler n’est pas celle d’entre les deux guerres. C’est une autre France. De même l’Angleterre qui combat Hitler n’est pas l’Angleterre de ces vingt dernières années. Nous autres Français de juin 40 n’avons qu’une pensée : sauver la France. Et tous les membres du gouvernement sont animés d’une volonté commune de vaincre. »
    Ces mots s’adressent à un peuple accablé, à des centaines de milliers de Français qui s’enfuient vers le sud, tramant, poussant, conduisant toutes sortes de véhicules sur lesquels sont arrimés les objets les plus précieux et les plus dérisoires. C’est l’exode qui mêle civils et soldats désarmés.
    Cette foule hagarde est mitraillée par la Luftwaffe, et les gens se précipitent dans les fossés des bords de la route, puis reprennent leur marche, abandonnant les morts et les enfants devenus en une poignée de minutes des orphelins.
    Cette réalité, durant quelques heures, les mots la masquent encore tant les illusions sur la force de la France ont été grandes, tant on a voulu croire que l’armée victorieuse de 1918 était invincible.
    Churchill lui-même a été dupe, mais dès ce jeudi 6 juin il prend la mesure du désastre. Il téléphone à Reynaud, au général Spears, son représentant auprès du gouvernement et de l’état-major français.
    On devine son angoisse quand il demande :
    « Est-ce qu’il existe un véritable plan de bataille ? Que feront les Français si leurs lignes sont enfoncées ? Le projet de réduit breton est-il sérieux ? Existe-t-il une autre solution ? »
     
    Le major Spears, qui côtoie Pétain, Weygand, Reynaud et ses ministres, ne peut dissimuler à Churchill ce qu’il voit, entend, surprend.
    Alors que le sort de la nation est en jeu, les rivalités divisent les hommes censés « être animés d’une volonté commune de vaincre ».
    Pétain et Weygand ne cachent plus leur volonté d’imposer la conclusion d’un armistice avec Hitler. La comtesse Hélène de Portes, maîtresse de Reynaud, partage cette opinion. Or, elle est omniprésente, influençant Reynaud de toute sa volonté.
    William Bullitt, l’ambassadeur des États-Unis, télégraphie, le jeudi 6 juin, au président Roosevelt – que Reynaud ne cesse de solliciter :
    « Les Français qui se battent méritent mieux que d’être gouvernés par la maîtresse d’un président du Conseil… Ce soir, Reynaud lui a interdit d’entrer dans la pièce où il venait pour vous parler au téléphone. Elle est entrée néanmoins et quand il lui a ordonné de quitter la pièce, elle a refusé. Je pense que vous devriez à l’avenir éviter de telles conversations, car

Weitere Kostenlose Bücher