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1940-De l'abîme a l'espérance

1940-De l'abîme a l'espérance

Titel: 1940-De l'abîme a l'espérance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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questions décisives, aucune n’est tranchée.
    Pétain, hautain et solennel, rejette toute idée de quitter le territoire français : ce serait pour le gouvernement une désertion. Point d’Afrique du Nord. Et il est impossible d’organiser avec des troupes en pleine débandade un réduit breton.
    « L’armistice est une nécessité, elle est la condition de la pérennité de la France éternelle », dit-il.
    Weygand, théâtral, annonce qu’on vient de lui annoncer qu’un gouvernement communiste, présidé par Maurice Thorez, le secrétaire général du parti, déserteur par ailleurs, vient de se constituer à Paris.
    Georges Mandel, ministre de l’Intérieur, quitte le Conseil et revient quelques minutes plus tard démentir la nouvelle.
    Pétain intervient de nouveau, évoque l’armistice, efface ainsi la manœuvre et le mensonge de Weygand.
    « Je resterai parmi le peuple français pour partager sa peine et ses misères », dit-il, ajoutant que « la renaissance française sera le fruit de la souffrance ».
    Il est évident que Weygand et Pétain veulent non seulement l’armistice mais aussi le pouvoir.
     
    C’est la nuit du jeudi 13 au vendredi 14 juin 1940.
    De Gaulle vient de terminer sa lettre de démission quand Mandel le convoque à la préfecture de Tours.
    Le bâtiment est plongé dans l’obscurité. Mandel, élégant, pâle, le cou serré dans un haut col blanc, parle avec gravité.
    « Il y a comme un relent de coup d’État militaire dans les propos de Pétain et de Weygand, dit-il. De toute façon, nous ne sommes qu’au début de la guerre mondiale. »
    Il se penche vers de Gaulle :
    « Vous avez de grands devoirs à accomplir, général. Mais avec l’avantage d’être au milieu de nous tous un homme intact. »
    Il pointe le doigt, condamne l’idée d’une démission de De Gaulle.
    « Ne pensez qu’à ce qui doit être fait pour la France, et songez que, le cas échéant, votre fonction actuelle pourra vous faciliter les choses. »
    Il s’interrompt pour répondre à un appel téléphonique.
    « Les avant-gardes allemandes entrent dans Paris », dit-il.

 
15 .
    Un motocycliste allemand, à 3 h 40, ce vendredi 14 juin, traverse la place Voltaire et le bruit du moteur déchire le silence qui a englouti les quartiers de Paris. Ce soldat casqué, les pans de son manteau de cuir battant ses flancs, est seul dans les rues vides.
    Une fine poussière grise comme une neige sale recouvre les chaussées.
    Les vents d’ouest ont poussé sur la capitale les cendres des incendies qui ont détruit, de Rouen jusqu’à Colombes et Port-Marly, les réservoirs de pétrole de la vallée de la Seine.
    Les rues se remplissent du bruit du moteur de l’éclaireur allemand puis le silence retombe.
     
    À Sarcelles, un officier français, le commandant Devouges, s’avance, portant un drapeau blanc, vers le groupe d’officiers allemands qui l’attendent pour, non pas négocier, mais l’informer des dispositions prises par l’état-major du général Block, commandant le groupe d’armées B, pour pénétrer et occuper Paris.
    Si le général gouverneur ne peut obtenir l’adoption de cette solution pacifique, la résistance de la ville sera brisée par les moyens les plus rigoureux, « sur terre et dans les airs ».
    Les ponts ne doivent pas être détruits. L’eau, l’électricité doivent continuer à être distribuées. La police peut garder ses armes afin d’assurer l’ordre. La population ne sortira pas de chez elle pendant les premières quarante-huit heures.
    Le commandant Devouges signe.
     
    À 5 h 20, des compagnies de soldats allemands occupent la gare du Nord et la gare de l’Est, mettent des canons antichars en batterie. Les casernes sont encerclées. Les motocyclistes sillonnent les différents quartiers.
    À 5 h 50, les Allemands patrouillent sur le boulevard Saint-Michel. Quelques minutes plus tard, des officiers réquisitionnent l’hôtel de Crillon.
    À 8 h 30, une vingtaine de motocyclistes remontent les Champs-Élysées.
     
    Paris a capitulé !
    La nouvelle se répand dans les unités allemandes. Pour quelques minutes, la discipline cède la place à l’exubérance. « Un grand jour dans l’histoire de l’armée allemande », note le général Halder dans son journal.
    Le général Block, qui entre dans Paris, constate :
    « La ville est à peu près vide : apparemment, seule la population la plus pauvre est restée. Elle se tient,

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