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1940-De l'abîme a l'espérance

1940-De l'abîme a l'espérance

Titel: 1940-De l'abîme a l'espérance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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elle-même ! Le gouvernement Pétain désignera bientôt son ambassadeur à Paris.
    Peut-on imaginer plus grande humiliation et plus honteuse vilenie ?
    Quelles que soient la cruauté de « l’affreuse canonnade d’Oran » et les souffrances qu’elle a engendrées – 1 297 morts ! –, le choix est clair et le lundi 8 juillet 1940, de Gaulle parle à la BBC.
    Il s’était exprimé le mardi 2 juillet. Il avait dit : « L’âme de la France est avec ceux qui continuent le combat. » Mais le drame de Mers el-Kébir n’avait pas encore eu lieu.
    Ce lundi 8 juillet, il faut l’affronter.
     
    « J’en parlerai nettement, sans détour, car dans un drame où chaque peuple joue sa vie, il faut que les hommes de cœur aient le courage de voir les choses en face et de les dire avec franchise », commence-t-il.
    Il dit sa « douleur », sa « colère » devant ce « drame déplorable et détestable ».
    Mais « j’aime mieux savoir, même le Dunkerque, notre beau, notre cher, notre puissant Dunkerque échoué devant Mers el-Kébir, que de le voir un jour, monté par des Allemands, bombarder des ports anglais ou bien Alger, Casablanca, Dakar.
    « En amenant cette canonnade fratricide, puis en cherchant à détourner contre des alliés trahis l’irritation des Français, le gouvernement qui fut à Bordeaux est dans son rôle, dans son rôle de servitude…
    « Les Français dignes de ce nom ne peuvent méconnaître que la défaite anglaise scellerait pour toujours leur asservissement… Nos deux grands peuples demeurent liés l’un à l’autre. Ils succomberont tous les deux ou bien ils gagneront ensemble.
    « … Quant à ceux des Français qui demeurent encore libres d’agir suivant l’honneur et l’intérêt de la France, je déclare en leur nom qu’ils ont, une fois pour toutes, pris leur dure résolution.
    « Ils ont pris, une fois pour toutes, la résolution de combattre. »
     
    Ce lundi 8 juillet 1940, à l’ Olympia Hall , Daniel Cordier et ses camarades écoutent ce discours de De Gaulle, sur un poste de TSF que Cordier vient d’acheter.
    Cordier, au fur et à mesure que les phrases se déroulent, « admire l’audace de cet homme qui exprime sans concession, non pas notre réaction passionnelle mais le point de vue de la France. Sa parole ne traduit pas une opinion mais une politique… Je suis bouleversé par ce discours. L’exposé sans chaleur qui m’a tant choqué lors de sa venue parmi nous le samedi 6 juillet prend, à la lumière de la tragédie de Mers el-Kébir, une grandeur digne du langage de la France. »

 
22 .
    C’est la fin de la journée du lundi 8 juillet 1940. Il va être 21 heures, le crépuscule étire, au-dessus de Vichy, ses voiles rouges.
    Des gardes mobiles, casqués, baïonnette au canon de leurs mousquetons, montent la garde autour de l’hôtel du Parc où va se tenir le Conseil des ministres, le dernier de la III e  République, espère Pierre Laval.
     
    Il vient encore de répéter à des députés et à des sénateurs ce qu’il a martelé toute la journée.
    « La démocratie parlementaire a perdu la guerre. Elle doit disparaître pour céder la place à un régime autoritaire, hiérarchisé, national et social. »
    Et quand il a rencontré des résistances, il a fixé ses contradicteurs de ses yeux mi-clos qui font dire à ses adversaires qu’il a le visage d’un Mongol, et il a dit :
    « Si les Assemblées ne comprennent pas leur devoir, gare au coup d’État militaire ! Je vous mets en garde, on nous guette ! »
     
    Il veut créer un climat de peur, terroriser les parlementaires.
    Dans les réunions qui se sont tenues toute la journée, ses partisans ont pris à partie les élus réticents. On les a houspillés, insultés.
    On a protesté quand on a vu arriver Paul Reynaud, la tête enveloppée dans un large et épais pansement. On a hurlé que c’était un scandale, une provocation de voir siéger le responsable de la guerre, de la défaite, l’employé de la City de Londres.
    Ce lundi 8 juillet, le jour où des avions torpilleurs anglais attaquent, dans la rade de Dakar, le cuirassé Richelieu qui, heureusement, n’a pas été coulé, et a riposté, comment accepter la présence de l’homme qui voulait vendre la France à Churchill ?
    Ces Anglais qui ne se satisfont pas d’avoir assassiné 1 297 marins français à Mers el-Kébir.
     
    Des bandes formées de membres du Parti populaire français de

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