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1940-De l'abîme a l'espérance

1940-De l'abîme a l'espérance

Titel: 1940-De l'abîme a l'espérance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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Doriot, des « cagoulards », adhérents de l’organisation fasciste, le CSAR (Comité secret d’action révolutionnaire), responsables de meurtres et d’attentats, parcourent les rues.
    Il n’est pas bon de s’appeler Blum, Herriot, Jeanneney, Reynaud, Daladier.
    « Le spectacle est affreux », dit Blum.
    La peur, la lâcheté, la vénalité, sont à l’œuvre.
    « Laval promet ambassades, préfectures et autres emplois avantageux », note Blum.
     
    Dans ce climat, le Conseil des ministres qui se réunit, ce lundi 8 juillet à 21 heures, et que préside encore Albert Lebrun, président de la République, ne fait qu’enregistrer les décisions prises par Laval.
    Demain, mardi 9 juillet, la Chambre des députés et le Sénat se réuniront séparément, l’une le matin, l’autre l’après-midi. Les parlementaires voteront le projet de constitution et d’attribution des pleins pouvoirs à Pétain.
    Le lendemain, ils se réuniront en Congrès, et cette Assemblée nationale votera à son tour. Et c’en sera fini de la République !
    « Chacun, écrit Albert Lebrun, a le sentiment de l’inutilité d’un débat, car on sait par les événements des jours passés que les jeux sont faits. On se sent pris dans une atmosphère lourde, méphitique, qui vous annihile. Moi-même, j’éprouve à présider ce Conseil qui sera le dernier une tristesse profonde. »
     
    Léon Blum et quelques autres sont révulsés, accablés devant la bassesse avec laquelle Laval et ses partisans s’évertuent à donner des gages à Hitler, à singer le régime politique mis en place par le Führer, espérant ainsi attirer ses bonnes grâces.
    « Un vaincu ne doit pas être un vassal, tente d’expliquer Léon Blum. S’imaginer que par prévenance aux vœux intimes de Hitler, on apaisera son orgueil et modérera sa haine, est une chimère insensée… Pourquoi supposer d’ailleurs que s’il existait un moyen de fléchir ou de séduire Hitler, ce serait la bassesse ? »
     
    Mais le mardi 9 juillet, les voix discordantes ne peuvent se faire entendre.
    Dans la salle du Grand Casino où se réunissent la Chambre des députés – le matin – puis le Sénat – l’après-midi –, les cris jaillissent dès qu’un opposant veut intervenir.
    La présence – muette – de Paul Reynaud déclenche la fureur d’un jeune député d’extrême droite, Tixier-Vignancour.
     

     
    Il dépose une motion demandant le jugement et la punition des « responsables du désastre ».
    Édouard Herriot, le maire de Lyon, républicain, radical-socialiste qui préside la Chambre des députés – invoque le règlement pour écarter la motion de Tixier-Vignancour.
    « Je conteste le règlement qui nous empêche de discuter la punition des coupables alors qu’il permet à Paul Reynaud de venir se montrer dans cette assemblée », répond Tixier-Vignancour.
    D’une voix pathétique, Herriot en appelle à l’unité, à l’approbation unanime du projet. Et il rend un vibrant hommage à Pétain.
    « Autour de M. le maréchal Pétain, dans la vénération que son nom inspire à tous, notre nation s’est groupée en sa détresse. Prenons garde de ne pas troubler l’accord qui s’est établi sous son autorité. »
    395 députés contre 3 votent la résolution gouvernementale. Cette Chambre avait en 1936 apporté son soutien au Front populaire par 384 voix… Blum était président du Conseil.
     
    Aucune personnalité éminente n’a rallié le général de Gaulle à Londres. Mais toutes les élites politiques soutiennent Pétain. Et le grand républicain Herriot donne l’exemple.
     
    Jules Jeanneney, qui préside la réunion du Sénat, dépasse Herriot dans l’hommage à Pétain.
    « J’atteste à M. le maréchal Pétain notre vénération et la pleine reconnaissance qui lui est due pour un don nouveau de sa personne… Nous savons la noblesse de son âme…
    « À la besogne ! Pour forger à notre pays une âme nouvelle, pour y faire croître force créatrice et foi, la muscler fortement aussi, y rétablir enfin, avec l’autorité des valeurs morales, l’autorité tout court. » 229 députés contre 1 votent le texte du gouvernement qui scelle le tombeau de la République.
     
    Le lendemain matin, mercredi 10 juillet 1940, la Chambre des députés et le Sénat se réunissent à huis clos au Grand Casino, que des cordons de gardes mobiles – casqués, baïonnette au canon – encerclent, vérifiant

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