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1940-De l'abîme a l'espérance

1940-De l'abîme a l'espérance

Titel: 1940-De l'abîme a l'espérance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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condamné à mort par un nouveau tribunal militaire. »
    De Gaulle est le premier condamné à mort du gouvernement de Vichy.
     
    « Les vieillards qui se soignent à Vichy, dit de Gaulle, emploient leur temps et leur passion à faire condamner ceux qui sont coupables de continuer à combattre pour la France… »
    Il murmure :
    « Maintenant, la France est à reconquérir. »
    Puis d’une voix haute, il ajoute :
    « Il n’y a pas de France sans épée. Je suis un soldat français, à qui, pour l’instant, incombe le grand devoir de parler seul au nom de la France. »

 
26 .
    En ce début du mois d’août de l’an 1940, de Gaulle parle et on l’entend.
    Il dit, revenant sur sa condamnation :
    « On reconnaîtra bientôt qui trahit et qui sert la France. »
     
    Chaque jour, la BBC retransmet l’émission de la France Libre, animée par Maurice Schumann, à la voix chaleureuse. «  Honneur et Patrie : les Français parlent aux Français  » L’indicatif, les sons sourds d’un gong, suivis par les mots «  Ici Londres  », des millions de Français les attendent, collant leur oreille au poste de TSF, de crainte d’être repérés, dénoncés.
    Ils ne sont pas dupes de la propagande allemande qui s’avance, masquée sous des prête-noms français, journalistes à gages ou personnalités qui ont choisi de défendre la collaboration et le gouvernement de Vichy.
    Ils entendent Churchill qui déclare le mardi 20 août :
    « Si la France gît, prostrée, c’est le crime de ce gouvernement de fantoches. Les Français Libres ont été condamnés à mort par Vichy, mais le jour viendra, aussi sûrement que le soleil se lèvera demain, où leurs noms seront glorifiés et gravés sur la pierre dans les rues et les villages d’une France qui aura retrouvé sa liberté et sa gloire d’antan au sein d’une Europe libérée. »
    Churchill exalte ses « héroïques compagnons » devant la Chambre des communes.
    Les Français « occupés », « humiliés », retrouvent à entendre le Premier Ministre anglais un peu de leur fierté perdue.
    À Vichy, on mesure l’écho de cette « radio anglaise », même si des foules toujours aussi denses et enthousiastes accueillent – à Marseille, à Toulouse – le maréchal Pétain.
    Le beau vieillard de quatre-vingt-quatre ans continue d’être l’objet d’un culte, que les hommes de Vichy organisent et entretiennent.
    On doit chanter Maréchal, nous voilà dans les écoles.
    Il est conseillé d’adhérer à la Légion française des combattants qui rassemble les « poilus » de 14-18. Il est de bon ton d’arborer à la boutonnière la « francisque » qui en est l’emblème et dont la hampe est constituée par le bâton étoilé de maréchal.
     
    Mais cet attachement réel, populaire, à la personne du Maréchal, ne peut suffire à susciter l’adhésion à la politique du gouvernement de Vichy.
    On le découvre incapable de s’opposer aux exigences allemandes, au pillage de la nation.
    L’outillage moderne des usines est démonté, transporté outre-Rhin. Le docteur Roos, représentant en zone occupée du Front du travail hitlérien, dont la politique prédatrice provoque le chômage, commence à embaucher des ouvriers pour l’Allemagne.
    Le docteur Hemmen réclame pour « les frais d’entretien des troupes d’occupation » une indemnité journalière de 20 millions de Reichsmarks, non compris les frais de cantonnement des troupes ! Les sommes réclamées correspondent à l’entretien de 18 millions d’hommes !
    Et le docteur Hemmen exige un arriéré de plus de un milliard de Reichsmarks.
    Les Français de la zone occupée voient ainsi les Allemands – dont la solde est généreuse – dévaliser les boutiques.
    Et de l’amertume et du désespoir, des privations, naît une colère, qu’on refoule, parce qu’on se sent impuissant et qu’on n’ignore pas l’implacable brutalité allemande et nazie.
     
    En ce mois d’août, dans la seule ville de Rennes, un lycéen, une blanchisseuse, deux couturières, un ouvrier ont été condamnés – entre huit jours et trois mois de prison – pour avoir « publiquement offensé » l’armée allemande.
    Un tâcheron qui a déchiré des proclamations affichées par la Kommandantur écope de la peine la plus lourde.
    À Bordeaux, le mardi 27 août, un homme est fusillé pour avoir montré le poing au passage des troupes allemandes. Il est de nationalité polonaise et

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