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1940-De l'abîme a l'espérance

1940-De l'abîme a l'espérance

Titel: 1940-De l'abîme a l'espérance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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participé à un raid de bombardement de l’Allemagne.
     
    Pour Vichy, de Gaulle c’est, comme Churchill – ou pis encore –, l’ennemi irréductible qu’il faut abattre.
    Mais aux côtés des hommes de Vichy qui l’accablent de leurs accusations de trahison, et des juges militaires qui préparent son procès, L’Humanité dans l’un de ses numéros clandestins jette sa pierre au Général.
    On peut lire :
    « Pas pour l’Angleterre.
    « Le général de Gaulle et autres agents de la finance anglaise voudraient faire battre les Français pour la City et ils s’efforcent d’entraîner les peuples coloniaux dans la guerre.
    « Les Français répondent le mot de Cambronne à ces messieurs.
    « Quant aux peuples coloniaux, ils pourraient bien profiter des difficultés que connaissent leurs oppresseurs pour se libérer.
    « Vive l’indépendance des peuples coloniaux. »
     
    Ces attaques contre de Gaulle indiquent qu’il devient un acteur à part entière de la guerre.
    La France Libre ne compte que quelques milliers d’hommes, mais de Gaulle parle au nom de la France, et il conquiert en Afrique, dans le Pacifique, une assise territoriale.
    Sa personnalité s’impose.
    Il visite des camps de Volontaires, harangue les jeunes engagés, veille à en rencontrer quelques-uns en tête à tête.
    Daniel Cordier est l’un de ceux-là.
    « Dans une extase identique à celle des Apôtres, écoutant la parole du Christ, je reçois celle du Général », écrit-il.
    Un camarade de Cordier, François Jacob [6] , écoute dans ce même camp d’Aldershot le Général et le décrit :
    « Il avait la majesté d’une cathédrale gothique. La solidité d’un pilier gothique… Sa voix même, profonde, hachée, semblait ricocher sous des voûtes comme un chœur au fond d’une nef gothique. Il parla. Il fulmina. Il tonna contre le gouvernement Pétain. Il dit les raisons d’espérer. Il prophétisa. »
    De Gaulle devient ainsi pour ces Français Libres « l’incarnation sacrée du patriotisme ». Leur combat pour nombre d’entre eux relève d’une mystique.
    Daniel Cordier note le dimanche 4 août dans son carnet :
    « J’engage toutes mes forces et toute ma vie à ce seul but : refaire une France libre et chrétienne.
    « Je promets à Dieu de réaliser dans ma vie un christianisme intégral et de rétablir l’ordre chrétien en France.
    « Seigneur, donnez-moi la force de combattre, la Victoire est à vous seul. »
     
    De Gaulle est en communion avec ces Volontaires.
    Mais il sait qu’il lui faut vivre dans la solitude du combattant, que Churchill qui l’accueille aux Chequers, la résidence de campagne du Premier Ministre, est un homme chaleureux, mais un Anglais implacable. Il l’a montré au début du mois à Mers el-Kébir.
    Il a besoin de la France Libre.
    Il vient d’attribuer à ces Free French un immeuble entier de sept étages, au 4, Carlton Gardens, sur l’emplacement de l’hôtel particulier de Palmerston, dans les beaux quartiers, entre le Mall et le Pall Mall, près des clubs illustres du quartier Saint James. Le loyer fixé est de 850 livres par mois.
    C’est le geste d’un allié. Mais le consul général du Canada est resté en poste à Vichy, aux côtés du maréchal Pétain. Car Churchill veut conserver un œil et une voix à Vichy.
    La guerre ne fait que commencer. Qui peut dire si, à un moment donné, Pétain ne sera pas pour l’Angleterre un partenaire plus docile que ce de Gaulle, connétable de la France  ?
    Tels sont les hommes qui font l’Histoire !
     
    Le samedi 3 août 1940, de Gaulle n’est pas surpris d’apprendre que le tribunal militaire permanent de la 1 re  région, siégeant à Clermont-Ferrand, l’a condamné à mort.
    Il connaît les trois généraux qui ont prononcé la sentence. Et La Laurencie, La Porte du Theil, Frère sont des patriotes. Mais ils sont aux ordres de Pétain et de Weygand. Dès lors :
    « Le colonel d’infanterie breveté d’état-major, en retraite, Charles de Gaulle, est condamné par contumace à la peine de mort, à la dégradation militaire et à la confiscation de ses biens, meubles et immeubles.
    « Pour les motifs : trahison, atteinte à la sûreté extérieure de l’État, désertion à l’étranger en temps de guerre, sur un territoire en état de guerre et de siège… »
     
    Paris-soir, devenu un quotidien « allemand », titre sur toute sa première page : « Le général de Gaulle

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