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1940-De l'abîme a l'espérance

1940-De l'abîme a l'espérance

Titel: 1940-De l'abîme a l'espérance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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soviétique. »
    Et Staline répond :
    « L’amitié des peuples d’Allemagne et d’Union soviétique, cimentée par le sang, a toutes raisons d’être durable et solide. »
     
    Qui peut être dupe ?
    Mais il faut, aussi longtemps que la France et l’Angleterre restent puissantes et donc menaçantes à l’ouest, donner des gages à ce barbare géorgien, plus tsar qu’un Russe. Alors, on lui vend ce qu’il réclame, du matériel de guerre, des machines pour fabriquer balles et obus, navires de combat. Et en échange, il cède le blé de l’Ukraine, le pétrole du Caucase, les minerais précieux de l’Oural.
    Et ce commerce, cette apparente bonne entente indignent certains dignitaires nazis, des officiers de la Wehrmacht, ou ce Mussolini, qui n’a même pas osé entrer en guerre. Mais cet aveu de faiblesse n’empêche pas le Duce de faire la leçon, et même de menacer.
    Hitler, furieux, a lu la lettre que Mussolini lui a adressée le 3 janvier :
    « Sans un coup de feu, écrit le Duce, la Russie a tiré profit de la guerre en Pologne et dans les régions de la Baltique. Mais moi, un révolutionnaire-né, je vous dis que vous ne pouvez sacrifier en permanence les principes de votre révolution aux exigences tactiques d’une certaine période politique… C’est mon devoir d’ajouter qu’un pas de plus dans vos relations avec Moscou aurait des répercussions catastrophiques en Italie… »
    Il faut agir à l’ouest, sous peine de s’enliser, de perdre l’élan qui a balayé la Pologne. Il faut conserver la même force. Et, dans un assaut fulgurant, briser la France et contraindre le Royaume-Uni à la négociation et à la paix. Que l’Angleterre se désintéresse de l’Europe continentale où le Reich doit seul régner.
    Hitler, le jour de l’an, s’adresse au peuple allemand.
    « Je n’ai pas voulu cette guerre, dit-il. Ce sont les Juifs et les profiteurs de guerre capitalistes qui l’ont déclenchée. Mais nous Allemands, unis à l’intérieur du pays, préparés économiquement et armés militairement au plus haut degré, nous entrons dans l’année la plus décisive de l’histoire de l’Allemagne… Que l’année 1940 apporte la décision. Elle sera, quoi qu’il arrive, notre victoire. »
     
    Ce mercredi 10 janvier 1940, Hitler ordonne que les forces armées soient prêtes pour l’offensive à l’ouest, fixée au 17 janvier, quinze minutes avant le lever du soleil, soit à 8 h 16.
    L’aviation doit commencer son attaque le 14 janvier, sa tâche étant de détruire les terrains d’envol ennemis en France, mais ni en Belgique ni en Hollande. Ces deux pays neutres doivent rester dans l’incertitude jusqu’à l’heure H.
     
    Ce mercredi 10 janvier 1940, le commandant Hoenmanns, qui pilote l’avion à bord duquel se trouve le commandant Helmut Reinberger, vole au ras du sol. Hoenmanns cherche à suivre le Rhin, mais le fleuve a disparu et, à l’infini sous le ciel bas et sombre, se déroule seulement une vaste plaine enneigée.
    « Le Rhin est gelé », murmure Hoenmanns, au moment où le moteur tousse, s’arrête, repart quelques secondes, puis cesse de nouveau. On n’entend plus que le bruit du vent, de la descente en vol plané vers cette étendue morne et blanche. Au loin, Reinberger distingue les toits d’un village et le clocher d’une église.
    « Est-on en Allemagne ? » interroge Reinberger.
    Le commandant Hoenmanns ne répond pas.

 
3 .
    Ils n’ont pas atterri en Allemagne.
    Le commandant Hoenmanns a découvert sur une plaque de signalisation à demi enfouie dans la neige le nom du village, Mechelen-sur-Meuse.
    « Belgique », a-t-il dit d’une voix sourde.
    Aussitôt, Helmut Reinberger s’est mis à courir en direction d’une haie qui avait retenu la neige et formait ainsi une sorte de paravent. Il ouvrait sa sacoche et commençait à déchirer les documents, puis tentait d’y mettre le feu, s’y prenant à plusieurs fois, répétant au commandant Hoenmanns qu’il s’agissait du plan détaillé de l’offensive.
    Il fallait le détruire à tout prix. Il attisait le feu, n’hésitant pas à plonger ses mains dans les flammes, à remettre dans le foyer les pages à demi consumées.
     
    Et tout à coup ces voix, ces deux silhouettes d’hommes armés de fusils les pointant en direction de Reinberger, criant qu’ils étaient des gardes-frontières.
    Ils exigeaient des officiers allemands qu’ils s’écartent du feu, et

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