1941-Le monde prend feu
d’une
attaque de Panzers.
Plus loin, des avions anglais volant en rase-mottes
attaquent à deux reprises la voiture de Rommel et le détachement de sécurité
qui l’accompagne. Son chauffeur, son estafette motocycliste sont tués et Rommel
prend lui-même le volant pour rejoindre son poste de commandement.
L’offensive se poursuit.
Rommel ne dispose plus que d’une cinquantaine de chars, mais
il compense ses maigres effectifs par la mobilité et la ruse. La chance aussi :
les Allemands capturent la presque totalité de l’état-major britannique !
Il devine qu’à Berlin, on condamne ses initiatives.
On lui rapporte que le général Halder a déclaré que Rommel
est devenu « complètement fou », qu’il a une « ambition
pathologique ».
Rommel se justifie :
« Jamais encore au cours d’une guerre moderne on n’a
lancé une offensive aussi improvisée. L’opération exige le maximum d’initiatives
de la part du commandement et des troupes… L’énergie déployée par un chef a
souvent plus d’importance que ses dons intellectuels. Voilà ce que les
officiers imbus de théories ne comprennent pas ; mais pour un esprit
pratique, c’est l’évidence.
« À dater du jour où un contact étroit s’établit entre
mes troupes et moi, les soldats accomplissent tout ce que j’exige d’eux… »
Presque chaque jour, il griffonne dans son véhicule des
lettres à Lu.
En ce début du mois d’avril 1941, l’Afrique semble se donner
à lui, et la « guerre éclair » – la Blitzkrieg – lui
rappelle la campagne de France d’il y a un an à peine.
Le 3 avril, il écrit :
« Nous attaquons depuis le 31 mars avec un succès
étonnant… Le Führer m’a envoyé ses félicitations pour ce succès imprévu ainsi
que ses instructions pour les opérations prochaines. Celles-ci concordent
entièrement avec mes idées… »
Le 5 avril, il raconte :
« Ce matin, départ à 4 heures. Le front d’Afrique
est en mouvement. Espérons que le grand coup que nous frappons maintenant
réussira. Je continue à très bien me porter. La vie simple d’ici me convient
mieux que la bonne chère de France. Comment allez-vous tous les deux ? »
Le 10 avril, Tobrouk. La place forte tenue par les Britanniques
est en vue.
« J’ai atteint la mer avant-hier soir après une longue
marche à travers le désert, écrit-il à Lu. Il me semble merveilleux d’être
parvenu jusqu’ici malgré les Anglais.
« Je vais bien. Ma caravane est enfin arrivée au début
de la matinée et j’espère pouvoir y coucher de nouveau. »
Le 11 avril 1941, Rommel a donc chassé les Anglais de
Cyrénaïque. Ils ont été ramenés en Égypte, à l’exception d’un petit détachement
enfermé dans Tobrouk.
Tous les succès du général Wavell contre les Italiens
obtenus dans les trois premiers mois de l’année 1941 sont effacés.
Le 22 avril, les généraux italiens Garibaldi et Roatta,
accompagnés par Teruzzi, ministre du Duce, décorent Rommel de la « médaille
de la bravoure » et de la croix « pour le mérite ».
« Mais tous ces hochets ont si peu d’importance dans la
vie que nous menons, note Rommel. J’ai pu dormir tout mon content, au cours de
ces derniers jours, de sorte que me voilà de nouveau parfaitement dispos.
« Une fois Tobrouk tombé, ce qui sera, je l’espère, dans
dix ou quinze jours, notre situation deviendra très solide. Nous prendrons
alors quelques semaines de repos avant d’entreprendre autre chose.
« Comment allez-vous tous les deux ?
« Il doit y avoir un tas de courrier au fond de la
Méditerranée…
« P-S : Pâques a passé sans qu’on s’en aperçoive… »
« La bataille pour l’Égypte et le Canal est maintenant
sérieusement engagée, écrit Rommel le 25 avril, et notre rude adversaire
se défend de toutes ses forces. »
Il ajoute :
« En Grèce, ce sera sans doute rapidement réglé maintenant. »
Depuis le 6 avril 1941, note Rommel, les troupes allemandes
sont entrées en Yougoslavie et en Grèce.
Et les Balkans sont en feu.
7.
Rommel ne s’est pas trompé.
Il a suffi de trois semaines pour que les Panzerdivisionen
du Feldmarschall von Kleist entrent le 27 avril 1941 à Athènes et hissent
le drapeau à croix gammée au sommet du Parthénon.
L’armée grecque n’était plus qu’un troupeau de plus de 200 000 têtes,
accablée, désespérée, humiliée, contrainte à la
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