1941-Le monde prend feu
reddition. Et les 680 000 soldats
allemands de la XII e armée du Feldmarschall von List dominaient
les États balkaniques – Bulgarie, Hongrie, Roumanie –, occupaient la
Yougoslavie, et naturellement depuis octobre 1939 la Pologne.
Les 55 000 Anglais débarqués en Grèce sur l’ordre
de Churchill afin de soutenir, à compter du mois de février 1941, les Grecs qui
refoulaient partout les armées italiennes en déroute devaient maintenant, avec
quelques milliers de Grecs, rembarquer, sous les bombardements de la Luftwaffe.
C’était Dunkerque en mer Égée, la fuite vers la Crète. Et en
ces mois d’avril-mai 1941, c’était donc un second printemps de guerre triomphal
que pouvait fêter le Führer.
Et il le fait, le 4 mai 1941, dans un discours prononcé
au Reichstag, grandiloquent et sarcastique, déchaînant l’enthousiasme lorsqu’il
fustige Churchill et les Juifs.
« Churchill stratège amateur, dit-il la voix rauque, est
l’être le plus assoiffé de carnage que l’Histoire ait connu… Depuis plus de
cinq ans, avec une obstination de maniaque, il cherche d’un bout à l’autre de l’Europe
quelque chose à incendier…
« En tant que soldat c’est un mauvais politicien, en
tant que politicien un mauvais soldat… Mais M. Churchill possède cependant
un don remarquable, celui de mentir en affectant une pieuse impassibilité et de
présenter les plus terribles défaites sous couleur de glorieuses victoires…
« Cet incurable touche-à-tout qui se mêle de stratégie
vient ainsi de perdre sa mise sur deux tableaux à la fois : la Grèce et la
Yougoslavie.
« Dans tout autre pays que l’Angleterre Churchill
serait traduit en Haute Cour…
« L’état anormal de son cerveau ne peut s’expliquer que
par une atteinte de paralysie générale et ses divagations par l’ivrognerie. »
Avril-mai 1941 : second printemps de guerre accablant
pour l’Angleterre.
Les troupes de Rommel avancent vers l’Égypte.
L’Angleterre est toujours seule.
Et Churchill, ce même 4 mai où Adolf Hitler le traite
de fou, d’incapable, de menteur et d’ivrogne, lance un nouvel appel au secours
au président Roosevelt :
« Si nous perdons l’Égypte et le Moyen-Orient, lui
écrit-il, la poursuite de la guerre deviendra une longue, décevante et dure
entreprise. »
Mais
aux États-Unis même, le héros national Charles Lindbergh, célèbre pour avoir en
1927, à bord de son avion Spirit of St Louis, volé le premier d’une rive
de l’Atlantique à l’autre, et animateur du Comité America First, mène
campagne contre Churchill, pour la neutralité de l’Amérique.
Il rentre d’un voyage en Allemagne en ce printemps de 1941. Il
déclare devant plusieurs milliers de personnes :
« Le gouvernement britannique trame en ce moment une
dernière manœuvre désespérée : nous mener à envoyer une seconde fois en
Europe un corps expéditionnaire américain, voué à partager sa faillite
militaire et financière. L’Angleterre est coupable d’avoir incité les nations
plus faibles à se lancer dans une bataille perdue d’avance. »
Roosevelt stigmatisera « Charles Lindbergh le
défaitiste » et celui-ci démissionnera de son grade de lieutenant-colonel
de réserve de l’US Air Force, mais le mal est fait.
Ce second printemps de guerre est triomphal pour Hitler.
La Blitzkrieg, de la Libye à la Grèce, vient une
nouvelle fois de montrer son efficacité.
Et ce printemps 1941 désespère les peuples écrasés sous la
domination nazie.
Les plus martyrisés sont ceux des Balkans et de Pologne. À l’ouest
de l’Europe, en France, en mai-juin 1940, les officiers de la Wehrmacht étaient
« corrects », assis à la terrasse du Café de la Paix , place de
l’Opéra à Paris, ou applaudissant, en sablant le champagne, les revues dénudées
du Lido et des Folies-Bergère.
Mais à l’est de l’Europe, les Polonais, les Slaves, les
orthodoxes, les Juifs sont pour les Allemands des Untermenschen, des « sous-hommes »,
que les soldats pillent, violent, tuent.
Un Grec témoigne :
« Mais où est passé le traditionnel sens allemand de l’honneur ?
J’ai vécu treize ans en Allemagne et personne ne m’a jamais trompé.
« Désormais, avec le Nouvel Ordre, ils sont tous
devenus des voleurs. Ils vident les maisons de tout ce qui leur tape dans l’œil.
Chez Pistolakis, ils ont pris les taies d’oreiller et pillé la
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