1941-Le monde prend feu
après la
victoire, le Lebensraum – l’espace vital – de la race
germanique comprennent que l’enjeu est tel qu’il faut abandonner les vieilles
règles du combat, armée contre armée.
Cette guerre sera le heurt de deux idéologies. Le
national-socialisme contre le bolchevisme, les hommes contre les sous-hommes.
La pitié doit être exclue dans ce corps à corps qui décidera
du destin du Reich, de l’Europe, du monde.
Il faut que les chefs d’état-major des trois armes – Wehrmacht,
Kriegsmarine, Luftwaffe – soient convaincus qu’il n’est plus temps de
conserver les préjugés de caste que les officiers, souvent des aristocrates, appellent
l’honneur du soldat.
Il n’y a qu’un seul honneur, il s’appelle Victoire et pour
l’obtenir tous les moyens sont bons.
Hitler a réuni les chefs d’état-major. Ils sont assis devant
lui. Ils devront comprendre, obéir.
« Le caractère que présente notre guerre contre la
Russie, commence Hitler, est tel qu’il doit exclure les formes chevaleresques.
« Il s’agit d’une lutte entre deux idéologies, entre
deux conceptions raciales. Il importe donc de la mener avec une rigueur sans
précédent et implacable.
« Tous, vous allez devoir vous libérer de vos scrupules
périmés. »
Il s’interrompt, dévisage l’un après l’autre ces généraux, ces
Feldmarschall, ces amiraux.
Tous baissent les yeux comme s’ils ne pouvaient soutenir son
regard. Il est le Führer. Ils lui ont prêté serment. Il est le chef des armées
du Reich.
Hitler en est persuadé : à la fin tous obéiront.
« Je sais que l’obligation où nous sommes d’adopter
cette façon de faire la guerre vous échappe, reprend-il, chargeant sa voix de
colère et de mépris.
« Mais je tiens formellement à ce que mes ordres soient
obéis sans discussion.
« L’idéologie soviétique est aux antipodes de celle qui
régit le national-socialisme. Par conséquent… »
Il laisse le silence se répandre, jusqu’à ce que la tension
dans la salle devienne palpable.
« Par conséquent, les Soviétiques doivent être liquidés !
Liquidés !
« Les soldats allemands coupables de contrevenir aux
lois internationales de la guerre seront innocentés. »
Il ricane :
« Innocentés ! L’Union soviétique n’ayant pas
adhéré à la Convention de La Haye ne pourra s’en réclamer ! »
Les von Manstein, les von Rundstedt, les Halder, les Brauchitsch,
les Keitel vont juger scandaleuse, outrageante, cette Kommissarbefehl – cette directive qui vise les « commissaires politiques », ces
membres du parti communiste chargés de surveiller, d’encadrer soldats et
officiers.
Ces « Soviets »-là, souvent juifs, comment ces
généraux, ces maréchaux pourraient-ils les défendre, eux qui, depuis 1917, dénoncent
les « bolcheviques » qui ont voulu détruire l’armée allemande, comme
ils avaient décomposé l’armée du tsar !
Et pourtant, ces généraux murmurent, protestent auprès du
commandant en chef von Brauchitsch.
Mais, Hitler en est persuadé, tous plieront, ou laisseront
faire leurs subordonnés, détournant les yeux, ne voulant ni voir ni savoir.
Et sur son ordre, d’autres directives vont compléter, préciser
la Kommissarbefehl.
Elles se succèdent tout au long du mois de mai 1941.
Pour fusiller toute personne soupçonnée d’un acte criminel, il
n’est plus nécessaire de réunir un conseil de guerre ou une cour martiale.
« Un officier jugera s’il y a lieu de fusiller. »
On sera indulgent avec les Allemands. On se souviendra du
mal causé au Reich par les bolcheviques depuis leur révolution.
Hitler
précise aussi le sort réservé à la Russie. Elle sera dépecée, émiettée.
Il charge Himmler, Rosenberg, Goering de préparer le
démembrement de la Russie, dans le but de renforcer définitivement le « Grand
Reich allemand ».
Rosenberg – compagnon de Hitler depuis Munich et le « putsch
de la brasserie », cette tentative de prise de pouvoir en 1923 – déclare :
« Nos conquêtes à l’est doivent tenir compte avant tout
d’une nécessité primordiale : nourrir le peuple allemand. »
Goering, chargé de l’exploitation économique de la Russie, est
plus explicite.
Il faudra dépouiller la population de toutes réserves
alimentaires. Qu’elle se remette à des « cultures agricoles primitives ».
Et, entre-temps, qu’elle subisse la famine.
« Que
Weitere Kostenlose Bücher