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1941-Le monde prend feu

1941-Le monde prend feu

Titel: 1941-Le monde prend feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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lettre
flagorneuse sa rencontre du mois d’octobre 1940, à Montoire, avec Hitler.
    « La victoire de vos armes sur le bolchevisme offre
plus encore qu’il y a un an à cette collaboration un motif de s’affirmer
désormais en des œuvres pacifiques pour la construction d’une Europe
transformée », écrit Pétain.
    Et Hitler le rabroue, exige qu’on chasse le général Weygand
de son poste de chef de l’armée en Afrique du Nord.
    Le Führer dénonce les fourberies des Français, évoquant même
les seize mille Allemandes qu’auraient violées, en 1919, les Sénégalais !
     
    Mais durant cet automne et cet hiver 1941, Hitler ne se
contente pas de frapper avec des mots !
    Il fait exécuter des dizaines d’otages : quatre-vingt-dix-huit
en octobre et, à Paris du 8 au 14 décembre, cent autres !
    Le couvre-feu est fixé à 18 heures et une amende de un
milliard est infligée aux Juifs.
     
    Pétain a d’abord pensé, pour arrêter ces exécutions d’otages,
à se constituer prisonnier, en se rendant dans la zone occupée.
    « Nous sommes déshonorés, a-t-il dit, tout ce sang va
retomber sur nous. »
    Sa voix semble éteinte, ses yeux sont embués de larmes. Il
est devenu un vieillard sans ressort.
    Mais il renonce vite à toute idée de protestation.
    Il restera à Vichy. Il renverra Weygand comme l’exigent les
Allemands.
    À l’amiral Leahy qui l’interroge sur sa « capitulation »,
il répond seulement :
    « Je suis prisonnier. »
    L’ambassadeur américain constate :
    « Le maréchal Pétain n’est plus que le reflet émouvant
de celui qui a été autrefois le grand chef d’un grand peuple. »
     
    Émouvant ?
    Pétain trouve assez de force pour répondre au message de
fidélité que lui a envoyé le colonel Labonne qui, faute de meilleur candidat –
Labonne a été attaché militaire en Turquie et rien ne le qualifie pour diriger
une unité au cours d’une campagne de Russie –, commande la LVF.
    « À la veille de vos prochains combats, lui répond
Pétain, je suis heureux de savoir que vous n’oubliez pas que vous détenez une
part de notre honneur militaire…
    « En participant à cette croisade dont l’Allemagne a
pris la tête, acquérant ainsi de justes titres à la reconnaissance du monde, vous
contribuez à écarter de nous le péril bolchevique : c’est votre pays que
vous protégez ainsi en sauvant également l’espoir d’une Europe réconciliée… »
     
    Ce thème de la croisade, le cardinal Baudrillart, de l’Académie
française, recteur de l’Université catholique de Paris, le reprend et l’amplifie :
    « Entre christianisme et communisme, il ne peut y avoir
d’alliance, déclare-t-il.
    « En Russie, les volontaires de la LVF combattent pour
leur famille et pour leur patrie et en même temps pour la civilisation
chrétienne de l’Occident menacée depuis longtemps par la barbarie communiste. »
    Le cardinal cite Péguy, évoque Saint Louis, Jeanne d’Arc.
« Ce qui se joue, poursuit-il, c’est l’affrontement dans un combat
définitif des puissances du Bien et du Mal… »
    Les « légionnaires se rangent parmi les meilleurs fils
de France.
    « Notre Légion est l’illustration agissante du Moyen
Âge de notre France des cathédrales ressuscitée…
    « En vérité, cette Légion constitue, à sa manière, une
chevalerie nouvelle. Ces légionnaires sont les croisés du XX e  siècle.
Que leurs armes soient bénies ! Le tombeau du Christ sera délivré ! ».
     
    Le cardinal Baudrillart exprime avec vigueur l’une des
justifications de la collaboration.
    Et deux comités d’honneur se constituent – l’un en zone
occupée, l’autre en zone libre – pour inciter à l’enrôlement dans la
Légion des volontaires français contre le bolchevisme.
    Des académiciens – Baudrillart, Abel Bonnard, Abel
Hermant –, des écrivains – Alphonse de Châteaubriant –, des
savants – Georges Claude –, des membres de l’institut – Auguste
Lumière – en font partie.
    L’antibolchevisme incarné dans la LVF rassemble ainsi tous
les courants de la collaboration ; le « conservateur » et le « révolutionnaire »,
Vichy et Paris.
    Le maréchal Pétain, longtemps hostile à toute collaboration
militaire avec l’Allemagne, reçoit deux fois le « lieutenant »
Jacques Doriot, décoré de la croix de fer.
    Et le fondateur du Parti populaire français – qui
combat sous l’uniforme allemand –

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