1941-Le monde prend feu
célèbre les légionnaires morts en Russie
« aux côtés de camarades allemands tués dans la même bataille ».
« Ils symbolisent, affirme Doriot, la réconciliation de
deux grands peuples européens que nous voulons complète. »
34.
Doriot
pérore, prend la parole à Paris, au Vélodrome d’Hiver, devant une foule
enthousiaste, au premier rang de laquelle plastronnent, portant le même
uniforme, des officiers allemands et des volontaires de la LVF.
Doriot évoque la fraternité d’armes entre Français et
Allemands. Il fait le récit des combats « héroïques » de la LVF qui
défend en ce début décembre 1941 un secteur du front de Moscou. Des essayistes,
comme Alfred Fabre-Luce, lui apportent leur soutien.
« Quand le soldat né sur les bords du Rhin, écrit
Fabre-Luce, avance au-delà de la Vistule, c’est la frontière de notre
civilisation qu’il déplace. C’est de la France aussi qu’il éloigne le danger de
la horde…
« […] Jacques Doriot, en s’inscrivant à la LVF, donne
un rare exemple d’accord entre les idées et les actes. Ce soldat qui part pour
le front de l’Est est aussi un homme d’État qui achève sa figure politique et
prend une position d’avenir. »
En fait, jamais comme en cette fin d’année 1941 autant de
Français – ils restent une minorité – ne se sont engagés dans des
mouvements de résistance, jamais l’écoute de Radio-Londres n’a été aussi grande,
jamais autant de publications clandestines – Combat , Les Cahiers
de Témoignage Chrétien – n’ont été diffusées. Un Front national a été créé, un Comité national des écrivains regroupe des personnalités
aussi différentes que Jacques Decour, Jean Paulhan, François Mauriac. Tous
écrivent dans Les Lettres françaises.
Des réseaux, des mouvements fusionnent, des personnalités s’imposent,
ainsi Henri Frenay.
Les communistes, exaltés par la résistance soviétique aux
offensives allemandes, multiplient les attentats.
Presque chaque jour, des officiers et des soldats de la
Wehrmacht sont attaqués, abattus.
Le 21 novembre, en plein quartier Latin, à l’angle du
boulevard Saint-Michel et de la place de la Sorbonne, la librairie Rive Gauche –
créée par les Allemands – est attaquée, en dépit de la garde assurée par
des policiers français. Des coups de feu sont échangés, la « vitrine
intellectuelle » de la propagande nazie est détruite.
Le lendemain, des bataillons de la Jeunesse communiste
attaquent, au 100, avenue du Maine, un hôtel de la Wehrmacht, avec des grenades
incendiaires… allemandes.
Quelques jours plus tard, rue de la Convention, le mess des
sous-officiers de l’armée allemande est visé. De nombreux militaires allemands
sont tués ou blessés.
Une attaque est même lancée contre des camions allemands, qui
sont incendiés rue Lafayette. Une véritable bagarre s’engage entre les soldats
allemands et les membres de l’Organisation spéciale communiste.
Dans la seule région parisienne, un rapport allemand
dénombre, en décembre 1941, deux cent vingt et un attentats.
Le commandant militaire allemand en France, le général von
Stülpnagel, le 5 décembre 1941, demande à Berlin, compte tenu de la
multiplication des attentats, l’autorisation de faire exécuter cent otages, d’infliger
une nouvelle amende de un milliard de francs aux Juifs de Paris, et d’ordonner
l’internement et la déportation de mille Juifs et de cinq cents jeunes
communistes à l’est de l’Europe.
L’ambassadeur Otto Abetz complète le rapport de von
Stülpnagel.
« La radio russe et la radio anglaise soulignent avec
ostentation que les auteurs des attentats sont des Français, écrit Abetz. On
veut donner l’impression à la population française et au monde que le peuple
français se dresse contre les autorités allemandes d’occupation et contre l’idée
d’une collaboration avec l’Allemagne… Notre intérêt politique est d’affirmer, même
lorsqu’il est prouvé clairement que les auteurs sont des Français, qu’il s’agit
exclusivement de Juifs, et d’agents à la solde des espionnages anglo-saxon et
russe…
« […] Dans les communiqués signalant les exécutions, il
serait donc bon de ne pas parler de Français et de ne pas parler non plus d’otages
mais exclusivement de représailles contre des agents du service d’espionnage
anglo-saxons et d’agents russes. »
Et le général von
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