1941-Le monde prend feu
Français sous l’uniforme nazi !
Des Français contre les Russes qui défendent leur patrie !
Des Français aux côtés des SS qui ont assassiné des
centaines de milliers de Polonais, de prisonniers russes, de Juifs.
« La cause des hommes de Vichy, c’est la trahison. »
De Gaulle le répète, la guerre est à un tournant en ce mois
de décembre 1941.
Il faut choisir.
« D’un côté, la France livrée, pillée, bâillonnée, qui
ne veut rien que la victoire et par la victoire la vengeance.
« De l’autre, les traîtres qui la démembrent
physiquement et moralement pour nourrir l’ennemi de ce qu’ils peuvent lui
arracher. »
De Gaulle s’écrie :
« La France avec nous ! »
Il revoit Jean Moulin. Il l’observe, écoute cet homme de
quarante-deux ans qui poursuit avec la détermination d’un homme jeune son
entraînement de parachutiste afin d’être largué sur la France au plus tôt.
Ils partagent les mêmes convictions.
« Notre principe est de refaire l’unité française dans
la guerre, c’est une nécessité absolue. »
Il faut que la France soit au premier rang.
Déjà, le Comité national de la France Libre est reconnu par
l’URSS et par la Grande-Bretagne. Il faut aller plus loin. Il faut faire cesser
les équivoques. Les États-Unis, le Canada ont encore des ambassadeurs à Vichy.
On entend ici, à Londres, des ministres anglais faire l’éloge
du général Weygand, et même montrer de la compréhension pour Pétain !
Ne mesurent-ils pas les souffrances infligées à la France
par la collaboration entre Vichy et le nazisme ?
Le 25 novembre 1941, de Gaulle s’adresse aux étudiants
d’Oxford. Il est l’hôte du cercle français de l’université où, dit-il, plus qu’ailleurs
« souffle l’esprit ».
Il veut analyser le nazisme qui n’est pas seulement le
produit de l’histoire allemande, mais aussi celui d’une « crise de
civilisation ».
Il met en cause la « transformation des conditions de
la vie par la machine, l’agrégation croissante des masses et le gigantesque
conformisme collectif qui en sont les conséquences et qui battent en brèche les
libertés de chacun ».
Il faut que le « parti de la libération » suscite
un ordre où la liberté, la sécurité, la dignité de chacun soient exaltées.
On se dresse pour l’applaudir à tout rompre.
C’est le premier des grands acteurs politiques de cette
guerre à tenter d’aller à la racine, de dépasser l’explication par les
circonstances, d’évoquer une « crise de civilisation » et la
nécessité, au-delà de la lutte politique, de créer les conditions d’une « libération
de l’homme » face à la « machine ».
Peut-être
a-t-il été influencé par cette lettre reçue quelques jours avant.
Elle est écrite par Jacques Maritain, le philosophe
catholique qui s’est réfugié à New York et qui apporte son soutien à la France
Libre.
« Je pense, écrit Maritain, que la mission immense de
la Providence dévolue au mouvement dont vous êtes le chef est de donner au
peuple français, dans la conjoncture historique inouïe que lui apporteront, après
une infortune et une humiliation sans précédent, la victoire sur l’ennemi et la
liquidation de toutes les forces qui ont fait et font son malheur, une chance
de réconcilier enfin, dans sa vie elle-même, le christianisme et la liberté. »
De Gaulle est ému, bouleversé aussi par ce qu’il sait de ces
exécutions d’otages, du courage de ces hommes qui meurent en chantant La
Marseillaise.
Il décerne la croix de la Libération à Nantes « pour le
sang de ses enfants martyrs ».
Il évoque ces veuves de la ville de Lens dont les maris ont
été tués par un bombardement de la Royal Air Force sur l’usine où ils
travaillaient.
Après avoir enterré leurs époux, ces femmes d’ouvriers ont
conduit en terre, au premier rang de la foule, les aviateurs anglais abattus
lors du raid.
Femmes en deuil, femmes de France, héroïques !
Comme le sont ces jeunes gens qui bravent tous les dangers
et qui chaque jour plus nombreux réussissent à atteindre les côtes anglaises
afin de s’engager dans les Forces françaises libres.
Et il y a ceux que traquent la police de Vichy et la Gestapo.
De Gaulle répète que « l’issue de cet atroce combat ne
fait pas de doute : c’est la France qui comme toujours l’emportera sur la
trahison. Mais malheur à ceux qui n’auront
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