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1941-Le monde prend feu

1941-Le monde prend feu

Titel: 1941-Le monde prend feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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de l’URSS, rend la
victoire certaine.
    Le problème est donc résolu et les hypothèses qu’il avait
formulées dès juillet 1940 viennent de devenir réalité.
     
    De Gaulle reste longtemps silencieux. Il mesure l’échec
infamant de la politique de Vichy qui, par un accord – que de Gaulle a
dénoncé – du 21 juillet 1941, a donné aux forces impériales nippones
accès à toutes les parties de l’Indochine française et admis le principe de
défense commune de l’Indochine contre toute agression venant de l’extérieur !
    Autant dire que le gouvernement de Vichy a livré l’Indochine
aux Japonais et s’est déclaré prêt à combattre à leurs côtés.
    Honte sur Pétain et Darlan, maréchal et amiral de
capitulation.
    Après cela, Darlan peut bien promettre à l’ambassadeur
américain à Vichy, l’amiral Leahy, que jamais des troupes étrangères – allemandes,
italiennes – ne seront autorisées à pénétrer dans l’Empire français !
    Mensonges !
    Mais après tout, les États-Unis, en maintenant un
ambassadeur à Vichy, n’ont-ils pas donné du crédit à ce gouvernement de
fantoches ?
    La France Libre adoptera une autre politique.
    De Gaulle va réunir le Conseil national dès demain, lundi 8 décembre,
et déclarer l’état de guerre contre le Japon, en se rangeant aux côtés de la
Grande-Bretagne et des États-Unis.
     
    De Gaulle allume une cigarette, fixe Passy, commence à
parler.
    « Maintenant la guerre est définitivement gagnée, dit-il,
et l’avenir nous prépare deux phases : la première sera le sauvetage de l’Allemagne
par les Alliés ; quant à la seconde, je crains que ce ne soit une grande
guerre entre les Russes et les Américains, et cette guerre-là, les Américains
risquent de la perdre s’ils ne savent pas prendre à temps les mesures
nécessaires. »
    Passy paraît désorienté, ahuri, tant ces perspectives l’étonnent.
    Il faut revenir au court terme, au présent.
    « Eh bien cette guerre est finie, reprend de Gaulle. Bien
sûr, il y aura encore des opérations, des batailles et des combats, mais la
guerre est finie puisque l’issue est dorénavant connue. »
    De Gaulle se lève, arpente le salon.
    « Dans cette guerre industrielle, rien ne peut résister
à la puissance de l’industrie américaine », ajoute-t-il.
    Mais il y a une nouvelle donne, lourde de conséquences pour
la France Libre :
    « Désormais, dit-il, les Anglais ne feront rien sans l’accord
de Roosevelt. »
     
    Et quelle sera l’attitude de Roosevelt à l’égard de la
France Libre ? De Gaulle sait que la « colonie française » aux
États-Unis – Jean Monnet, Alexis Léger, secrétaire général du Quai d’Orsay
et poète sous le nom de Saint-John Perse – lui est hostile.
    Quant à l’amiral Leahy à Vichy, ses complaisances à l’égard
de Pétain et de Darlan sont évidentes.
    On murmure qu’aux Antilles, un accord a même été conclu
entre les autorités vichystes et américaines. Il s’étendrait à
Saint-Pierre-et-Miquelon.
    On laisserait les autorités de Vichy en place en échange de
concessions et de garanties.
    Voilà le péril, voilà une figure possible de l’avenir :
les traîtres maintenus à leurs postes par des Alliés soucieux de s’assurer des
avantages.
    Impossible d’accepter cela !
     
    Le 15 décembre, de Gaulle est assis devant le micro de Radio-Londres.
    Dès le lundi 8 décembre, il a annoncé l’état de guerre
contre le Japon.
    Il veut, une semaine plus tard, stigmatiser ce gouvernement
de Vichy qui a livré l’Indochine aux Japonais et accepte que « l’ennemi
annonce qu’il va massacrer encore cent Français ».
    De Gaulle ajoute que « la France, grâce à Dieu, possède
des soldats dont l’ennemi connaîtra une fois de plus dans son histoire la
pointe et le tranchant des armes ! ».
    Et les Alliés ont la certitude de vaincre !
    « Dans cette guerre des machines, l’Amérique possède à
elle seule un potentiel égal au potentiel total de tous les belligérants… Quant
aux effectifs, quatre hommes sur cinq sont dans notre camp ! »
     
    La voix de De Gaulle se fait plus forte, c’est celle d’un
prédicateur et d’un procureur.
    « Si nous pouvons être aujourd’hui forcés de subir le
massacre de nos compatriotes, nous savons de quelles larmes de sang l’ennemi, avant
peu, devra pleurer sa criminelle insolence.
    « Le jour est maintenant marqué où nous nous trouverons
à la fois les

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