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1941-Le monde prend feu

1941-Le monde prend feu

Titel: 1941-Le monde prend feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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reprend :
    « Il se peut qu’en raison de son infériorité
intellectuelle, Roosevelt ne comprenne pas mes paroles, mais nous connaissons, nous,
l’objet de son acharnement à détruire une nation après l’autre…
    « Ainsi ai-je fait rendre aujourd’hui même son
passeport à l’ambassadeur des États-Unis. »
    Ces derniers mots sont couverts par une interminable ovation.
     
    Peu après, à 2 h 30 de l’après-midi, Ribbentrop
donne lecture au chargé d’affaires des États-Unis à Berlin de la déclaration de
guerre, sans l’inviter à s’asseoir.
    Il lui en remet le texte puis le congédie.
     
    Hitler, qui avait conçu sa politique internationale de
manière à ne pas avoir à combattre sur deux fronts, a désormais les trois plus
grandes puissances mondiales coalisées contre le Reich :
    « Au moment où les industriels allemands annoncent qu’ils
ne pourront fournir les armes, les munitions, le matériel nécessaires à une
guerre de plus en plus mécanisée », Hitler a contre lui les États-Unis et
l’URSS, dont le potentiel économique est sans égal !
    Et les soldats de la Wehrmacht mesurent ce qu’il leur en
coûte d’affronter des T34 dont le blindage ne peut être percé par les canons
allemands et de combattre sans équipement d’hiver par moins 30 degrés !
    Le Führer et Goebbels ont été contraints de lancer un appel
aux Allemands pour qu’ils donnent à la Wehrmacht des vêtements chauds, des
fourrures.
    Et bientôt, les vêtements des déportés assassinés seront
envoyés sur le front russe !
     
    Le lieutenant August von Kageneck, emmitouflé, « vêtu
comme un bandit avec des vêtements de fortune », tapi dans une isba, écrit :
    « Un matin, la radio nous annonça l’entrée en guerre
des États-Unis. Nous comprîmes à peine ce que cela impliquait. Un ennemi de
plus ou de moins, qu’est-ce que cela signifiait ? Un ennemi de plus ou de
moins, qu’est-ce que cela pouvait nous faire ?
    « Une petite phrase énigmatique, que les hommes se
répétaient, nous trottait dans la tête :
    «  Kinder geniesstden Kriege, der Friede wird
fürchterlich
    «  (Enfants, profitez de la guerre, la paix sera
terrible).
    « Dehors, il faisait de plus en plus froid.
    «  Cholodno, cholodno  ? Froid, froid, psalmodiaient
les paysans russes. »

 
41.
    Staline, comme un paysan taciturne, répète ce dimanche 7 décembre
1941, d’une voix sourde et lasse, cholodno, cholodno.
     
    Il vient de quitter son appartement et son bureau du Kremlin
où il a travaillé toute la journée, recevant le général Joukov qui lui a fait
part de la progression de la contre-offensive de l’armée Rouge.
    Au sud de Moscou, les Panzers de Guderian qui encerclaient
Toula ont été repoussés. Nombreux, le moteur gelé, ont été abandonnés par leurs
équipages et souvent les Allemands les ont incendiés.
     
    «  Cholodno, cholodno  », a murmuré Staline.
    Il ajoute que le froid est une arme russe qui a vaincu, avec
les cosaques, avec les troupes de Koutousov et de Souvarov, la Grande Armée de
Napoléon.
     
    Au nord de Moscou, dans la région de Kalinine, le repli
allemand est devenu en quelques heures retraite, et ici la débâcle.
    Mais d’autres unités de la Wehrmacht résistent, s’accrochent
au terrain.
     
    «  Cholodno , cholodno  », a dit Staline
en pénétrant dans l’abri construit au-dessous du Kremlin et dans lequel il passe
ses soirées et ses nuits. Il l’a fait aménager et meubler, comme sa datcha de
Kountsevo où depuis l’avance allemande il ne se rend plus, parce qu’il doit
rester au Kremlin, au cœur de Moscou.
    C’est là qu’en juillet et novembre il a reçu les envoyés de
Roosevelt, Harry Hopkins, puis Harriman.
    Il a écouté Hopkins lui dire qu’aux yeux du président
Roosevelt, la première chose au monde qui importât était de battre Hitler et l’hitlérisme
et qu’en conséquence le président souhaitait aider la Russie.
    Et Staline a répondu qu’il était indispensable que les
nations aient en commun un minimum de sens des valeurs, qu’elles les partagent.
    Or les chefs de l’Allemagne en sont absolument dépourvus. Ils
représentent dans le monde actuel une force antisociale.
    « Nos vues coïncident », a conclu Staline.
     
    Ce
dimanche 7 décembre 1941, dans l’abri sous le Kremlin, une grande table a
été dressée et autour d’elle se pressent les familiers. Ce soir, il n’y a pas
Svetlana Allilouieva, la fille de

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