1941-Le monde prend feu
mardi 9 décembre, à 11 heures du matin, il
arrive à Berlin.
Il rencontre Oshima, l’ambassadeur japonais, et lui décerne
la grand-croix de l’ordre du Mérite de l’Aigle d’or allemand. Il le félicite
pour l’attaque de Pearl Harbor.
« Voilà comment il faut déclarer la guerre, dit-il. Cette
méthode est la seule efficace. Elle correspond à mon propre système, c’est-à-dire
négocier aussi longtemps que possible, mais si l’on s’aperçoit que l’adversaire
ne cherche qu’à se dérober, à vous humilier, à vous tromper et se refuse à
toute entente, il faut alors frapper le plus brutalement possible, sans perdre
son temps à déclarer la guerre.
« Je me réjouis de la réussite de la première opération
japonaise. Moi-même, en un temps, avec une patience infinie, j’ai poursuivi des
négociations avec la Pologne par exemple et avec la Russie. Quand la mauvaise
foi de l’adversaire m’est apparue, j’ai frappé sans m’attarder à d’inutiles
formalités et à l’avenir je continuerai à agir ainsi. »
Le lendemain, mercredi 10 décembre, il apprend avec
jubilation qu’au large des côtes de Malaisie, les bombardiers japonais ont
coulé deux cuirassés britanniques, le Prince of Wales et le Repulse. « Le
Japon, confirme l’amiral Raeder, a désormais la complète suprématie dans le
Pacifique, les mers de Chine et l’océan Indien. »
Raeder ajoute que les États-Unis vont être contraints de
transférer leurs unités de l’Atlantique au Pacifique, ce qui facilitera la
chasse aux convois protégés par les États-Unis.
Quand Hitler apprend que Churchill aurait dit après la perte
de ces deux cuirassés : « Depuis le début de la guerre, jamais coup
ne m’atteignit plus directement », il éprouve un sentiment d’euphorie qui
lui rappelle les moments les plus heureux de l’année 1940.
Aujourd’hui, la Wehrmacht recule devant Moscou !
Mais tout reste encore possible.
Hitler décide de signer avec le Japon et l’Italie un pacte
tripartite affirmant l’inébranlable résolution des trois nations de ne déposer
les armes qu’après leur victoire remportée sur les États-Unis et la
Grande-Bretagne.
Maintenant, Hitler peut s’adresser au peuple allemand, annoncer
sa décision de déclarer la guerre aux États-Unis.
Et ce jeudi 11 décembre 1941, il monte à la tribune du
Reichstag.
Il parle avec sa hargne de tribun, son ton d’accusateur
prophétique.
« J’accuse Roosevelt de s’être rendu coupable d’une
série de crimes contre les lois internationales… »
C’est Roosevelt qu’il veut détruire, dans une sorte de
combat singulier.
Il hait cet homme, il le méprise. Il veut sa mort.
« Un abîme infranchissable sépare les conceptions de
Roosevelt des miennes, dit-il. Cet homme issu d’une famille riche appartient
depuis sa naissance à cette classe dite privilégiée dont les origines, dans les
pays démocratiques, aplanissent les problèmes de l’existence.
« Je suis, moi, l’enfant d’une famille pauvre et j’ai
dû me frayer mon chemin de haute lutte par un travail acharné et sans merci. Roosevelt
a vécu la Première Guerre mondiale à l’ombre protectrice de Wilson, dans la
sphère des profiteurs.
« Roosevelt est de ceux qui brassent des affaires
pendant que d’autres versent leur sang.
« J’étais, moi, le simple soldat qui exécute les ordres
de ses chefs. Parti pauvre pour la guerre, j’en suis revenu pauvre.
« J’ai partagé le sort de millions d’hommes et
Roosevelt celui des privilégiés qu’on appelle les dix-mille. Après la
guerre, en 1918, il s’empressa d’exploiter ses aptitudes de spéculateur en
tirant parti de l’inflation, c’est-à-dire de la misère des autres, alors que
moi je gisais sur un lit d’hôpital… »
Hitler dénonce l’échec du New Deal, exalte la
réussite du nationalisme.
Roosevelt « détourne alors l’attention de l’opinion
publique, de la politique intérieure vers la politique extérieure. Il est
soutenu dans cette manœuvre par son entourage juif.
« Toute la juiverie met sa bassesse diabolique à son
service et Roosevelt lui donne la main.
« Pendant des années, cet homme nourrit un désir unique :
le déchaînement d’un conflit quelque part dans le monde. »
À chaque accusation, à chaque phrase, les députés du
Reichstag applaudissent, scandent « Heil Hitler ! » .
Le Führer laisse la vague retomber,
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