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1942-Le jour se lève

1942-Le jour se lève

Titel: 1942-Le jour se lève Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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Vinnytsia, il va et
vient, frottant ses mains, voûté, le regard fixe, modifiant ses plans au gré de
ses visions et des victoires qui s’accumulent, des retraites des Russes, des
centaines de milliers de prisonniers que ses troupes de la Wehrmacht laissent
mourir de faim, s’entredévorer.
     
    Le Führer croit à l’imminence de la chute de la Russie. Elle
va se décomposer.
    Les armées du Reich sont à 130 kilomètres de Moscou, et
Hitler décide de partager ses troupes.
    Les unes s’enfonceront dans le Caucase, vers le pétrole.
    Qu’elles plantent le drapeau à croix gammée au sommet du
mont Elbrouz, à plus de 4 000 mètres d’altitude.
    Qu’elles marchent vers la Volga, vers Stalingrad !
    Qu’elles occupent les terres du Donbass.
    Et que les autres, au nord, prennent Leningrad !
    Qu’elles terrorisent aussi !
     
    En entrant dans chaque village, elles brisent les portes des
maisons, elles entraînent une dizaine d’hommes, les pendent et laissent leurs
corps se balancer dans le vent, durant plusieurs jours.
    Elles exigent qu’on leur livre les « communistes »,
elles désignent des « starostas », des maires, afin qu’ils
collaborent, dénoncent. Et s’ils ne le font pas, ils seront eux aussi pendus.
    « C’est une guerre terrible, plus terrible qu’on n’en a
jamais vu », confie en cet été 1942 un colonel russe à l’envoyé spécial du Sunday Times, Alexander Werth.
    « C’est horrible à dire, poursuit l’officier, mais en
maltraitant, en affamant, en faisant mourir nos prisonniers de faim, les Allemands
nous aident. »
     
    Hitler n’imagine pas la haine que suscitent ces exactions, cette
barbarie et la force du patriotisme russe qui jaillit spontanément et que, habilement,
Staline entretient et exalte.
     
    La poétesse Anna Akhmatova écrit :
    « L’heure du
courage a sonné à l’horloge
    Et le courage ne
nous abandonnera pas.
    Il n’est point
effrayant de tomber sous les balles ennemies,
    Il n’est pas amer
d’être sans toit.
    Mais nous te
préserverons, langue russe.
    Notre grand mot :
Russie
    Nous te porterons
jusqu’à la fin, libres et purs
    Et nous te
transmettrons libres d’entraves à nos petits-enfants
    Pour toujours. »
     
    On joue à Moscou – toujours menacé de bombardements
aériens – la première de la Symphonie de Leningrad composée par
Chostakovitch.
    Les
écrivains – Ehrenbourg, Simonov, Cholokov, Fadeev, Alexis Tolstoï, Grossman,
Surkov – conjuguent, dans la diversité de leurs talents et de leurs
sensibilités, Je hais, je tue l’Allemand.
    Ehrenbourg écrit :
    « On peut tout souffrir, la peste, la faim, la mort. Mais
on ne peut pas supporter les Allemands. On ne peut pas supporter que des
soudards aux yeux de poisson crachent leur mépris à la face de tout citoyen
russe. Les Allemands ne sont pas des hommes. Ne parlons pas. Ne nous indignons
pas. Tuons. Si vous ne tuez pas l’Allemand, l’Allemand vous tuera. Il emmènera
votre famille et la torturera dans son ignoble Allemagne…
    Si vous avez tué un Allemand, tuez-en un autre. Rien n’est
plus délicieux qu’un cadavre allemand. »
     
    Les correspondants de guerre exaltent l’héroïsme des combattants,
des paysans, de tous ceux qui, de Sébastopol à Leningrad, résistent à la
nouvelle offensive allemande, à cette Wehrmacht dont on avait cru que l’hiver
1941-1942 et les contre-attaques russes avaient brisé les os !
     
    « L’armée allemande de 1942, avait écrit le Bureau d’information
soviétique, n’est plus ce qu’elle était il y a un an. Dans l’ensemble, l’élite
de l’armée allemande a été détruite. Les forces allemandes ne peuvent plus
lancer d’opérations de l’envergure de celles de l’année dernière. » Or, dès
le printemps et le début de l’été 1942, la Russie vit un monstrueux cauchemar.
     
    Les divisions de Hitler progressent partout et la presse ne
peut le dissimuler.
    Il faut faire appel au patriotisme russe, à la sainte
Russie, et non plus seulement à l’amour pour la patrie de Lénine et le pays
des Soviets !
    Le 11 juillet 1942, la Pravda intitule son
éditorial : Haine de l’ennemi.
    « Notre pays vit des jours critiques. Les chiens nazis
essaient frénétiquement de se frayer un chemin jusqu’à nos centres vitaux. Les
vastes steppes du Don s’étendent devant leurs regards voraces.
    « Chers camarades du front ! Votre pays croit en
vous. Il sait que dans vos veines coule le même

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