1942-Le jour se lève
Führer, son « plan
bleu », aussi ambitieux que le plan Barbarossa de juin 1941.
Kageneck constate :
« Très peu de résistance dans les villages. En dépit
des bombardements de la Luftwaffe sur les positions russes, pas de cadavres. Les
“Ivans” ont-ils eu connaissance de notre offensive ? »
« Mais où sont-ils, les chars russes ?, s’interroge
Kageneck. Nous scrutons les balkas (crevasses remplies de l’eau de la
fonte des neiges), les petits bois perdus de l’immense steppe, les lisières des
villages qui disparaissent dans les hautes herbes desséchées par le vent chaud
du sud. Nous avançons à tâtons. »
Le char de Kageneck est précédé par une patrouille blindée
que commande un Feldwebel.
Un jour, le sous-officier revient en trombe avec son
automitrailleuse.
« Herr Major, crie-t-il, les T34 ! Derrière moi !
Ils sont au moins 80 ! »
Dans l’affrontement qui suit, une fois de plus, la
supériorité des chars russes est manifeste.
« Des accrochages comme cela, poursuit Kageneck, nous
en eûmes tous les jours dans les semaines qui suivirent. Nous nous battions
sans cesse, à gauche, à droite, devant, derrière. Nous ressemblions aux croisés
assaillis de toutes parts par les combattants d’Allah. Nous ne distinguions
plus la nuit du jour. Dès que le barrage nous laissait un répit, nous sombrions
dans un sommeil de mort. Où étaient donc les limites de la résistance humaine ? »
Kageneck est blessé le 25 juillet 1942. Un obus de 76, tiré
par un T34, a explosé au bord du trou dans lequel Kageneck et son chef de
bataillon se sont réfugiés.
Un éclat a pénétré sous son oreille droite, a fracassé sa
mâchoire et arraché les dents du côté droit. Deux soldats l’ont enlevé, jeté
dans un side-car et transporté à un poste de secours.
Kageneck survivra, mais « la campagne de Russie est
terminée pour moi », écrira-t-il.
Son bataillon, qui fait partie de la IV e armée
blindée, atteint le Don, son premier objectif.
La plupart des ponts ont sauté. L’aviation russe est active,
les appareils surgissent à la fin du jour ou à l’aube quand la Luftwaffe est
absente.
Ces attaques sont conjuguées avec des tirs d’artillerie.
« Mais la résistance russe est insignifiante, dit un
sergent de la XI e division de panzers.
« Très peu de traces de l’ennemi. La chaleur est
étouffante. La rive droite du Don sur toute sa longueur était couverte de
nuages de poussière. Beaucoup de soldats se déshabillent et se baignent comme
nous l’avions fait dans le Dniepr, il y a exactement un an. Espérons que l’Histoire
ne se répétera pas. »
Les premiers éléments allemands commencent à traverser le
Don, le 25 juillet 1942.
« Notre compagnie est en tête, rapporte un soldat. Nous
marchons à toute allure. J’ai écrit aujourd’hui à Elsa : On ne va pas
tarder à se revoir. Nous pensons tous que c’est la fin et que la victoire est
proche. »
Dans toute la Wehrmacht, on sent bien qu’une course de
vitesse s’est engagée – comme durant l’été 1941 – entre les panzers
et la concentration des réserves russes. Le but de la « course »
étant cette fois-ci Stalingrad.
En 1941, les Allemands ont gagné la course et ont échoué à
quelques kilomètres de Moscou. Puis les contre-offensives russes et l’hiver
polaire de cette année-là les ont paralysés.
Mais l’hiver est loin : les fleurs colorent la steppe
et la chaleur est étouffante.
Le soleil dégèle depuis le printemps les cadavres des
soldats russes tombés parfois par centaines devant les positions auxquelles les
Allemands s’étaient accrochés.
Avec le printemps et l’été 1942, et les premiers succès des
offensives, la confiance est revenue dans les armées allemandes.
Le 29 juillet 1942, un soldat note dans son journal :
« Notre capitaine vient de nous dire que les Russes
sont fichus et qu’ils ne pourront plus tenir longtemps. Le Führer sait où est
le point faible des Russes. La victoire n’est pas loin.
« Atteindre la Volga et prendre Stalingrad, ce n’est
pas un problème pour nous. »
20 .
Hitler, sur le front russe, voulait que ses armées
atteignent la Volga et prennent Stalingrad.
Rommel, en Afrique, espérait pouvoir conquérir Le Caire et
Alexandrie, étrangler l’Empire britannique en contrôlant – en serrant
entre les chenilles de ses panzers – le canal de Suez.
Il sait que ses
Weitere Kostenlose Bücher