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1942-Le jour se lève

1942-Le jour se lève

Titel: 1942-Le jour se lève Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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sang que celui des héros de
Sébastopol… Puisse une sainte haine vous guider, vous inspirer. Cette haine se
nourrit d’un brûlant amour pour votre pays, de l’anxiété pour votre famille et
vos enfants et d’une inébranlable volonté de vaincre… Nous avons toutes les
chances de remporter la victoire. L’ennemi doit se hâter : il veut obtenir
des résultats lui permettant de battre de vitesse le second front. Mais il n’échappera
pas à ce danger. L’opiniâtreté du peuple soviétique a déjà anéanti plus d’un
plan de l’ennemi. »
     
    Le second front que les alliés anglais, américains
pourraient ouvrir en débarquant sur les côtes françaises est l’espérance des
Russes, au moment où la Crimée, Kharkov tombent aux mains des Allemands, où les
marins qui défendent Sébastopol se précipitent sur les chars allemands en
faisant exploser les quelques grenades qui leur restent.
    « Russie, mon pays, ma terre natale, écrit l’un d’eux
qui va se suicider en détruisant un char ennemi. Cher camarade Staline ! Je
suis un marin de la mer Noire, un fils du Komsomol Lénine, et je me suis battu
comme mon père m’a dit de me battre. Tant que mon cœur a battu dans ma poitrine,
j’ai frappé ces bêtes sauvages. Maintenant, je meurs, mais je sais que nous
vaincrons. Marins de la mer Noire ! Battez-vous plus durement encore ;
tuez ces chiens enragés fascistes ! J’ai été fidèle à mon serment de soldat. »
     
    Ces sacrifices héroïques, tels que la propagande les
magnifie, masquant les défaillances de nombreuses unités, qui se rendent ou
fuient, suffiront-ils à briser les offensives allemandes ?
    Molotov, le ministre des Affaires étrangères de Staline, s’est
rendu à Londres puis à Washington, et, avec son obstination déjà légendaire, il
réclame l’ouverture d’un second front. Roosevelt, plus ouvert à cette exigence
que Churchill, paraphe avec Molotov un texte qui déclare :
    « Au cours de leurs entretiens, les représentants des
deux pays se sont mis d’accord sur la nécessité urgente de créer un second
front en Europe, en novembre 1942. »
    Mais aussitôt, Churchill présente à Molotov un aide-mémoire qui précise :
    « Il est impossible de dire à l’avance si la situation
permettra le moment venu de réaliser une telle opération. Nous ne pouvons donc
rien promettre dans ce domaine. Toutefois, si de solides raisons apparaissent
de mettre nos plans à exécution, alors nous n’hésiterons pas ! »
     
    Les dirigeants russes veulent croire – et faire croire
à leur peuple – que les Alliés vont débarquer sur le continent européen en
août ou septembre 1942, et que 40 divisions allemandes au moins seront
retirées du front russe.
    Le 18 juin 1942, une semaine après le retour de Molotov
à Moscou, le Soviet suprême se réunit, rassemblant près d’un millier de députés,
pour célébrer la signature d’un traité anglo-russe paraphé à Londres par
Molotov et Eden, le ministre anglais.
    « Jamais, au cours de l’Histoire, nos deux pays n’ont
été aussi fortement associés », a déclaré Anthony Eden, et Molotov reprend
ces propos, évoque sous les applaudissements frénétiques « le second front
qui causerait d’irrémédiables difficultés aux armées hitlériennes de notre
front russe ».
    Staline n’est, si l’on s’en tient aux apparences, que l’un
des membres du Comité national de défense. Mais il a été salué par plusieurs
minutes d’ovation et de cris : « Staline ! Staline ! Staline ! »
    Il porte une simple tunique d’été kaki clair, sans
décoration, et s’assied en même temps que ses camarades. Il a le port modeste
et humble.
    Mais cette mise en scène ne trompe aucun des membres du
Soviet suprême.
    Et quand Molotov lance : « Sous le grand étendard
de Lénine et de Staline, nous mènerons cette lutte jusqu’à la victoire totale, jusqu’au
triomphe complet de notre cause et de celles de toutes les nations éprises de
liberté », c’est le nom de Staline qu’on crie durant plusieurs minutes.
     
    Mais quelques semaines plus tard, la ville de Rostov tombe
aux mains des Allemands.
    On devine derrière le paravent des communiqués officiels la
panique qui a saisi les troupes russes. Et c’est Staline qu’on invoque et qui
intervient.
    Les journaux martèlent à sa suite qu’il faut une « discipline
de fer ». « Ressaisissez-vous », lance-t-on « aux lâches et
aux

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