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1942-Le jour se lève

1942-Le jour se lève

Titel: 1942-Le jour se lève Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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paniquards ». On ne cache plus qu’on a fusillé des généraux et de
nombreux officiers, comme des dizaines de soldats.
    Le 30 juillet 1942, l’ordre du jour de Staline est lu
dans toutes les unités : « Plus un pas en arrière ! »
    La Pravda le reproduit et le commente :
    « Une discipline de fer, des nerfs d’acier sont les
conditions de notre victoire : soldats soviétiques, plus un pas en arrière.
Voilà la devise de notre pays !
    « L’ennemi n’est pas aussi puissant que l’imaginent
certains paniquards terrifiés… Chaque soldat doit être prêt à mourir de la mort
d’un héros plutôt que de négliger son devoir envers son pays… Ou bien nous
aurons une armée d’une discipline rigoureuse, ou bien nous périrons. Aujourd’hui,
l’ordre d’un officier est une loi d’airain ! »

 
19 .
    La loi d’airain, telle que Staline l’a formulée dans son
ordre du jour du 30 juillet 1942 – le décret n° 227 –, a un
article unique : « Plus un pas en arrière. » Quiconque recule
sans ordre de le faire ou qui se rend doit être traité comme un traître à la
patrie, un déserteur, et être fusillé.
     
    Des « articles patriotiques », publiés dans L’Étoile
rouge, mettent désormais en scène non seulement les actes héroïques, mais
aussi la malfaisance des déserteurs, tel ce soldat qui, fuyant le front, entre
dans une maison et y tue trois petits enfants.
    Et face à ces criminels se dresse le héros russe.
    « Nous sommes assis dans une tranchée sous un feu d’enfer,
écrit un correspondant de guerre. Nous nous retrouvons encerclés ; je me
désigne de ma propre initiative comme commissaire d’un groupe de dix-huit
hommes ; plus tard, nous sommes couchés dans les blés, arrivent des
Allemands à cheval. Un type roux crie avec un fort accent : “Russes, mains
en l’air !” Nous tirons une rafale de pistolets-mitrailleurs et désarçonnons
quatre Allemands. Nous nous enfonçons dans cette brèche et nous tirons… Il y
avait vingt-cinq Allemands. Des dix-huit que nous étions, seize s’en tirent.
    « La nuit, nous marchons dans les blés. Ils sont plus
que mûrs et crissent. Les Allemands nous attaquent à la mitrailleuse. Bientôt, nous
ne sommes plus que six. Ensuite, je rassemble encore une fois seize hommes. […]
Nous passons la nuit sur la rive haute du Don. Nous tressons des cordes avec
des bâches pour faire traverser les blessés, mais on n’en a pas assez. Je
propose de traverser à la nage avec tous les papiers sous le calot et le barda
dans un sac. Au milieu du fleuve, je n’en peux plus, je me débarrasse du sac
dans l’eau, et je garde mes carnets dans mon calot. »
     
    On ne se rend plus, non pas seulement parce qu’on craint d’être
fusillé comme déserteur si l’on est surpris à lever les bras, mais parce que, avec
le Don et la Volga qu’atteignent les armées de la Wehrmacht, on est au cœur de
la Russie.
    Ou bien on les arrête là, sur ces fleuves, ou bien il ne
reste plus de lignes de défense, et les portes de la profonde et immense Russie
sont grandes ouvertes.
     
    Mais la reprise en main est difficile.
    Le général Tchouikov, qui parcourt le front, « tombe
sur deux états-majors de division… si l’on pouvait appeler ainsi des groupes d’officiers
se déplaçant dans quatre ou cinq camions surchargés de fûts et de bidons d’essence.
Je leur demandai où étaient les Allemands et ce qu’on savait de leurs
mouvements sans pouvoir recueillir de réponse valable… J’appréciai très
modérément ce manque de fermeté dans la résistance, ce peu d’ardeur au combat. On
avait l’impression que chacun à l’intérieur de ce PC, depuis le général
commandant l’armée jusqu’aux plantons, se tenait constamment prêt à… échapper à
la poursuite ».
    Tchouikov rencontre le général Gorlov – qui sera
destitué.
    « Ses cheveux avaient viré au gris ; ses yeux
fatigués donnaient l’impression de ne rien voir, et leur regard froid semblait
dire : “Inutile de me parler de la situation, je la connais, mais étant
donné les événements, j’estime que je ne peux rien faire.” »
     
    Et les Allemands sont là, à l’offensive.
    « La guerre reprend son souffle », écrit le
lieutenant de panzers August von Kageneck.
    Il est debout dans la tourelle de son char.
    Le premier objectif à atteindre, c’est le Don, puis, en
second, Stalingrad, sur la Volga.
    Telle est la directive n° 45 du

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