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1942-Le jour se lève

1942-Le jour se lève

Titel: 1942-Le jour se lève Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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troupes sont épuisées après la dure bataille
qu’il a conduite pour, le 21 juin 1942, s’emparer de Tobrouk.
    Il ne dispose pas des centaines de chars et de voitures
blindées qu’exigent ses ambitions. La Méditerranée est aux mains des
Britanniques, à partir de ce centre nerveux qu’est Malte. Et les convois venus
d’Italie sont attaqués, décimés.
    Et cependant Rommel veut agir.
     
    « Nous voulions donc, écrit le Feldmarschall, surprendre
la 8 e  armée anglaise par une attaque éclair et la contraindre à
la bataille avant qu’elle ait pu recevoir des renforts du Moyen-Orient. Au cas
où nous réussissions à détruire les restes – de la 8 e  armée –,
il ne resterait rien aux Britanniques pour nous fermer l’Égypte ou arrêter
notre avancée sur Alexandrie et le canal de Suez. »
    Rommel, en dépit des réticences des généraux italiens ou
allemands, réussit à faire accepter son projet d’offensive par le Duce et le
Führer.
    Le manque de carburant, de matériel, handicape l’Afrikakorps,
mais les Anglais reculent si vite devant l’assaut des Allemands, si
précipitamment, qu’ils abandonnent stocks d’essence, véhicules blindés et même
avions en état de marche.
    En avant donc !
     
    23 juin 1942.
    « Très chère Lu,
    « Nous sommes en route et nous espérons frapper notre
prochain coup dans peu de temps. La vitesse est maintenant la grande affaire… Je
me porte bien et dors comme une souche. »
     
    L’Afrikakorps avance vers l’est, vers la place forte côtière
de Mersa Matrouh et, au-delà, vers El-Alamein.
    « Très chère Lu,
    « Nous avons accompli un grand bond en avant au cours
de ces derniers jours et nous espérons lancer notre attaque aujourd’hui, 26 juin,
contre ce qui reste de l’ennemi. Depuis plusieurs jours, je campe dans ma
voiture avec Gause – le chef d’état-major. Nous avons tout le temps bien
mangé ; quant à nous laver, c’est une autre affaire. Mon QG s’est trouvé
au bord de la mer pendant les vingt dernières heures et je me suis baigné hier
et aujourd’hui. Mais l’eau ne rafraîchit pas, elle est trop chaude. Énormément
à faire. [Les généraux] Cavallero et Rintelen viennent aujourd’hui, probablement
pour freiner autant qu’ils pourront. Ces gens-là ne changeront jamais ! »
     
    Les Anglais reculent. Des combats de chars ont lieu dans le
désert, ils se poursuivent dans la nuit.
    « À peine distingue-t-on sa main devant soi.
    « C’est une mêlée insensée. »
    La Royal Air Force bombarde ses propres troupes. « Et
dans un beau vol de balles traçantes, les unités allemandes se tirent les unes
sur les autres. »
    Quant aux Italiens, ils ouvrent le feu sur les véhicules de
l’Afrikakorps.
    « Je le répète, à cause de nos camions récupérés sur l’ennemi,
il n’y a plus moyen de nous distinguer de l’ennemi. »
    « Très chère Lu,
    « Nous sommes toujours en mouvement et nous espérons
que cela durera jusqu’à la fin. C’est épuisant, bien sûr, mais voici la chance
de notre vie. L’ennemi riposte désespérément avec son aviation.
    « P.-S. L’Italie en juillet reste possible. Prenez vos
passeports ! »
     
    Les combats sont acharnés. Pour rompre l’encerclement, la 4 e  brigade
néo-zélandaise, déployée baïonnette au canon, perce à pied au clair de lune.
    Au terme de cette bataille de Mersa Matrouh, les unités de
tête de l’Afrikakorps ne sont plus qu’à 200 kilomètres d’Alexandrie.
     
    « Nous aurons encore quelques combats à livrer avant d’atteindre
notre but, mais j’estime que le pire est très loin derrière nous.
    « Je vais très bien.
    « Certaines actions exigent un effort qui conduit au
bord de l’effondrement physique, mais il y a des périodes plus calmes où l’on
peut se rétablir. Nous sommes déjà à 480 kilomètres à l’est de Tobrouk !
Le réseau ferroviaire et routier des Anglais est de premier ordre ! »
     
    Le 30 juin, alors que Mersa Matrouh est tombé hier, Rommel
peut écrire à sa « très chère Lu » : « L’armée s’est remise
en marche jusqu’à une heure avancée de la nuit. Nous sommes à 95 kilomètres
plus à l’est. À moins de 160 kilomètres d’Alexandrie. »
     
    Et cependant, Rommel ne verra pas sa femme en Italie, en
juillet, comme il l’avait espéré.
    Le vent tourne pour l’Afrikakorps parvenu devant El-Alamein.
    Il ne reçoit d’Italie que le vingtième de ses besoins.

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