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1942-Le jour se lève

1942-Le jour se lève

Titel: 1942-Le jour se lève Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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époux, embarqués les uns et les autres à coups de crosse dans des wagons à
bestiaux.
    « Le gouvernement a fait un pas de plus dans la honte, écrit-il
au Maréchal en août 1942… La conscience nationale s’est révoltée. Par la voix
de ses prêtres et de ses pasteurs, par sa résistance spontanée à l’exécution de
consignes atroces, elle a signifié à votre gouvernement qu’il avait outrepassé
ses droits et manqué à ses devoirs. »
     
    Pétain, après avoir pris connaissance de cette lettre, s’étonne :
« Pourquoi donc Gilloin fait-il campagne pour les Juifs ? »
    En fait, l’antisémitisme nazi, « exterminateur », est
d’autant moins combattu qu’il paraît ne concerner d’abord pour chaque nation
occupée par des Allemands que les « Juifs apatrides », étrangers. Mais
il y a aussi un antisémitisme « local », plus ou moins violent.
    En Pologne, en Ukraine, dans les pays baltes, en Roumanie, en
Hongrie, il est partagé par la plus grande partie de la population.
     
    À Varsovie, à proximité du ghetto, des adolescents passent
leur journée à observer les passants afin de repérer les Juifs, de les
dépouiller, de les livrer aux Allemands.
    Une enseignante polonaise qui habite un village note dans
son journal :
    « Les Allemands ont fait venir une foule de paysans et
de pompiers des villages et avec leur concours ont organisé une chasse aux
Juifs… Au cours de cette action, sept Juifs ont été capturés, des vieux, des
jeunes et des enfants. Ces juifs ont été conduits à la caserne des pompiers et
exécutés le lendemain. »
    De telles scènes se répètent dans toute l’Europe de l’Est.
    Dans ces conditions, aider des Juifs, les cacher, est un
acte de courage extrême car on est à la merci d’une dénonciation même de la
part de « patriotes antiallemands » qui sont antisémites.
     
    Dans l’Europe de l’Ouest, face à l’antisémitisme, à la
complicité entre les gouvernements collaborateurs et les nazis, se dressent les
traditions démocratiques qui condamnent les mesures barbares mises en place par
l’occupant et les collaborateurs.
    Si bien que, en dépit de la répression, les Justes peuvent
recueillir, cacher les Juifs poursuivis, les avertir des rafles préparées par
les pouvoirs et les polices.
    Quant aux Églises, en dehors de quelques fanatiques qui au
nom de l’antijudaïsme soutiennent les « persécuteurs », elles
condamnent au nom de la charité, de la justice du Christ les traitements
inhumains infligés aux Juifs.
    Cependant, 75 000 déportés juifs seront exterminés,
même si la communauté juive française sera l’une des moins atteintes d’Europe.
     
    L’antisémitisme s’exprime cependant, non seulement par l’intense
propagande vichyste et nazie, mais aussi par les exhortations antisémites de
certains écrivains français. À Paris, Ernst Jünger, qui rencontre Céline à l’institut
allemand, note dans son journal :
    « Céline dit combien il est surpris, stupéfait que nous,
soldats, nous ne fusillions pas, ne pendions pas, n’exterminions pas les Juifs.
Il est stupéfait que quelqu’un disposant d’une baïonnette n’en fasse pas un
usage illimité. »
     
    Ce sont là « bagatelles pour un massacre » ! Il
y a pire.
    Robert
Brasillach, distingué, brillant élève de l’École normale supérieure, essayiste,
exige dans Je suis partout , du 25 septembre 1942 :
    « Il faut se séparer des Juifs en bloc et ne pas garder
les petits. » Drieu la Rochelle, autre figure notable des lettres, élégant
acteur du Tout-Paris littéraire, écrit dans son journal : « Je hais
les Juifs, j’ai toujours su que je les haïssais. »
     
    Mais le plus lu des écrivains, en cet été 1942, est Lucien
Rebatet, qui publie Les Décombres chez Denoël, un éditeur
collaborationniste. Le livre est plusieurs fois réédité, vendu au moins à 60 000 exemplaires,
mais 200 000 ont été commandés, et le papier manque.
    Cette « prose » qui exprime la haine du Juif –
et de la République – est le plus grand succès de librairie de la France
occupée.
    « Je souhaite la victoire de l’Allemagne, écrit Rebatet,
parce que la guerre qu’elle fait est ma guerre, notre guerre.
    « Je n’admire pas l’Allemagne d’être l’Allemagne, mais
d’avoir permis Hitler. Je la loue d’avoir su… se donner l’ordre politique dans
lequel j’ai reconnu tous mes désirs. Je crois que Hitler a conçu pour

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