1943-Le souffle de la victoire
accroché et la France
devant les yeux, écrit de Gaulle à son épouse, pour ne pas envoyer tout
promener. »
Il
faut inlassablement agir, accepter l’invitation à déjeuner du roi d’Angleterre,
George VI – qui a lancé cette invitation en dépit des réserves de
Churchill –, circonvenir le ministre, Harold MacMillan, qui représente le
gouvernement britannique en Algérie.
MacMillan raconte :
« Après ce déjeuner, de Gaulle me demande ce que je
compte faire de mon après-midi. Je pensais aller en voiture à Tipasa pour me
baigner. Il me demande s’il peut m’accompagner, seul.
« C’est ainsi que j’ai passé trois heures et demie de
voiture, de promenade dans les ruines et de discussion incessante avec cet
homme étrange – attirant et pourtant impossible. Nous parlons de tous les
sujets imaginables, de politique, de religion, de philosophie, des classiques, d’histoire
ancienne et moderne, etc. Tout se rapporte plus ou moins aux problèmes qui
préoccupent son esprit.
« Je me rappelle encore avec plaisir ce curieux épisode.
Je me baigne nu à la pointe extrême de l’ancienne cité romaine, tandis que de
Gaulle reste assis sur un rocher, drapé dans sa dignité, en uniforme, avec
ceinturon et képi. Puis nous faisons un excellent petit dîner dans une auberge
dont le patron était tout excité. »
De Gaulle est de retour à Alger. Dans le message qu’on a
posé sur son bureau, il ne voit que le nom de Rex, arrêté le 21 juin à
Caluire, dans la banlieue de Lyon, par les hommes du SS Klaus Barbie.
Mars-Delestraint d’abord, le 9 juin.
Rex-Moulin, le 21 juin.
Les meilleurs, les fidèles, « ceux qui incarnent leur
tâche et qu’à ce titre on ne remplace pas ».
Qui les a trahis ?
L’un était le chef militaire, l’autre le chef civil et
politique, le président du CNR.
La Résistance française vient de subir, à douze jours d’intervalle,
le coup le plus rude qui lui ait encore été porté par la Gestapo.
C’est une blessure profonde qui meurtrit de Gaulle, dont il
sait qu’elle ne se refermera pas, qu’avive la détermination anglo-américaine de
le faire plier.
« Tous les reptiles à la solde du State Department et
de ce pauvre Churchill, écrit-il, hurlent et bavent à qui mieux mieux dans la
presse anglo-saxonne. Tout cela est méchant, idiot, mais quoi ! c’est
toute la guerre… »
Il signe cette lettre du 24 juin à Yvonne de Gaulle :
« Ton pauvre mari. »
Comment continuer ?
Il n’y a pas d’autre choix.
Il se rend à Tunis, esplanade Gambetta, et le 27 juin
1943, devant « ce rassemblement immense et enthousiaste de Tunis libérée »,
il lance :
« Au point où en est le drame, les Français, à aucun
moment, ne détournent leur pensée de la France. »
De Gaulle s’adresse à la foule, aux Français, mais sous l’éloquence
du tribun, c’est la confidence d’un homme blessé qu’il livre :
« À la France, conclut-il, à notre dame la France, nous
n’avons à dire qu’une seule chose, c’est que rien ne nous importe ni ne nous
occupe, excepté de la servir. Notre devoir envers elle est aussi simple et
élémentaire que le devoir des fils à l’égard d’une mère opprimée. Nous avons à
la délivrer, à battre l’ennemi et à châtier les traîtres qui l’ont jetée dans l’épreuve,
à lui conserver ses amis, à arracher le bâillon de sa bouche et les chaînes de
ses membres pour qu’elle puisse faire entendre sa voix et reprendre sa marche
au destin.
« Nous n’avons rien à lui demander, excepté, peut-être,
qu’au jour de la liberté, elle veuille bien nous ouvrir maternellement les bras
pour que nous y pleurions de joie et qu’au jour où la mort sera venue nous
saisir elle nous ensevelisse doucement dans sa bonne et sainte terre. »
QUATRIÈME PARTIR
Juillet
__
septembre 1943
« […] Je
pénétrerai au Vatican. Croyez-vous que le Vatican m’intimide ? Nous allons
nous en emparer. Tout le corps diplomatique s’y trouve… Cette racaille… Nous
sortirons de là cette bande de salauds… Plus tard, nous présenterons des
excuses… »
HITLER
le 25 juillet 1943
dans les heures qui ont
suivi
la chute de Mussolini
« La
chute de Mussolini est le signe éclatant de la défaite certaine de l’Axe. Elle
est en même temps la preuve de l’échec de ce système politique, social et moral,
qualifié de totalitarisme, qui prétendait
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