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1943-Le souffle de la victoire

1943-Le souffle de la victoire

Titel: 1943-Le souffle de la victoire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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les Francs et les
Gaulois de Clovis quand, sur les ruines de leur paganisme, se précipitaient les
barbares. C’est cet instinct qui suscita Jeanne d’Arc et entraîna les Français
à bâtir, autour du roi, un État centralisé, lorsqu’il parut que l’anarchie
féodale nous livrait à la domination étrangère. C’est cet instinct qui, lors de
la Révolution, dressa la nation contre ses ennemis et contre leurs complices et
lui dicta, pour la sauver, les grands principes des Droits de l’Homme et de la
Démocratie. C’est cet instinct qui, aujourd’hui, porte tous les Français
soucieux de l’avenir et de la grandeur de la patrie à vouloir et à préparer la
IV e  République : celle de la rénovation nationale. »
     
    De Gaulle réaffirme avec d’autant plus de force sa croyance
dans un « instinct vital » de la France qui arrache tout au long de l’histoire
la nation « aux abîmes » qu’il mesure les réticences et les manœuvres
anglo-américaines dirigées contre lui.
     
    Roosevelt, le 8 mai 1943, envoie un message à Churchill.
    « De Gaulle est peut-être un honnête homme, mais il est
en proie au complexe messianique… Je ne sais qu’en faire. Peut-être voudriez-vous
le nommer gouverneur de Madagascar ? »
    Churchill reçoit ce texte au milieu de l’Antarctique, alors
qu’il se rend à Washington. Il est avec tout son état-major, à bord du Queen
Mary.
     
    Il marche sur le pont, entouré d’officiers, d’experts. Il
soliloque, déclare partager les sentiments de Roosevelt sur ce de Gaulle, qu’il
estime mais qui est insupportable, qui s’imagine être, comme le répète
Roosevelt, Jeanne d’Arc, Louis XIV et Napoléon. Il n’est pas question de
consulter de Gaulle ou de l’informer des projets britanniques : débarquer
en Sicile puis dans la péninsule italienne. Profiter de la reddition des forces
italo-allemandes en Tunisie pour donner le coup de boutoir qui fera tomber
Mussolini et le fascisme. Les circonstances sont favorables.
    Le code secret allemand, Triton , utilisé par les
sous-marins, vient d’être décrypté par les Anglais. En deux mois – avril
et mai 1943 – les Allemands ont perdu 40 sous-marins. Ils ont perdu
la bataille de l’Atlantique. Leur industrie de l’armement est écrasée par les
bombardements de nuit et de jour.
    L’heure est donc à l’offensive alliée.
     
    Sur le pont du Queen Mary , Churchill s’arrête devant
le canot de sauvetage qui lui est réservé en cas de torpillage par un U-Boot.
« Il n’est pas question, dit-il, que je sois capturé ; la meilleure
façon de mourir c’est dans la fureur du combat contre l’ennemi. Évidemment, ce
serait moins bien si j’étais dans l’eau et s’ils essayaient de me repêcher. »
    C’est pour cela qu’il a fait monter sur son canot de
sauvetage une mitrailleuse lourde.
     
    À Washington, Churchill veut convaincre Roosevelt de l’opportunité
d’un débarquement en Sicile, et dans la péninsule italienne. L’Afrique du Nord
est une parfaite base de départ. Mais il faut écarter de Gaulle.
    Le New York Times , bien informé, souligne, se faisant
l’écho des rumeurs :
    « Le général de Gaulle est de plus en plus considéré
comme un facteur de trouble dont la présence en Afrique du Nord causerait bien
plus de dommages à l’heure actuelle que tous les services qu’il pourrait rendre
en aidant à résoudre certains problèmes. »
     
    Le 21 mai, Churchill télégraphie à son cabinet de
guerre :
    « Je demande à mes collègues d’examiner d’urgence la
question de savoir si nous ne devrions pas, dès maintenant, éliminer de
Gaulle en tant que force politique et nous en expliquer devant le Parlement et
devant la France… Lorsque je considère l’intérêt absolument vital que
représente pour nous le maintien de bonnes relations avec les États-Unis, il me
semble qu’on ne peut vraiment pas laisser ce gaffeur et cet empêcheur de
tourner en rond poursuivre ses néfastes activités. »
    Churchill sacrifie donc de Gaulle sur l’autel de l’amitié
anglo-américaine.
    Mais à Londres, le cabinet de guerre se rebiffe. De Gaulle
et les Free French sont populaires dans l’opinion et à la Chambre des
communes. Et d’ailleurs, il est trop tard pour écarter de Gaulle, font
remarquer deux leaders influents, Eden et le travailliste Attlee.
     
    Le 14 mai est parvenu à Londres, au siège de la France
Combattante, un télégramme de Jean Moulin

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