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1943-Le souffle de la victoire

1943-Le souffle de la victoire

Titel: 1943-Le souffle de la victoire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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annonçant la constitution du Conseil
National de la Résistance (CNR) dont Moulin est le président.
    Tous les mouvements et partis de résistance affirment que
non seulement le peuple de France n’admettra jamais la subordination du général
de Gaulle au général Giraud, mais que « le général de Gaulle demeurera le
seul chef de la Résistance française ».
    De Gaulle répond aussitôt :
    « Dans cette guerre où la patrie joue son destin, la
formation du Conseil National de la Résistance , organe essentiel de la
France qui combat, est un événement capital. »
     
    Évoquant cet échange de messages, de Gaulle écrit :
    « Le télégramme de Paris – celui de Jean Moulin –
transmis à Alger et publié par les postes radio américains, britanniques et
français libres produit un effet décisif, non seulement en raison de ce qu’il
affirme, mais aussi et surtout parce qu’il donne la preuve que la Résistance
française a su faire son unité. La voix de cette France écrasée, mais grondante
et assurée, couvre, soudain, le chuchotement des intrigues et les palabres des
combinaisons. J’en suis, à l’instant même, plus fort, tandis que Washington et
Londres mesurent sans plaisir mais non sans lucidité la portée de l’événement. Le
17 mai, le général Giraud me demande “de venir immédiatement à Alger pour
former avec lui le pouvoir central français”. Le 25 mai, je lui réponds :
“Je compte arriver à Alger à la fin de cette semaine et me félicite d’avoir à
collaborer avec vous pour le service de la France.” »
     
    Le 27 mai 1943, rue du Four, dans le 6 e  arrondissement
de Paris, se tient la première réunion, présidée par Jean Moulin, du CNR.
    « Nous étions dix-sept dans cette petite salle à manger
de la rue du Four », raconte un témoin.
    « À la fin de cette journée historique, tous les
participants sont euphoriques : l’unité de la Résistance – des
communistes aux représentants de la droite – autour du général de Gaulle s’est
réalisée. »
    Jean Moulin en a été le maître d’œuvre.
     
    Ce même jour, 27 mai 1943, le chef de la Sicherheitspolizei  –
la Gestapo –, Kaltenbrunner, adresse à Ribbentrop un rapport sur l’Armée
Secrète de la Résistance française.
    La Résistance française, souligne ce texte, représente pour
l’armée allemande une menace qui « ne doit pas être sous-estimée ». Il
apparaît que Kaltenbrunner connaît l’organisation de la Résistance française
dans ses moindres rouages. La Gestapo et l’Abwehr – le contre-espionnage
allemand – sont donc remarquablement informés. Ils sont prêts à agir.
     
    Ribbentrop a remis personnellement ce rapport au Führer qui
y a apposé sa signature le 4 juin 1943.

 
20.
    En ce printemps 1943, Jean Moulin a le sentiment que l’Abwehr
et la Gestapo sont sur ses traces, mais il ne soupçonne pas la précision et la
masse de renseignements dont dispose Kaltenbrunner.
     
    Moulin ignore que les Allemands ont réussi à retourner des
résistants qui connaissent, parce qu’ils appartiennent à la direction du
mouvement Combat  – ainsi Jean Multon –, l’identité des
principaux responsables du réseau comme ses voies de liaison et ses « boîtes
aux lettres ».
    « Protégé par des gardes du corps, écrira plus tard un
témoin, Multon circule en France, hantant les capitales de nos régions, parcourant
les avenues où nous avons l’habitude de donner nos rendez-vous, allant tout
droit aux restaurants que nous fréquentons et donnant à ceux qu’il rencontre, et
qui ne connaissent pas encore sa trahison, le baiser de Judas qui va les perdre. »
     
    Moulin est aux aguets. Son intuition, ses sens en éveil l’avertissent
du danger.
    Il confie à sa sœur Laure :
    « Je fais quelque chose de très important et difficile
en ce moment. Si je réussis comme je l’espère, je passerai de l’autre côté de
la Manche pour me faire oublier quelque temps.
    « Je suis visé. Je dois redoubler de précautions. Ne m’écris
pas, même si maman tombait malade, même si elle venait à mourir. On choisirait
le moment des obsèques pour m’arrêter.
    Je t’enverrai de temps à autre un mot par courrier mais toi,
ne m’envoie rien. »
     
    Dans un rapport destiné au général de Gaulle, et qui précède
de quelques jours la première réunion du Conseil National de la Résistance ,
ce 27 mai 1943, il écrit :
    « Je suis recherché

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