Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
1943-Le souffle de la victoire

1943-Le souffle de la victoire

Titel: 1943-Le souffle de la victoire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
Vom Netzwerk:
l’on sait qu’en Sicile, les soldats italiens se rendent
sans combattre, en dépit des rodomontades du Duce et des généraux.
     
    Hitler ne se fait guère d’illusions sur la capacité de
résistance de Mussolini et de l’Italie.
    Le Führer est rentré de sa rencontre avec le Duce à Feltre
inquiet. Le Duce lui est apparu épuisé, incapable d’écouter, demandant à l’interprète,
le docteur Schmidt, de lui passer les notes qu’il avait prises.
    Il n’a été attentif qu’au moment où le Führer a évoqué les
armes nouvelles qui allaient bientôt entrer en action, et particulièrement ce
sous-marin capable d’infliger aux Anglais un « véritable Stalingrad ».
    Mais le Führer demeure sceptique.
    « Il faudrait en Italie, dit-il à Goebbels, prendre des
mesures féroces semblables à celles qui furent appliquées par Staline en 1941
ou par les Français en 1917. Seules ces mesures féroces pourraient sauver le
Duce. Il faudrait installer une sorte de tribunal, de cour martiale pour
supprimer les éléments incontrôlables. »
     
    Mais ce samedi 24 juillet 1943, quand à 17 h 05,
Mussolini pénètre dans la salle du Grand Conseil Fasciste, il ne peut pas
imaginer que les 26 hommes vêtus de noir qui lui font face sont en
majorité décidés à le chasser du pouvoir.
    Ces 26 hommes sont ses plus anciens camarades et l’un d’eux,
le comte Ciano, dont il a fait un ministre, est son propre gendre, le mari de
sa fille, Edda Mussolini.
     
    À son entrée dans la salle du Grand Conseil, le secrétaire
du Parti a crié «  Saluto al Duce  ».
    Et les 26 hommes ont levé le bras pour le salut
fasciste. Tout est en ordre donc.
    Mussolini parle, rend responsables des défaites le maréchal
Badoglio, Rommel, l’état-major, les soldats, les Siciliens. Il loue l’Allemagne
« qui est venue à notre aide de façon généreuse ».
    « Attention, camarades, conclut-il, l’ordre du jour
préparé par Dino Grandi et dont j’ai eu connaissance peut mettre en jeu l’existence
du régime. Les cercles réactionnaires et antifascistes, les éléments dévoués
aux Anglo-Saxons pousseront dans ce sens. »
    Le Duce a terminé, il a parlé une heure cinquante. Il s’assoit,
pose la main en visière devant ses yeux. La discussion commence.
     
    Dino Grandi se lève, commence à parler d’une voix rauque, lit
son ordre du jour qui dépossède le Duce de tous ses pouvoirs, les remet entre
les mains du roi, puis emporté par la passion, Grandi lance à Mussolini :
    « C’est la dictature qui a perdu la guerre et non le
fascisme… Vous vous croyez un soldat, laissez-moi vous dire que l’Italie fut
ruinée le jour où vous vous êtes mis les galons de maréchal. »
     
    La séance va se prolonger durant sept heures.
    Mussolini paraît détaché, et en même temps confiant. « Le
roi et le peuple sont avec moi », murmure-t-il.
    Donc il ne démissionnera pas comme le lui suggère Grandi.
    « Enlève cet uniforme, lui crie Grandi, arrache ces
aigles, reviens à la chemise nue de notre révolution.
    — J’ai soixante ans, répond le Duce, après tout, je
pourrais appeler ces vingt ans la plus merveilleuse aventure de ma vie, je
pourrais mettre fin à l’aventure, mais je ne m’en irai pas. »
     
    On vote.
    Dix-neuf voix se prononcent en faveur de l’ordre du jour, 7
contre et l’abstention.
    Mussolini se lève en s’appuyant de ses deux poings sur la
table. Il a les traits tirés, les gestes lents d’un homme fatigué. Il ramasse
ses papiers, semblant brutalement comprendre qu’un événement irréversible vient
de se produire.
     « Vous avez provoqué la crise du régime », dit-il
d’une voix sourde.
    L’un de ses partisans s’approche de Ciano.
    « Jeune homme, lui dit-il, tu paieras de ton sang ton
action de ce soir. »
     
    Ce
dimanche 25 juillet 1943 est pour Mussolini sa dernière journée de chef de
gouvernement.
    Dans l’après-midi, convoqué par le « roi et empereur »,
Mussolini se voit notifier la nécessité de sa « démission » de chef
de gouvernement. Il est remplacé par le « chevalier maréchal d’Italie »
Pietro Badoglio. Le roi et empereur assume le commandement des forces armées et
le maréchal Badoglio, martial, déclare :
    « La guerre continue. L’Italie, gardienne jalouse de
ses traditions millénaires, demeure fidèle à la parole donnée. »
    La guerre continue.
    Qui écoute ces trois mots qui vont peser tragiquement sur le
destin

Weitere Kostenlose Bücher