1943-Le souffle de la victoire
de l’Italie ?
On apprend que les carabiniers ont arrêté Mussolini.
La foule déferle dans les rues.
On crie : « À mort Mussolini ! À bas le
fascisme ! Evviva il Rè , vive l’armée ! »
« Quel désastre, se lamente le comte Ciano, tout s’effondre.
Maintenant, ils vont nous mettre les menottes à nous aussi ! »
Les fascistes se cachent.
Certains hiérarques, tel Farinacci, se réfugient à l’ambassade
d’Allemagne.
Les appartements des fascistes les plus connus sont envahis,
saccagés. Pas un homme ne se lève pour défendre Mussolini et le régime. La
Division M se place aux ordres du roi et de l’armée.
Une seule victime ce 25 juillet, un sénateur, fidèle de
toujours de Mussolini, se suicide.
Le 28 juillet, le Parti fasciste est dissous, et
Mussolini, prisonnier du « roi », est transporté d’île en île, car on
craint une opération des parachutistes allemands.
Il passe ainsi de l’île de Ponza à celle de Maddalena et de
là on le transporte au sommet du Gran Sasso, une cime de 2 172 mètres
d’altitude située au cœur des Apennins.
Mussolini est installé à l’hôtel du Campo Imperatore.
Il lit, joue aux cartes avec ses gardiens, répète que les
Anglais ne le prendront pas vivant. Et souvent, il ajoute :
« Être libéré par les Allemands signifierait mon retour
au gouvernement sous la protection des baïonnettes de Hitler ; ce serait
la plus grande humiliation qui pourrait m’être infligée. »
Mais la guerre aux côtés des Allemands continue.
Qui est dupe ?
Des émissaires du roi et du maréchal Badoglio sont arrivés à
Madrid, puis ils se rendent à Lisbonne. Les contacts avec les Alliés – le
général Bedell Smith, envoyé d’Eisenhower – sont pris. Le général
américain est brutal : l’armistice n’est pas à discuter, la reddition ne
peut être que sans condition.
Or la situation en Italie évolue vite.
Les bombardements « terroristes » sur les grandes
villes se succèdent. L’enthousiasme des 25 et 26 juillet est retombé et a
fait place au désarroi devant cette guerre qui continue, plus cruelle que
jamais. On a faim. Les victimes des bombardements sont de plus en plus
nombreuses.
Pourquoi continuer cette guerre ?
Le 17 août à 20 h 15, le maréchal Badoglio
parle à la radio :
« Italiens !
« Je prends pour la première fois la parole pour me tourner
vers nos frères bien-aimés de la Sicile martyrisée. Après une vigoureuse
défense qui honore hautement les troupes italo-allemandes, tout le territoire
sacré de l’île a dû être abandonné. »
Partout, les groupes antifascistes se constituent, se
manifestent, réclament un gouvernement démocratique.
On entend des orateurs, on lit des tracts qui déclarent :
« Oui, la guerre continue mais contre l’Allemagne. Pour
cela il n’y a qu’un moyen : l’insurrection populaire. »
Dès le 27 juillet à la radio d’Alger, de Gaulle a
déclaré :
« La chute de Mussolini est le signe éclatant de la
défaite certaine de l’Axe.
« Elle est en même temps la preuve de l’échec de ce
système politique, social et moral, qualifié de totalitarisme qui prétendait
acheter la grandeur au prix de la liberté…
« La chute de Mussolini est pour la France la première
revanche de la justice. »
26.
La nouvelle de la chute de Mussolini et de son arrestation, celle
de l’effondrement du régime fasciste qui, en quelques heures, n’est plus qu’un
château de cartes renversé sont connues au Grand Quartier Général du Führer
vers 23 heures, ce dimanche 25 juillet 1943. C’est aussitôt dans la Wolfschanze –
la tanière du loup – une intense agitation.
Hitler va et vient, d’un pas rapide, comme si l’événement
réveillait en lui une énergie assoupie, dont beaucoup croyaient qu’elle était, après
Stalingrad, tarie.
Il lance des ordres, convoque à son Grand Quartier Général
tous les chefs des différentes armes, de l’État, du Parti.
Rommel, qui se trouve à Salonique et qui a été chargé du
commandement de la XI e armée italienne, reçoit vers 23 h 15
un appel du GQG du Führer.
« Tout est changé, note-t-il. Le Duce a été arrêté. Je
suis rappelé auprès du Führer. » Situation obscure en Italie.
Rommel arrive à midi à Rastenburg, ce lundi 26 juillet
1943. Dans la Wolfschanze , le Führer tient sa première conférence, entouré
de Ribbentrop, de
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