1943-Le souffle de la victoire
Himmler, de Goebbels, des généraux, des maréchaux. Zeitzler, Guderian,
Jodl, Kluge, Keitel sont présents.
« On peut prévoir, dit Jodl, en dépit de la
proclamation du roi et du maréchal Badoglio, que l’Italie va sortir de la
guerre ou tout au moins que les Anglais vont effectuer de gros débarquements
dans le nord du pays. »
Peut-être à Gênes, à Livourne, à La Spezia, au nord de Rome.
Le visage du Führer n’est déformé par aucun tic, il est
tendu, concentré. Tous les assistants sont frappés par son calme, tous
retrouvent le Führer, source d’énergie.
Il
intervient, interrompant Jodl.
Goebbels retranscrit dans son Journal ces premières
remarques du Führer.
« La connaissance de ces événements italiens peut
encourager certains éléments subversifs en Allemagne, dit Hitler. Ils peuvent
croire possible de faire ici ce que le maréchal Badoglio et ses partisans ont
accompli à Rome.
« Le Führer donne à Himmler l’ordre de veiller à ce que
les mesures de police les plus sévères fussent appliquées au cas où un danger
de cette sorte semblerait imminent. »
« Déjeuné avec le Führer après la conférence, note
Rommel. Le ministre italien Farinacci, qui a réussi à s’échapper, nous informe
qu’on peut s’attendre à voir l’Italie faire des propositions d’armistice d’ici
huit ou dix jours. »
« J’espère être envoyé rapidement en Italie », confie
Rommel au général Guderian.
Les conférences autour du Führer se succèdent.
Hitler est déterminé comme s’il avait enfin réussi à
surmonter cette lassitude, rompue par des colères, qui l’écrasait depuis le
début de l’année 1943 et le désastre de Stalingrad, puis celui de Tunisie.
Il charge Rommel de préparer l’entrée de troupes allemandes
en Italie, mais bien qu’il soit clair que les Italiens vont trahir, Hitler
répète qu’il faut faire mine de respecter la souveraineté italienne.
Il faut être prêt à pénétrer en force, mais pour le moment
ne pas franchir la ligne frontière.
« Nous allons jouer le jeu de ce Badoglio, faire mine
de croire qu’ils vont continuer la guerre à nos côtés, dit Hitler. Mais nous
allons faire le nécessaire pour prendre toute l’équipe d’un seul coup de filet
et capturer toute cette racaille. »
Le Führer se tourne vers le général Jodl.
« Des troupes allemandes sont présentes en Italie. Elles
doivent être utilisées.
« Jodl, préparez les ordres… Il faut que le commandant
de la 3 e division de panzers-grenadiers se dirige sur Rome, avec
ses canons d’assaut. Il doit arrêter le gouvernement, le roi et toute l’équipe.
Avant, je veux le prince héritier. Ensuite, on les laissera mijoter et d’ici
deux ou trois jours, nous frapperons un autre coup.
— Mein Führer , dit le général d’aviation
Bodenschatz, tout est organisé pour les embarquer en avion. »
Hitler frappe ses cuisses du plat de ses mains.
« C’est ça, tout droit à l’avion et en route. »
Il garde le silence, de longues minutes, comme s’il
imaginait la scène, puis tout à coup, il lance :
« Je pénétrerai au Vatican. Croyez-vous que le Vatican
m’intimide ? Nous allons nous en emparer… Tout le corps diplomatique s’y
trouve… Cette racaille… Nous sortirons de là cette bande de salauds… Plus tard,
nous présenterons des excuses… »
Après un nouveau silence, il dicte un plan d’action en
quatre points.
D’abord, l’opération Eiche (« chêne ») pour
libérer Mussolini. Puis l’opération Student (« étudiant ») :
occupation de Rome et rétablissement de Mussolini au pouvoir. Enfin, l’opération Schwarz (« noir ») : occupation militaire de toute l’Italie,
et l’opération Aschse (« Axe ») : capture ou destruction
de la flotte italienne.
La mise en œuvre de ces opérations suppose que les Allemands
contrôlent les voies de passage du nord au sud, et s’emparent donc des cols des
Alpes, dans le Tyrol, au Brenner.
Les généraux italiens protestent, donnent parfois l’ordre d’ouvrir
le feu pour empêcher la progression allemande, mais les unités italiennes
laissent passer les divisions de la Wehrmacht.
Le 3 août, la division SS Leibstandarte Adolf Hitler
franchit le col du Brenner.
Mais, plus au sud, les Italiens ont barré les routes qui
conduisent au grand port de La Spezia où se trouve ancrée la flotte italienne, que
les avions anglais n’ont jamais
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