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1944-1945-Le triomphe de la liberte

1944-1945-Le triomphe de la liberte

Titel: 1944-1945-Le triomphe de la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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nazie sera vaincue.
    Il lui semble que lui seul peut servir d’intermédiaire entre
l’« uncle Joe » russe et Churchill si méfiant, si attaché à la grandeur
de l’Empire britannique.
     
    Roosevelt veut achever de bâtir l’Organisation des Nations
unies. Il a besoin des concessions de Staline qui revendique quinze sièges
occupés par… toutes les républiques de l’URSS ! Comme si elles étaient
indépendantes ! Il devra se contenter de trois – Russie, Ukraine,
Biélorussie.
    Il y a l’avenir de la Pologne, que Churchill tente
d’arracher aux griffes de l’Ours russe. Et il en va de même pour toute l’Europe
centrale et balkanique.
    Et il y a le destin de l’Allemagne qui sera occupée et
Churchill veut imposer la France comme l’une des Grandes Puissances occupantes.
Ni Roosevelt ni Staline ne veulent permettre à la France de faire partie à
nouveau des Grandes Puissances.
    Mais Churchill a confié à Roosevelt qu’il ne céderait pas
sur ce point : si les États-Unis retirent leurs troupes d’Europe –
comme Roosevelt l’a prévu –, il ne veut pas rester seul dans la cage avec
l’Ours russe.
     
    Roosevelt écoute Churchill avec lassitude.
    Ce n’est pas seulement l’effet de la maladie. Il se défie de
l’Angleterre et de la France, « ces vieilles puissances coloniales ».
Il a confiance en la Russie.
    « Staline va travailler avec moi pour un monde de
démocratie et de paix », dit-il.
    Il est prêt aux concessions, et Churchill est accablé quand
il apprend que le général Eisenhower a décidé d’arrêter ses troupes quand elles
auront atteint l’Elbe. Là, elles attendront les soldats de l’armée Rouge. Elles
ne progresseront que vers le sud, vers Leipzig et Dresde. Elles laisseront les
Russes livrer la bataille de Berlin et donc s’installer dans la capitale du
Reich, et remporter ainsi une immense victoire symbolique !
    « L’ensemble des Balkans, à l’exception de la Grèce, va
être bolchevisé, dit Churchill, et je ne peux rien faire pour l’empêcher. Les
Russes annexeront les régions orientales de la Pologne et celle-ci s’étendra à
l’ouest jusqu’à la rivière Neisse, au détriment de l’Allemagne. »
    Des millions d’Allemands seront chassés vers l’ouest !
    Il faut satisfaire Staline !
    À Yalta, Churchill et Roosevelt accepteront même
d’intensifier les attaques aériennes sur l’Allemagne.
    Et Dresde sera réduite en cendres les 13 et 14 février,
au lendemain de Yalta.
     
    Churchill lui-même s’est donc laissé entraîner à faire de
larges concessions à un Staline retors, bonhomme, lâchant ici pour mieux
retenir là. Et persuadé surtout que dès lors que l’armée Rouge occupe ces
nations, on peut tout promettre.
    « Le maréchal Staline et les dirigeants soviétiques désirent
vivre dans une amitié et une égalité honorables avec les démocraties
occidentales, pense Churchill. Je crois aussi qu’ils n’ont qu’une
parole. »
    Il lui suffira de quelques semaines pour découvrir que la
réalité est pire que ce qu’il a craint. Partout, les Russes et leurs affidés
régnent en maîtres.
    « Ici, écrit à Churchill un Yougoslave qui a été
ministre de Tito, ce n’est pas un État, c’est un abattoir. »
     
    Un mois après la fin de Yalta, le 13 mars 1945,
Churchill écrit à Roosevelt :
    « Je serai certainement obligé d’expliquer que nous
nous trouvons en présence d’un immense échec, d’un écroulement complet de tout
ce qu’il a été convenu à Yalta. »
     
    Churchill répète à Roosevelt – et à Eisenhower :
« Il me paraît hautement important de serrer la main aux Russes le plus à
l’est possible. » Mais il se heurte à la naïveté mêlée de froid réalisme
du président des États-Unis affaibli par la maladie et paraissant suivre les
discussions de l’autre rive du fleuve de la vie.
    « Un homme tellement gentil, mais si malade, si
malade », murmurent en pleurant les femmes de chambre qui servent le
président dans sa résidence de Yalta – le palais Livadia, en granit blanc,
que le tsar avait fait construire en 1911.
    Staline lui-même, après s’être rendu au chevet de Roosevelt,
dit, interrogeant Molotov du regard :
    « Pourquoi la nature l’a-t-elle ainsi puni ? Il
n’est pas pire que les autres hommes, n’est-ce pas ? »
    Chacun peut constater que Roosevelt, hors des discussions,
« ne paraît plus s’intéresser réellement au déroulement de

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